Les études, envers et contre tout : cette jeune mère passant un examen dans les montagnes d'Afghanistan a ravi les réseaux sociaux

Image partagée sur Facebook par le professeur Yahya Erfan, largement diffusée par les médias du monde entier.

[Article d'origine publié le 4 avril 2018] Une image d'amour et de détermination. Mi-mars, une étudiante enveloppée d'un châle bleu a passé un examen sur le sol d'une salle de classe en plein air dans une province d'Afghanistan, un bébé couché sur ses genoux. Yahya Erfan, un professeur de l'université où se déroulait l'épreuve, a pris une photo de la scène, et l'a publiée sur son compte Facebook. Elle est rapidement devenue virale.

La jeune femme de la photo, Jahantab Ahmadi, 25 ans, était assise en tailleur, le visage penché sur sa copie d'examen, concentrée, pendant que son bébé de deux mois hurlait à cause d'une otite. Jahantab, qui a trois enfants, vient de Hoshto, un village reculé du district de Miramar dans la province afghane de Daikundi. Pour passer l'examen dans la capitale provinciale, Nilli, Jahantab a dû faire à pied deux heures de difficiles sentiers de montagne, puis passer encore neuf heures en autocar sur des pistes cahoteuses.

Sa photo est devenue une source d'inspiration pour les utilisateurs de médias sociaux dans un pays où ce sont souvent les annonces d'attentats sanglants qui font l'actualité.

Une photo source d'inspiration sur les médias sociaux : cette mère qui passe l'examen d'entrée universitaire tout en s'occupant de son enfant, dans la province de Daikundi. Rien n'arrête les femmes afghanes.

Dans vingt ans, cet enfant verra cette photo dans un meilleur Afghanistan (… où les guerres, les souffrances seront le passé, les photos comme celles-ci un rappel de la force de ceux et celles qui ont affronté tout cela)

Bien que venant d'une société conservatrice, où beaucoup d'hommes sont opposés à l'éducation des femmes, Jahantab a la chance de jouir du soutien et de l'admiration de sa famille. Son mari, Musa Mohammadi, qui vient d'une famille pauvre, est un pilier vital.

Peu après l'apparition de la photo sur les médias sociaux, le couple a eu de quoi fêter : Jahantab a réussi l'examen d'entrée à l'université, appelé le kankor, en obtenant 152 points sur 360.

Campagne sur GoFundMe

L'histoire de Jahantab lui a valu des offres d'aide financière à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Une organisation basée au Royaume-Uni, l'Afghan Youth Association, vient de lancer une campagne GoFundMe pour aider à payer ses frais d'inscription universitaires. Début avril, la campagne avait déjà levé plus de 14.000 dollars, une fortune dans un pays où 39 % de la population vit dans la pauvreté.

Grâce à cette campagne et à d'autres financements, Jahantab est maintenant inscrite dans une université privée de Kaboul où elle étudie l'économie. La militante sociale afghane Zahara Yagana a eu un rôle moteur essentiel pour orienter l'aide vers la cause de Jahantab. Elle publie des nouvelles des progrès de la jeune étudiante.

Les efforts pour l'éducation féminine fléchissent

Malgré les milliards de dollars déversés dans l'enseignement par les donateurs internationaux, l'analphabétisme, surtout des filles et femmes, reste un problème difficile à résoudre dans l'ère post-talibans.

Une étude menée en 2017 par l'organisme central de Statistiques révèle que 84 % des femmes afghanes sont illettrées, et que 2 % seulement des femmes ont accès à l'enseignement supérieur, un chiffre qui rétrécit à pratiquement zéro si l'on ôte de l'équation les principales villes du pays. Un rapport de 2017 de Human Rights Watch traçant le déclin de l'éducation des filles dans le pays, affirmait que “On estime que deux tiers des fillettes afghanes ne sont pas scolarisées”.

HRW a aussi trouvé que les actions du gouvernement afghan et de ses partenaires internationaux ont “significativement fléchi” dans les dernières années, à mesure que diminue l'importance stratégique et militaire du pays pour l'Occident.

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