Shujaat Bukhari, le rédacteur en chef cachemiri de Rising Kashmir a été abattu

Shujaat Bukhari, journaliste/écrivain basé à Srinagar et rédacteur en chef de Rising Kashmir. Image issue du compte Twitter de Shujaat Bukhari

[Article d'origine publié le 15 juin 2018] Shujaat Bukhari, le rédacteur en chef du célèbre quotidien anglophone cachemiri Rising Kashmir, a été tué par balles à Srinagar, la capitale d'été du Jammu-et-Cachemire [État du Nord de l’Inde], provoquant des ondes de choc dans toute la région.

Sa voiture a été entourée par un groupe de terroristes présumés qui ont ouvert le feu sur lui et son personnel de sécurité. Deux gardes du corps sont morts à l'hôpital des suites de leurs blessures.

Un collègue de Bukhari a déclaré qu'il venait juste de sortir de son bureau après avoir terminé sa journée de travail et qu'il allait rompre son jeûne quand l'attaque a eu lieu.

(Attention : images explicites dans les tweets ci-dessous.)

Le journaliste Shujaat Bukhari a été attaqué près de Press Colony à Sringar. Son garde du corps est également gravement blessé.

Après l'attentat contre Shujaat Bukhari, il est évident que personne n'est en sécurité au Cachemire. L'incident s'est déroulé au cœur de la ville sur Lal Chowk. Shujaat Bukhari quittait probablement son bureau lorsqu'il a été abattu par des terroristes. Celui qui a fait cela doit être parmi ses collaborateurs.

Pas un seul jour ne passe sans que du sang ne soit versé au Cachemire. Parcourez les écrits de Shujaat Bukhari pour déterminer qui a pu en avoir après sa vie. Tout est incertain. On peut être tué n'importe où et n'importe quand.

Bukhari était l'une des rares voix cachemiries modérées et courageusesqui défendaient le dialogue entre l'Inde et le Pakistan afin de résoudre le conflit du Cachemire.

Lire aussi : Dossier Cachemire : Le peuple contre l’État Indien

Les manifestations pour l'indépendance («azadi») et l'autonomie dans la vallée du Cachemire se poursuivent activement depuis 1989. Depuis lors, le Jammu-et-Cachemire est soumis à une présence  militaire constante et à des lois telles que la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées et la loi sur la sécurité publique, donnant aux forces armées de larges pouvoirs. Le gouvernement Indien a officiellement déclaré que tout le Jammu-et-Cachemire faisait partie intégrante de l'Inde.

Un policier indien se tient près d'une allée du quartier résidentiel de Srinagar, la capitale d'été du Cachemire Indien. Photo issue d'un compte Instagram.

Bukhari a travaillé pour plusieurs publications nationales et internationales de premier plan et a écrit des articles percutants, sans jamais hésiter à prendre une position impopulaire. Il a été correspondant spécial du journal The Hindu de 1997 à 2012 et a continué à écrire pour le magazine Frontline.

Le Press Club de l'Inde a exprimé son choc et sa consternation en tweetant cette déclaration :

“La Guilde des rédacteurs en chef de l'Inde condamne sans équivoque l'assassinat de Shujaat Bukhari, rédacteur en chef de Rising Kashmir. C'est une grave attaque contre la liberté de la presse et l'opinion démocratique. Nous publierons bientôt une déclaration plus détaillée.

Les condoléances se sont déversées à travers les réseaux sociaux.

Siddharth Varadarajan, rédacteur en chef du portail d'informations Wire, a tweeté :

Shujaat Bukhari et moi étions collègues au journal The Hindu. Il était un journaliste formidable et, en tant que rédacteur en chef de Rising Kashmir, une voix puissante pour la fraternité médiatique assiégée, une véritable voix de raison et de sagesse. Aucun mot de condamnation ne saurait être suffisant pour les ordures qui l'ont assassiné.

Marvi Sirmed, un membre du Conseil exécutif de la Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP) et correspondant spécial pour le Daily Times Pakistan, a tweeté :

Shujaat Bukhari était une voix de la raison au Cachemire. Un brillant journaliste qui n'a jamais flatté les extrêmes. Il a fait son travail honorablement jusqu'à son dernier souffle et a payé le prix de sa droiture. D’avoir objectivement rapporté les violations des droits de l'Homme par les forces et extrémistes indiens au Cachemire.

Ce n'était pas la première fois que Bukhari était visé. Le 8 juillet 1996, un groupe terroriste a enlevé 19 journalistes locaux dans le district d'Anantnag et les a gardés en otages pendant au moins sept heures. Bukhari était parmi ceux qui ont été enlevés. Il a également été placé sous protection policière après avoir été agressé en 2000.

La politicienne étudiante Shehla Rashid a tweeté :

“Même dans un endroit insensé comme le Cachemire, l'assassinat de M. Shujaat Bukhari n'a pas de sens. Tout le monde dans ce pays se pose une seule question: “Pourquoi quelqu'un le voudrait-il mort?”.

Sauf le gouvernement qui semble avoir tiré une conclusion

Requête urgente faite à @MehboobaMufti pour mener les investigations.

Omar Abdullah, l’ancien ministre en chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire Indien a tweeté :

Il faut continuer. Comme Shujaat l'aurait voulu. C'est le numéro d'aujourd'hui de @RisingKashmir. Le fait que les collègues de Shujaat aient réussi à publier son article malgré leur chagrin insurmontable, est le témoignage de leur professionnalisme et l'hommage le plus approprié qu'ils pouvaient rendre à leur défunt patron.

Selon Reporters Sans Frontières, Shujaat Bukhari avait échappé à une tentative d'assassinat par des hommes armés en juin 2006. Shujaat Bukhari avait déclaré à Reporters Sans Frontières, “Il est pratiquement impossible de savoir qui sont nos ennemis et qui sont nos amis.”

Malgré cela, les armes n'avaient pas réussi à lui faire lâcher la plume.

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