Portrait : Il transmet sa passion pour la permaculture au Suriname

Groupe d'amateurs de permaculture à l’œuvre à Kampong Baroe, au Suriname. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

Ces trois dernières années, Alex Yakaumo a utilisé ses connaissances en permaculture [fr] pour éduquer le public sur la nature du Suriname.

Les produits chimiques sont couramment utilisés dans le secteur agricole du pays. Pourtant, selon une étude de 2012 de l'International Institute for Sustainability [Institut international pour le développement durable, NdT], des opportunités existent pour que l'agriculture durable s'y développe. Plusieurs barrières devront cependant être surmontées, comme le manque de formation.

M. Yakaumo veut changer la donne. Après avoir obtenu son Certificat de design en permaculture du Caribbean Permaculture Research Institute of Barbados [Institut de recherche antillais de la permaculture de la Barbade, NdT], il a décidé de consacrer son temps à donner des cours sur les écosystèmes agricoles autonomes et à organiser des ateliers à Commewijne, où il vit.

Située sur la rive droite du fleuve Suriname et proche de la côte Atlantique, sa commune travaille maintenant avec d'autres organisations de même sensibilité dans les terres ainsi qu'avec des tribus villageoises. M. Yakaumo explique qu'il ne force jamais les gens à apprendre le style de vie de la permaculture. Il attend plutôt qu'ils soient prêts à en recevoir les principes et commence alors sa formation.

“C'est quelque chose qui doit venir des gens parce que c'est pour les gens”, affirme-t-il. “Alors je ne vais rien forcer, j'offre simplement cette occasion et si les gens sont prêts, ils peuvent participer.”

L'auto-suffisance et l'élimination de l'exposition des personnes et de la terre aux produits chimiques dangereux font partie des plus grands bénéfices que les gens récoltent de la pratique de la permaculture.

Le public peut trouver des nouvelles et entrer en contact s'ils veulent participer à une leçon ou à un atelier via la page Facebook d'Alex Yakaumo Permacultuur in Commewijne.

Il a parlé de son travail avec Global Voices.

Alex Yakaumo. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

Global Voices (GV) : Pouvez-vous nous expliquer les avantages de la permaculture et des raisons pour lesquelles vous vous y êtes intéressé ?

Alex Yakaumo (AY): I came to Suriname in 2011 to live self-sustainably. Before that, I lived in Holland, but I travelled for a few years, in India mostly, and I really got the taste of being free — just self-supporting — and when I came to Suriname, I eventually started looking for ways to grow [food] in a sustainable way, and this is how I came across permaculture. I started to look for courses, and the second course was just starting in Barbados at the Caribbean Permaculture Research Institute. So, I was quite lucky.

To me, permaculture is bringing the different components of nature together in such a way that they enhance each other for the benefit of all beings.

Alex Yakaumo (AY) : Je suis arrivé au Suriname en 2011 pour y vivre de façon autonome. Avant ça, j'avais vécu en Hollande mais j'ai voyagé pendant quelques années, surtout en Inde. J'ai goûté au plaisir d’être libre – simplement auto-suffisant – et quand je suis arrivé au Suriname, j'ai fini par chercher un moyen de cultiver durablement et c'est ainsi que je suis tombé sur la permaculture. J'ai commencé à chercher des cours, et le second commençait tout juste à la Barbade au Caribbean Permaculture Research Institute. Donc j'ai vraiment eu de la chance.

Pour moi, la permaculture connecte les différentes composantes de la nature d'une telle façon qu'elles s'améliorent mutuellement et au profit de tous les êtres.

Alex Yakaumo avec des membres de la communauté de Commewijne pendant un atelier. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne..

GV : Sur quels aspects vous concentrez-vous dans vos formations ?

AY: I'm focusing now on teaching people how to grow without [using] synthetic products. It's the starting point — because most people in Suriname only know how to use chemicals — chemical fertilisers and herbicides are so ingrained in the system. My first aim is really to get people to understand the purpose of the soil itself, so they can start to appreciate the benefit of healthy soil and stop spraying.

AY : En ce moment, je me concentre à apprendre aux gens comment cultiver sans utiliser de produits synthétiques. C'est le point de départ, parce que la plupart des gens au Suriname ne savent qu'utiliser des produits chimiques, et ces engrais et herbicides chimiques sont profondément enracinés dans le système. Mon premier objectif est vraiment de faire comprendre aux gens l'objet du sol lui-même, pour qu'ils puissent se rendre compte des avantages d'un sol sain et qu'ils arrêtent de traiter [leurs cultures].

Des écoliers apprennent les principes de la permaculture dans l'un des jardins d'école avec lequel Alex Yakaumo travaille. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

GV : Combien de gens avez-vous fait participer ?

AY: Up to 1,000 people now. For the last two months I’ve been busy every weekend, training teachers. I'm also doing school garden projects with two organisations. There's a big interest in permaculture here, because most people know that all the vegetables are being sprayed [with chemicals] and they really want to learn an alternative method, but nobody is sharing this knowledge. You just have to know the dynamics of nature, so we can let nature do the work for us instead of fighting against it. For such a small population [in the area], most of the time my lectures are full. Most of the time, a lot of people come because they are so interested in learning how to grow.

AY : Environ 1.000 jusqu'ici. Ces deux derniers mois j'ai été occupé tous les week-ends à former des enseignants. Je participe aussi à deux projets de jardins d'école avec deux organisations. Il y a beaucoup d’intérêt pour la permaculture ici, parce que la plupart des gens savent que tous les légumes sont traités [avec des produits chimiques] et qu'ils veulent vraiment apprendre une méthode alternative, mais que personne ne partage ce savoir. Vous avez seulement besoin de connaître la dynamique de la nature de façon à laisser la nature travailler pour vous au lieu de la combattre. Pour une si petite population [dans cette région], mes cours sont complets la plupart du temps. Beaucoup de gens viennent également parce qu'ils sont veulent apprendre à cultiver.

Alex Yakaumo donne une formation sur la permaculture au Suriname. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

GV : Quelle est votre approche de l'enseignement de la permaculture ?

Une femme arrose des pousses sur lit surélevé construit avec des ressources locales et selon les principes de la permaculture. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

AY: I do it in two ways. I do a lecture, and based on the lecture, they have the opportunity to do a workshop. In the lecture, I am sharing an introduction about just one part of permaculture, which I call ecological gardening. That's the biggest interest now for people: how to grow their own vegetables. In my talk, I stress the importance of taking care of the earth, and explore the different dynamics of Mother Nature in a very basic way.

I explain what soil is and talk about its importance. Then, I show them the pictures from my own garden — including composting — so they see what is possible. I talk about fertilisers; I talk about different herbicides and pesticides, and then I invite them to join the workshops so they can learn — the easy way — to set up their own garden, all with local resources, like branches, stems, and leaves.

It's not so technical; it's really about giving people the experience, so they can relate to the concept a lot better.

It's just opening people's eyes to what they already have — most of them have seen this already, but they couldn't connect the dots. I think permaculture really speaks to people. Still, I'm always surprised at the amount of people who come to the lectures.

AY : Je le fais de deux façons. Je donne un cours, puis, sur la base de celui-ci, les gens ont l'occasion de participer à un atelier. Mon cours est une introduction à l'un des aspects de la permaculture, que j'appelle le jardinage écologique. C'est l’intérêt majeur des gens en ce moment : comment cultiver leurs propres légumes. Dans mon cours, je mets l'accent sur l'importance de prendre soin de la terre et d'explorer les différentes dynamiques de Mère Nature d'une façon très basique.

J'explique ce qu'est le sol et son importance. Ensuite, je leur montre des photographies de mon propre jardin, en incluant le compost, pour qu'ils voient ce qui est possible. Je parle des engrais, des différents herbicides et pesticides, et je les invite à participer à un atelier pour qu'ils puissent apprendre facilement à établir leur propre jardin rien qu'avec des ressources locales comme des branches, des tiges et des feuilles.

Ce n'est pas si technique. C'est plus pour que les gens apprennent par l'expérience, pour qu'ils puissent mieux comprendre le concept.

Il s'agit d'ouvrir les yeux des gens quant à ce qu'ils ont déjà : la plupart d'entre eux ont déjà vu cela, mais ils n'ont pas fait les rapprochements. Je pense que la permaculture parle vraiment aux gens. Mais quand même, je suis toujours surpris du nombre de personnes qui viennent aux cours.

GV : Quel est l'aspect de votre travail le plus gratifiant ?

AY: I enjoy seeing the pictures people share with me of their own gardens. I especially like to see when the children in the community are learning to grow plants in this way. Then is when I really feel the satisfaction that comes from doing all this work.

AY : J'aime voir les photos que les gens me montrent de leur propre jardin. J'aime tout spécialement voir que les enfants de la communauté apprennent à cultiver des plantes de cette façon. C'est la que je ressens vraiment la satisfaction de faire tout ce travail.

GV : Utilisez-vous les médias sociaux pour sensibiliser les gens ou augmenter leur participation ?

AY: Facebook is the most used social media platform over here. I'm not a big fan of it, but in this case it's the best way to reach people. I'm looking for help from social media professionals who like to do this sort of posting, so I can just oversee what's happening.

AY : Facebook est la plate-forme de médias sociaux la plus utilisée ici. Je n'en suis pas un grand fan, mais dans ce cas, c'est la meilleure façon d'atteindre les gens. Je recherche de l'aide de professionnels des médias sociaux qui aiment faire ce genre de publications, de facon que je puisse simplement superviser ce qui se passe.

Ces jeunes garcons ont dans les mains des légumes cultivés selon les principes de la permaculture [la pancarte indique “Le jardin de l'école”, NdT]. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

L'un des bienfaits les plus importants de la permaculture est qu'elle encourage à tisser des liens communautaires. Photographie fournie avec l'aimable autorisation de Permacultuur in Commewijne.

GV : Quels sont vos objectifs pour le futur ?

AY: I am looking to set up an organisation called Wholesome Living. Wholesome Living consists of five pillars: care of the mind, physical exercise, knowledge of food, permaculture or living in harmony with nature, and contributing to society in a beneficial way. This is my way of life.

AY : Je veux monter une organisation appelée Wholesome Living [Vie saine, NdT]. Wholesome Living est constitué de cinq piliers : le soin de l'esprit, l'exercice physique, la connaissance de la nourriture, la permaculture ou la vie en harmonie avec la nature, et la contribution positive à la société. C'est mon mode de vie.

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