De combien de sang les Afghans vont-ils payer leur droit de vote ?

Un jeune garçon afghan aide à décharger du matériel électoral d'un hélicoptère Mi-17 à Jaghuri, Afghanistan,le 16 septembre 2010. Domaine public. Photo prise par Staff Sgt. Joseph Swafford.

Lorsque les citoyens afghans ont voté par millions aux élections présidentielle et des assemblées provinciales en 2014, certains d'entre eux se sont pris en selfie avec le majeur trempé dans l'encre pour adresser un message aux talibans.

Quatre ans plus tard, ils vont retourner aux urnes pour élire un parlement, dans un environnement sécuritaire encore plus traître qu'à l'époque.

Quelque 2.500 candidats se présentent aux élections législatives du 20 octobre, qui auraient dû juridiquement se tenir en 2015.

Plus de 2.500 Afghans bravent de sérieux risques de sécurité pour siéger au parlement. Sept candidats ont déjà été tués.

Parmi ceux qui n'atteindront pas le scrutin, il y a Saleh Mohammad Asikzai, un candidat à la députation de la province méridionale de Helmand, un bastion taliban. Il a été tué le 9 octobre en même temps que huit concitoyens dans un attentat-suicide revendiqué par une franchise afghane du groupe État islamique (EI).

Abdul Jabar Qahraman, de la même province, a quant à lui été tué quand un “canapé piégé” a explosé dans son bureau le 17 octobre. Un attentat revendiqué par les talibans.

Nazefa Yousufi Beg, une candidate dans la province de Takhar dans le nord-est, a été plus chanceuse. Une moto chargée d'explosifs a détoné à son rassemblement de campagne du 13 octobre tuant au moins 22 personnes, mais elle n'était pas encore montée sur le podium.

Abdel Naser Momand, un candidat dans la province de Nangarhar, a survécu à une explosion qui a tué 13 personnes et en a blessé plus de 30 le 2 octobre.

Les talibans et l'EI ont juré les uns et les autres de paralyser les élections parlementaires en Afghanistan. Ce qui signifie que 5.000 bureaux de vote protégés par 50.000 personnels de sécurité seront des cibles potentielles ce week-end.

L'intention d'empêcher le vote de se dérouler ne date pas d'aujourd'hui. Des dizaines de citoyens en train de s'inscrire sur les listes électorales ont été tués le 22 avril lorsqu'un kamikaze a fait sauter un centre d'enregistrement à Kaboul, un attentat revendiqué par l'EI.

Photo choquante de la scène de l'attentat-suicide de Kaboul, ils étaient venus pour avoir des cartes d'identité puis s'inscrire pour voter aux prochaines élections parlementaires en Afghanistan.

Sept millions d'inscrits ?

La Commission électorale indépendante indique que pas moins de sept millions de personnes se sont fait inscrire pour voter, mais d'aucuns contestent ce nombre et sèment le doute sur la légitimité des résultats du scrutin avant même qu'il ait commencé.

Rock the vote : en dépit des récents attentats talibans, les électeurs s'apprêtent aux élections en Afghanistan

Elections en Afghanistan. Excellent.

La Grande coalition nationale d'Afghanistan (GCNA), une coalition politique d'opposition nouvellement formée, accuse le gouvernement et la Commission électorale de fraude, et affirme que les nombres réels sont très inférieurs. La coalition présume que le gouvernement va s'assurer du triomphe de ses candidats dans la compétition où 250 sièges seront disputés. Peut-être pas de quoi séduire des électeurs las d'un parlement fortement entaché de népotisme.

Le parlement sortant était une catastrophe. Les députés non seulement ont dépassé leur mandat mais se sont rendus coupables de créer un climat de méfiance, de saper les intérêts nationaux et d'attiser les haines ethniques. Changeons cela en élisant ceux qui répondront devant le peuple.

Les partis politiques d'opposition actifs dans la GCNA ont cité des centaines d'identités de pseudo-électeurs comme preuve des intentions du gouvernement de truquer les élections. Leurs représentants ont transmis les fausses cartes d'identités aux médias.

Le mois dernier, des protestataires en lien avec la GCNA ont organisé des manifestations et fermé des bureaux provinciaux de la Commission électorale dans de nombreuses provinces pour exiger la transparence.

Un élément nouveau dans ce scrutin qui dans l'idéal devrait garantir contre la fraude sera l'utilisation de systèmes biométriques dans une grande partie des bureaux de vote.

Mais des sceptiques disent qu'il est possible d'utiliser les machines à voter en continuant à tricher, tandis qu'une personnalité au sommet d'une commission gouvernementale de réforme électorale convient que leur utilisation n'est pas sans risque.

“Sans doute, l'utilisation des appareils peut apporter de la transparence aux élections mais il n'y a pas de doute non plus que l'utilisation des appareils peut créer une nouvelle crise”, a déclaré à TOLO News Sediqullah Tawhidi, vice-président de la Commission spéciale de réforme électorale.

Les candidats au parlement utilisent différents supports pour faire passer leur message à Hérat. Les élections en Afghanistan sont dans dix jours.

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