Netizen Report : au Nicaragua les manifestations entraînent le blocage de certains médias, des attaques DDoS et la mort du journaliste Angel Gahona

Manifestants dans les rues de Managua, la capitale du Nicaragua, avril 2018. Photo de Voice of America, licence Wikimedia Commons.

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Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Selon le Nicaraguan Center for Human Rights, au moins 34 personnes [ES], dont un journaliste, sont décédées lors des manifestations [FR] au Nicaragua la semaine dernière.

Les protestations contre les réformes de la sécurité sociale ont laissé place à l’indignation générale contre l’administration du président Daniel Ortega [FR], en fonction depuis 11 ans, mais détenteur de responsabilités politiques depuis la révolution sandiniste de 1979. Certains réclament désormais sa démission.

Plusieurs chaînes de télévision ont été retirées des ondes ou interdites de diffuser les manifestations et une station de radio a été incendiée [ES]. Les sites d’information locaux indépendants La Prensa et Confidencial [ES] ont subi ce qui semblait être des attaques par déni de service (DDoS). Tous deux couvraient les événements sur le terrain.

Le 23 avril, le site web de Confidencial n’était plus accessible [ES] pendant sept heures. Dans un tweet qui confirmait les attaques, l’éditeur Carlos Chamorro écrivait :

À NOS LECTEURS Depuis trois heures, le site web de Confidencial n’est plus accessible. Nous avons déterminé qu’il s’agit d’une attaque ciblée menée par des ennemis de la liberté de la presse. Notre équipe technique s’efforce de rétablir la connexion. Nous vous tiendrons informés sur les réseaux sociaux.

Sur son site, l’Association interaméricaine de presse a condamné les attaques.

Dans la ville nicaraguayenne de Bluefields, sur la côte sud des Caraïbes, le vidéojournaliste Angel Gahona a été tué par balle [ES] alors qu’il filmait et diffusait sur Facebook Live une confrontation entre des manifestants et des policiers. Il vivait avec sa famille et dirigeait un petit média appelé El Meridiano. Plusieurs témoins ont rapporté que, sur les lieux, seules les autorités disposaient d’armes assez puissantes pour tirer sur une personne et la tuer. La police n’a pas encore publié de déclaration concernant le décès.

Angel Gahona n’est pas mort immédiatement après l’impact. Il a donc réussi à capturer les instants qui ont suivi, visionnés dans le monde entier sur YouTube et sur les sites de différents médias. Dans une interview avec Univisión [ES], sa sœur a déclaré : « Jamais je n’aurais imaginé qu’il filme sa propre mort. »

L’Organisation des États américains [ES] et la Commission interaméricaine des droits de l’homme ont condamné le blocage des médias et l’assassinat d’Angel Gahona. Sur GoFundMe [ES], les membres de sa famille sollicitent un soutien financier pour les obsèques et pour faire face à l’avenir.

Activiste espagnol arrêté pour insultes contre la monarchie sur Facebook

Roberto Mesa, un activiste numérique de l’île espagnole de Tenerife, a été arrêté par la police à son domicile le 18 avril après avoir publié un message sur Facebook suggérant que les Bourbons, la famille royale, devraient être jetés aux requins : Los Borbones, a los tiburones. Les partisans s’attendent à ce qu’il soit inculpé en vertu de la loi espagnole sur la sécurité publique [FR], communément appelée « loi du bâillon » (Ley Mordaza), qui impose des interdictions multiples aux manifestations publiques et en ligne.

Attaque DDoS contre un site web tanzanien

La plateforme tanzanienne de partage d’informations et de discussion Jamii Forums a brièvement été bloquée cette semaine, à cause d’une attaque en déni de service. Connu pour ses discussions politiques animées et ses révélations d’affaires de corruption dans les fils de commentaires et de discussion, dans un style similaire à celui de Reddit, Jamii représente l’un des sites les plus populaires d’Afrique de l’Est. Son cofondateur et propriétaire, Maxence Melo, est actuellement poursuivi en vertu de la loi tanzanienne sur la cybercriminalité pour avoir refusé d’accéder aux requêtes de la police relatives aux données personnelles des membres du forum.

Les pressions des internautes protègent les contenus LGBT de la censure en Chine

Sur les réseaux sociaux, le mouvement #IamLGBT a fait pression sur l’appareil chinois de contrôle de l’information pour qu’il abandonne la censure des contenus LGBT en ligne. Après l’annonce par Weibo d’une répression de trois mois à l’encontre de jeux, de contenus multimédias et LGBT, le mot-clic #IamLGBT a été utilisé 500 000 fois et consulté environ 500 millions de fois. En quelques jours, la publication du Parti communiste chinois, le Quotidien du peuple, a diffusé un mémorandum annonçant que les contenus LGBT ne devaient pas être confondus avec du contenu vulgaire, violent ou pornographique, et Weibo a annoncé que le contenu LGBT ne serait plus sanctionné.

Russie : d’usine à trolls à agence de presse ?

Une usine à trolls liée à l’Internet Research Agency de Saint-Pétersbourg a annoncé son intention de lancer une nouvelle entreprise du nom de USA Really le mois prochain. Le projet, initialement signalé par EU vs Disinfo, adopte une position cohérente avec le discours anti-occidental et anti-libéral qui a marqué le travail effectué précédemment par l’Internet Research Agency, qui avait fait la une des médias du monde entier en 2016, avant et après l’élection présidentielle aux États-Unis. L’organisation RIA FAN, qui se décrit comme un « organisme de presse »,  a annoncé :

The information flow coming from the US and its allies, which is aimed at discrediting the Russian Federation, should not remain unanswered by the Russian media…The Federal News Agency (FAN) is not going to put up with the hegemony of the US authorities in the information field.

Le flux d’informations en provenance des États-Unis et de leurs alliés, qui vise à discréditer la Fédération de Russie, ne doit pas rester sans réponse de la part des médias russes… L’Agence fédérale d’information (FAN) ne va pas s’accommoder de l’hégémonie des autorités américaines dans le domaine de l’information.

YouTube supprime des millions de vidéos au contenu violent

YouTube a supprimé plus de 8,2 millions de vidéos entre octobre et décembre 2017, dont 6,68 millions ont été automatiquement signalées par des systèmes conçus pour identifier les images d’abus sexuels et d’extrémisme violent. L’entreprise a publié ces informations dans son dernier rapport de transparence. Il s’agit de la première fois qu’une grande entreprise de la Silicon Valley inclut un tel niveau de détails à propos des contenus supprimés d’une plateforme. A qui le tour ?

Facebook publie ses directives internes relatives à la modération de contenu

Facebook a pris des mesures pour rendre ses procédures de modération de contenu plus transparentes en publiant la plupart des directives internes que ses modérateurs suivent pour faire respecter les normes communautaires. La société a exclu les informations sur des questions comme le terrorisme afin d’éviter que des utilisateurs tirent profit de ces renseignements.

La société a également annoncé son intention [EN] de permettre aux utilisateurs de contester la suppression d’une photo, d’une vidéo ou d’un message en plus de la suppression d’un compte ou d’une page pour certaines catégories de contenu. À l’avenir, Facebook indique qu’il donnera aux gens l’occasion de fournir du contexte supplémentaire et leur permettra de réagir lorsque du contenu est signalé, mais pas supprimé.

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