- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Q'eswachaka, le pont qui resserre les liens entre les communautés

Catégories: Amérique latine, Pérou, Arts et Culture, Histoire, Médias citoyens

Crédit photo Rutahsa Adventures www.rutahsa.com – sur Wikipédia [1] (CC BY-SA 1.0) reproduite [2] avec la permission de Leonard G.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en espagnol.

Durant leur règne au Pérou, les Incas ont mis en place un vaste réseau de chemins et de ponts [3] qui couvrait l'ensemble de l'immense territoire [fr] [4] de leur empire (aussi appelé Tahuantinsuyu [fr] [5]. De tous les ponts suspendus qui existaient à cette époque, il n'en subsiste qu'un, le Q’eswachaka [fr] [6] ou Queshuachaca (textuellement, “pont de corde” en quechua [fr] [7]), qui enjambe les gorges de la rivière Apurímac [fr] [8], dans la province de Canas, département du Cuzco [9], au sud du pays.

Le Q'eswachaka est fait en ichu [fr] [10] (une fibre végétale qui abonde sur l'Altiplano andin), grâce à des techniques anciennes qui se perpétuent encore aujourd'hui [3], avec ses rituels et son système de travail communautaire traditionnels, et ce depuis plus de 500 ans.

Dernier pont inca

Chaque année au mois de juin, les communautés paysannes de Huinchiri, Chaupibanda, Choccayhua et Ccollana Quehuele se rassemblent [fr] [15] en une longue célébration de cérémonies rituelles pour rénover le pont à l'aide de matières premières et de techniques traditionnelles qui datent de l'époque des Incas :

[que] consideran que este trabajo en común no es solamente un medio para mantener en buen estado una vía de comunicación, sino que es también una forma de estrechar los lazos sociales que existen entre ellas. El puente se considera un símbolo sagrado del vínculo que une a las comunidades con la naturaleza y con su historia y tradiciones […].

[Elles] considèrent que ce travail collectif n'est pas seulement un moyen d'entretenir un chemin d'accès, mais bien une façon de renforcer leurs liens sociaux. Le pont est considéré comme un symbole sacré du lien qui unit les communautés à la nature, à leur histoire et à leur traditions […]

La restauration d'un pont et le renouveau d'une tradition

Le rite de la restauration dure trois jours [16], avec des activités bien définies [17] pour chaque journée.

Le premier jour [17] commence par une offrande à l’apu protecteur [18]. Les matériaux ont été récoltés à l'avance. L'après-midi, les hommes des communautés se divisent en deux groupes qui se rassemblent à chaque extrémité du pont. Ils tendent des cordelettes d'un bord à l'autre, que le chakaruhac (ingénieur inca) tresse pour former un gros câble.

Le jour suivant [17], on détache les vieilles cordes de leurs socles de pierre pour pouvoir y accrocher les nouvelles cordes tressées une fois terminées. Lorsque les cordes sont tressées et les câbles attachés, on place les quatre grosses cordes qui vont servir d'ossature et les deux rambardes ou mains-courantes.

Le dernier jour [17], on fixe les mains-courantes à la structure du pont pour faciliter la traversée. Le pont est inauguré au rythme de la musique et des danses traditionnelles de la région.

Traversée du #Queshuachaca [11], le dernier pont inca du  #Perou [19].

Un utilisateur a publié sur Twitter une vidéo qui montre comment le pont est tressé chaque année :

Le pont suspendu Q'eswachaka est restauré depuis des siècles encore et encore. Une beauté incaïque qui pourrait nous inspirer pour atteindre collectivement #elpuentequefalta [23]. https://t.co/h8aJDuxQI3 [24]

En 2013, les connaissances, savoir-faire et rituels liés à la rénovation annuelle du pont Q’eswachaka ont été inscrits [fr] [15] sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'Unesco.

On peut aussi voir des photos de gens qui traversent le pont sur Instagram :

#cuzco #Q’eswachaka en construcción. [26]

Partage de Kenneth Figuerola Duthurburu [27] (@kenneth_figuerola) le 

Q’eswachaka en construction

#cuzco #Q’eswachaka… ahora toca cruzar. [28]

Partage de Kenneth Figuerola Duthurburu [27] (@kenneth_figuerola) le 

Q’eswachaka… maintenant il faut traverser.