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Que s'est-il passé en matière de droits numériques depuis 7 ans? La réponse au fil des 300 numéros du Netizen Report !

Catégories: Bahreïn, Bangladesh, Cuba, Egypte, Ethiopie, France, Hongrie, Maroc, Mexique, Pakistan, Syrie, Tanzanie, Turquie, Ukraine, Venezuela, Cyber-activisme, Droits humains, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie, Advox

Manifestations à Budapest en octobre 2014. Photo Marietta Le, reproduite avec son accord.

Le Netizen Report de Global VoicesAdvox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Pour célébrer la publication de sa 300e édition, nous vous proposons cette semaine de revenir sur sept années de veille internationale en matière de libertés numériques.

Lorsque nous avons lancé le Netizen Report, en 2011, il s’agissait de commencer à recenser, à travers le monde et de manière hebdomadaire, les différentes façons d'exercer son droit à la liberté d’expression grâce à la technologie, ainsi que les obstacles et menaces rencontrés par ceux qui s'y attelaient.

Nous avons relayé les prolongements en termes de droits numériques de mouvements sociaux [1] [tous les liens sont en anglais ou en français] depuis Hong Kong [2] jusqu’au Venezuela [3], en passant par l’Ukraine [4], les attaques à l’encontre de l’activisme numérique depuis Cuba [5] jusqu'à la Tanzanie [6], en passant par Bahrheïn [7], ainsi que les lois relatives à l’Internet édictées dans plus de 100 pays répartis sur tous les continents.

Le terme Netizen n’est pas seulement un mot valise judicieux

Le mot Netizen a été employé pour la première fois [8] en Chine, où les membres des communautés en ligne ont commencé à s’identifier en tant que wǎngmín (网民, soit littéralement “citoyen du Net”) et wǎngyǒu (网友, qui signifie “ami du Net”).

Derrière ce jeu de mot des plus astucieux, ces communautés ont bâti des espaces où les gens pouvaient prendre la parole, critiquer et débattre d'une manière jusqu’alors non tolérée dans la société chinoise. A l’international, les Netizens se définissent comme des citoyens actifs sur Internet, alors qu'ils ne peuvent l’être que très peu dans la vraie vie.

Dans des pays comme l’Éthiopie [9], le Maroc [10] ou la Syrie [11], notre équipe a suivi les procès et fait état des peines d’emprisonnement de blogueurs et de militants en ligne, dont le travail a été à la source de changements à grande échelle pour leurs communautés et a déclenché des mesures juridiques de rétorsion sur le long terme de la part de leurs gouvernements.

Nous n'écrivons pas sur les principes des droits numériques, ni ne tentons de les théoriser, mais sur leur interaction avec la vie des gens. Semaine après semaine, le travail mené par notre équipe de bénévoles permet de montrer combien l’expression en ligne est devenue une formidable force au sein de la vie publique et comment elle a accru le pouvoir des communautés et des mouvements politiques face à celui des états et d'autres acteurs puissants.

Au fil du temps, nos rapports ont montré comment un événement de grande ampleur – une catastrophe écologique, une crise de réfugiés, une attaque violente – peut déclencher une vague de réactions telle que les droits numériques se retrouvent à chaque fois menacés à travers le monde. Et nous avons suivi de près cette tendance mondiale, qui touche tant de gens sans pour autant faire toujours les gros titres, à tenter de réprimer par des moyens légaux la liberté d’expression.

Voici quelques-unes de nos éditions préférées du Netizen Report, témoignant de l'étendue et de l’intensité du travail conduit depuis 2011.

Travailler dans l’intérêt public devient de plus en plus risqué [12]

Les droits d'une personne énonçant des vérités face au pouvoir sont au cœur de l’action de plaidoyer menée par Global Voices. Semaine après semaine, nous avons relevé les menaces à l’encontre de la liberté d’expression, allant de l’arrestation des dix militants d’Istanbul [13] (#Istanbul10), en Turquie, au procès intenté au collectif de blogueurs éthiopiens de Zone 9 [14], en passant par les attaques menées des années durant contre les blogueurs agissant au Bangladesh [15].

Au Bangladesh, des manifestants réclament la peine de mort à l’encontre des criminels de guerre, 2013. Photo Mehdi Hasan Khan / Wikimedia (CC BY-SA 3.0)

Les effets effrayants de l’après-Charlie : la censure au nom de la sécurité nationale [16]

L’attentat contre Charlie Hebdo, à Paris, a déclenché un vif débat [16] autour de l’importance de la liberté d’expression et conduit plusieurs gouvernements, européens ou non, à restreindre la liberté de parole et à étendre leurs dispositifs de surveillance [17]. Ce n’est que l’un des nombreux exemples de la manière dont les gouvernements ont invoqué la menace de la violence extrémiste pour justifier le frein mis à la liberté d’expression et à d’autres droits fondamentaux – un thème récurrent du Netizen Report.

Photo prise lors d’une manifestation à Paris. © DR

En situation d’« état d’urgence », les citoyens peinent à se connecter à l'Internet régulièrement coupé [18]

Dans de nombreux pays, les bouleversements politiques et les manifestations publiques ont conduit à la mise en place d’un « état d’urgence » et, par voie de conséquence, à la suspension de beaucoup de droits fondamentaux comme à des coupures récurrentes de l’accès à Internet. Citons plus particulièrement ici les cas de l’Éthiopie [19] et du Venezuela [20], deux pays parmi tant d’autres ayant subi des fermetures de l’accès à Internet. Nous avons également relayé des faits similaires, touchant l’Internet ou/et les réseaux sociaux en Chine [21], en Syrie, au Pakistan [22], au Cameroun [23], en Iran [24], au Togo [25], en Inde [21], en Irak [26], en Égypte [27], au Gabon [28], en République Démocratique du Congo [29], en Somalie [30] et au Soudan [31].

Lors d’une manifestation au Venezuela, en 2014, une étudiante s’adresse aux forces de la Garde nationale. Photo Jamez42 / Wikimedia Commons (CC0)

Vous pouvez encrypter, mais nous pouvons espionner : l’affaire du piratage de Hacking Team [32]

La divulgation de nombreux documents internes appartenant à Hacking Team, entreprise italienne spécialisée dans les outils de surveillance informatique, a révélé que différents gouvernements espionnaient des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des opposants politiques – ce qui a confirmé des années de soupçons allant dans ce sens et prouvé le recours ciblé à des logiciels malveillants que nous avions étayés au fil du Netizen Report. Notre communauté a rendu compte des conséquences de ces événements au Bahreïn [33], en Equateur [34], en Égypte [33], au Liban [35], au Mexique [36] et en Serbie [37].

Dessin signé Doaa Eladl via Flickr / Web We Want ( CC BY-SA 2.0)

Des activistes demandent des réponses de la part de Facebook [38]

En tant que communauté de rédacteurs et de militants, nous avons dû faire face à de la censure, du harcèlement et à des menaces directes [39] du fait de notre activisme sur Facebook, ce depuis les tout débuts de la plateforme. Les archives du Netizen Report regorgent d’exemples de discrimination et de harcèlement de la part de la plateforme, soulignent la minutie des recherches menées au sujet de Free Basics [40] (projet de Facebook destiné à créer une « rampe d’accès » à Internet pour les habitants de pays en développement) et témoignent du tollé ayant émané des activistes [38] du monde entier, demandant des comptes à Facebook suite aux révélations dans l’affaire Cambridge Analytica.

Un manifestant devant le Centre des étudiants de l’Université de Dacca, au Bangladesh. Sur sa pancarte, est écrit : « Combien d’excuses encore ? Libérez Viber, Messenger, WhatsApp et Facebook MAINTENANT. » Photo Zaid Islam., reproduite avec son accord.

Grâce à une équipe en constant développement de rédacteurs, chercheurs, militants et experts en droits humains, originaires de 41 pays (voir la liste ci-dessous), et à l’indéfectible soutien des éditeurs de Global Voices, nous avons publié 300 numéros du Netizen Report depuis 2011.

Rejoignez-nous sur Twitter pour porter un toast virtuel à ces efforts conjugués. Et aux années à venir qui nous verront continuer à écrire l’histoire mondiale des droits humains et de l’Internet !

Sincèrement vôtre,

L’équipe du Netizen Report

Abir Ghattas, Afef Abrougui, Alex Laverty, Alexey Kovalev, Amira Al Hussaini, Angel Carrión, Arzu Geybullayeva, Asteris Masouras, Bojan Perkov, Corey Abramson, Diego Casaes, Dragan Kucirov, Elaine Díaz, Elizabeth Rivera, Ellery Roberts Biddle, Endalk Chala, Filip Stojanovski, Firuzeh Shokooh Valle, Georgia Popplewell, Hae-in Lim, Hisham Almiraat, Inji Pennu, Ivan Sigal, J. Tadeo, James Losey, Janine Mendes-Franco, Jessica Dheere, Jillian York, Joey Ayoub, Juan Arellano, Juke Carolina, Karolle Rabarison, Kevin Rothrock, Kofi Yeboah, L. Finch, Laura Vidal, Leila Nachawati, Lisa Ferguson, Lova Rakotomalala, Don Le, Marietta Le, Mahsa Alimardani, Marianne Díaz, Mohamad Najem, Mohamed ElGohary, Mong Palatino, Nevin Thompson, Nwachukwu Egbunike, Oiwan Lam, Pauline Ratze, Rayna St, Rebecca MacKinnon, Renata Avila, Rezwan, Rohith Jyothish, Sadaf Khan, Sahar Habib Ghazi, Salma Essam, Sarah Myers West, Silvia Viñas, Solana Larsen, Suzanne Lehn, Taisa Sganzerla, Talal Raza, Tanya Lokot, Tetyana Bohdanova, Tom Risen, Torie Bosch, Weiping Li et Yuqi Chen ont chacun contribué à un ou plusieurs Netizen Report(s) depuis 2011.

Les contributeurs du Netizen Report sont originaires d’Azerbaïdjan, de Bahreïn, du Bangladesh, du Brésil, de Bulgarie, de Chine, d’Égypte, d‘Éthiopie, de France, du Ghana, de Grèce, du Guatemala, de Hong Kong, de Hongrie, d’Inde, d’Indonésie, du Japon, d’Iran, du Kenya, du Liban, de Macédoine, de Madagascar, du Mexique, du Maroc, du Nigeria, du Pakistan, du Pérou, des Philippines, du Porto Rico, de Russie, de Serbie, de Corée du Sud, d’Espagne, de Suisse, de Syrie, de Tunisie, de Turquie, d’Ukraine, des États-Unis, du Venezuela et du Vietnam.

 

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