Les citoyens des Maldives, un archipel de l'Océan indien, se sont rendus aux urnes le dimanche 23 septembre 2018 à l'occasion des élections présidentielles dans un contexte politique troublé.
Le titulaire Abdulla Yameen Abdul Gayoom [fr], du Parti progressiste des Maldives [fr] (PPM), s'est présenté contre le candidat de l'opposition Ibrahim Mohamed Solih [fr], du Parti démocrate maldivien [fr] (MDP). Sous la présidence de M. Yameen l'archipel a subi une série de crises politiques qui a rendu les citoyens avides de changement.
M. Solih, lui, est député depuis 1994 et a joué un rôle instrumental dans l'établissement d'une démocratie multipartite aux Maldives en 2009.
D’après la BBC, a 2h du matin aux Maldives, M. Solih “a déclaré sa victoire sur le titulaire Abdulla Yameen, avec une marge de seize pour cent et quatre-vingt-douze pour cent des votes dépouillés” et a insisté pour une transition pacifique.
Une démocratie fragile
M. Yameen avait été élu en 2013 lors d'élections controversées à l'issue desquelles il avait battu l'ancien président Mohamed Nasheed [fr], du MDP, qui avait établi un systeme multipartite avec M. Solih.
En 2013, M. Nasheed et le MDP avaient revendiqué une avance claire dans des résultats pourtant farouchement contestés, mais les disputes avaient finalement conduit à l'annulation des élections. M. Yameen a remporté la seconde élection de peu et M. Nasheed dut s'exiler.
M. Yameen s'est rendu célèbre pendant son quinquennat pour l’emprisonnement ou l'exil forcé de nombre de ses rivaux politiques. Il a eu l'audace de verrouiller le parlement après un vote de défiance à son égard et a survécu plusieurs tentatives de destitution grâce à des mesures créatives comme la loi anti-défection, qui empêche les députés de changer de parti.
Son gouvernement a été accusé de réduire la dissidence au silence et de réprimer les médias, arrêtant et exilant des journalistes et fermant des journaux. Il a également retiré les Maldives du Commonwealth en 2016 après avoir été menacé de suspension à cause de son attitude vis-à-vis des droits humains.
En septembre 2016, Al Jazeera a publié un rapport d’enquête intitulé Stealing Paradise. Celui-ci a révélé que le président Yameen et ses associés ont détourné des millions de dollars, corrompu juges et hauts fonctionnaires, et œuvré pour se débarrasser des fonctionnaires qui se mettaient sur leur chemin.
Pourtant, il a échappé à un coup d'état judiciaire en février 2018, quand la Cour Suprême a annulé les condamnations de neuf dirigeants de l'opposition, dont M. Nasheed alors encore en exil. La Cour a fait marche arrière quand M. Yameen a déclaré l'état d'urgence et ordonné l'arrestation de deux juges.
En juin 2017, l'ancien président M. Nasheed a décidé d'abandonner la course à la présidence après que la Commission électorale a exclu tout candidat poursuivi en justice, conduisant ainsi la coalition de l'opposition de nominer M. Solih.
Un taux de participation sans précédent
La Commission électorale des Maldives s'est enorgueillie d'un “taux de participation extraordinaire” de la part de ses quelques 250.000 inscrits et a prolongé l'ouverture des bureaux de vote de trois heures, alors que les électeurs se plaignaient de longues files d'attente [div].
Voting is my fundamental right, I voted #Maldives #MaldivesElection2018 #PE2018MV pic.twitter.com/iG1rdC5p8Y
— Ilham Mohamed Waheed (@Hakatha) September 23, 2018
Voter est mon droit fondamental. J'ai voté.
#Maldives Presidential election 2018 .#MvElection18 pic.twitter.com/fdmvNOxFtE
— Maldives Voice (@MaldivesVoice4) September 23, 2018
Voting at Maldives Embassy in Colombo. pic.twitter.com/jDQDSPyVWC
— Ali Hashim Didi (@hashimex) September 23, 2018
Élections à l'ambassade des Maldives de Colombo.
Les sources officielles n'ont fait part ni de violences, ni de perturbations :
MPS is pleased to state that #MvElection2018 voting queues have officially been closed with no violence and minimal complaints from the public. Thanking Maldivians for your cooperation and your service to the nation.
— Maldives Police (@PoliceMv) September 23, 2018
MPS est heureux de déclarer que les bureaux de vote pour les élections présidentielles de 2018 ont été officiellement fermés sans violence et avec des plaintes minimales de la part du public. Nous remercions les Maldiviens pour leur coopération et le service rendu à la nation.
Des élections libres et équitables ?
La veille, les contrôleurs électoraux internationaux qui ont été bannis des Maldives avaient exprimé leur inquiétude sur la tenue d'élections libres et équitables après une descente de police dans les locaux de campagne de l'opposition.
Just hours before the polling begins in the presidential election, Maldives police raid the campaign headquarters of joint opposition presidential candidate @ibusolih. This is a worrying development. https://t.co/IBdOrsBY7l
— Husnu Al Suood (@hsuood) September 22, 2018
Seulement quelques heures avant le scrutin pour les élections présidentielles, la police maldivienne fait un raid sur les quartiers généraux de campagne du candidat commun de l'opposition M. Solih. C'est un développement inquiétant.
Complaints mount as news breaks of national ID card ‘buying’ @ElectionsMv #MaldivesElection2018 #Maldives pic.twitter.com/xRSgor5Tpj
— Ilham Mohamed Waheed (@Hakatha) 23 September 2018
Des plaintes se font entendre quand les informations se mettent à parler d'”achat” de cartes nationales d'identité.
They are showing the profiles of all Presidents of the Maldives, and look how they are hiding President @MohamedNasheed’s face.
Oh PSM ? pic.twitter.com/bIwKWxKvQw
— Mickail Naseem ? (@MickailNaseem) September 23, 2018
Ils montrent les visages de tous les présidents des Maldives, et regardez comment ils cachent celui du président Mohamed Nasheed.
Les dirigeants de l'opposition se sont eux aussi inquiétés d'avoir des élections libres et équitables. Dans un communiqué de presse récent, la Commission électorale a réfuté des affirmations de fraude électorale.
Une vote pour le changement
Les citoyens maldiviens impatients de constater un changement démocratique ont patienté dans de longues files d'attentes, parfois pendant huit heures, pour pouvoir voter.
23 sep 2018: People wait for voting results at Ameenihyyaa school Male’ Maldives #afraaphotography #MvElection2018 pic.twitter.com/JdISjBXDDl
— Mohamed Afrah (@aphrah11) September 23, 2018
23 sept 2018 : les gens attendent les résultats des élections à l'école Ameenihyyaa, à Malé.
I feel like these initial results sets the tone of what people are feeling in the Maldives. If the counting goes uninterrupted & untampered with,the coalition will win this hands down. Everyone is just done with this madman. Done. #YAGOUT
— umay mohamed ? (@umaymohamed) September 23, 2018
J'ai l'impression que ces premiers résultats donnent le ton de ce que ressentent les gens aux Maldives. Si le dépouillement se poursuit sans interruption ni trucage, la coalition gagne de loin. Tout le monde en a assez de ce fou. Fini.
Les premiers résultats ont monté une avance claire pour le candidat de l'opposition M. Solih.
#Maldives: After long polling day, votes are now being manually counted. According to early, provisional numbers here (https://t.co/UEdhiSNDzW), opposition candidate @ibusolih is leading as of 9.05 pm Male time (IST 21.35). #MvElection2018 #MaldivesElection2018 @the_hindu
— Meera Srinivasan (@Meerasrini) September 23, 2018
Après une longue journée de scrutin, les votes sont maintenant dépouillés à la main. D’après les chiffres provisoires (voir le lien), à 21h05 heure de Malé, le candidat de l'opposition M. Solih est en tête.
Les statistiques en direct du portail d'information maldivien Miharuu.com ont montré un taux de participation de 88% des 262.135 électeurs. Un autre site, mvdemocracy.com a continué de publier les résultats en continu.
Les Maldiviens qui réclament un nouveau départ, en particulier en ce qui concerne les mesures de protection de l'archipel de l'impact néfaste du changement climatique, garderont un œil attentif sur la transition de pouvoir.