Chili : “Indigène”, un mot imposé et aseptisé

Le projet Histoires recadrées [en] demande à ses participants de réagir aux thèmes dominant la couverture médiatique les concernant. Ces articles se concentrent sur les réflexions de personnes plus souvent représentées dans les médias par d'autres qu’elles-mêmes. La génération de nuages de mots sur la plate-forme de Media Cloud [en], qui effectue des recherches dans des collections de médias d'une région donnée du monde, peut donner un aperçu aux participants de leur représentation dans les médias et une occasion d'analyser celle-ci. Ce projet s'abstient de porter une quelconque conclusion sur les données, mais au contraire, fournit le point de départ d'une discussion sur la forme qu'ils peuvent donner à leur propre représentation dans les médias numériques.

Martín Quintana Elgueta est enseignant-chercheur hispanophone au Département de l'éducation de l'université Los Lagos [es] d'Osorno, au Chili. Ce qui suit est une transcription de la vidéo de son analyse du nuage de mots basé sur le mot “indígena” [indigène ou autochtone, NdT].

Mots dominants dans les 2.957 articles publiés entre mai 2017 et mai 2018 mentionnant “indígena” [indigène ou autochtone, NdT] parmi deux collections de Media Cloud d'organes de presse chiliens en langue espagnole. (voir l'image en grand)

Llama la atención aquí en esta nube la asepsia de la palabra ‘indígena’ con respecto a otras palabras que también hemos indagado, como por ejemplo la palabra ‘mapuche.”

Aquí la palabra indígena aparece asociada fundamentalmente a conceptos institucionales, a conceptos vinculados a la participación, la democracia, y algunas estructuras de gobierno, pero de alguna manera, desatendida de su condición más propia. Así, la palabra ‘indígena’ de aquí, resulta más bien como una palabra impuesta, una palabra reconocida como externa y curiosamente desprovista también de otras  señales de tensión, de crisis, y de violencia, que sí aparece en otras palabras, como ‘mapuche’. Creo que eso demuestra de alguna manera también lo externo de la palabra ‘indígena’ en la cosmogonía y cosmovisión mapuche, y de alguna manera también le otorga una impronta de institucionalidad aprendida.

L'asepsie du mot “indigène” attire ici l'attention en relation avec certains autres termes que nous avons aussi recherchés, tels que “mapuche”.

Ici, “indigène” apparaît essentiellement associé à des concepts institutionnels, relatifs à la participation, à la démocratie et à certaines structures gouvernementales, mais il est en quelque sorte déconnecté de sa propre condition. Ainsi, “indigène” ici se retrouve plutôt comme un terme imposé, un terme reconnu comme externe et aussi, curieusement dépourvu d'autres signes de tension, de crise et de violence qui, eux, apparaissent en relation avec d'autres mots, comme “mapuche”. Je pense que, d'une certaine façon, ceci montre aussi la signification externe de “indigène” dans la cosmogonie et la vision du monde mapuches, et donne à ce mot une empreinte de constitutionnalité apprise.

Cet article de la série Rising Frames est issu d'un atelier animé par Fernando Carías le 26 mai 2018 à Osorno, au Chili, qui a rassemblé des représentants de différents collectifs et groupes pour examiner la façon dont eux-mêmes, ou des questions qui leur tiennent à cœur, sont représentés dans les médias chiliens et pour réagir en créant leurs récits.

Mónica Bonilla et Belén Febres-Cordero ont aidé à la transcription de cette vidéo et sa traduction en anglais. Celle-ci a été éditée et raccourcie pour plus de clarté.

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