Les rhinocéros noirs du Zimbabwe risquent l'extinction alors que la Chine autorise le commerce de leurs cornes

Rhinocéros noir [fr]. Photographie de Lucas Alexander, Wikipedia Commons.

Le 31 octobre 2018, le gouvernement chinois a publié une déclaration annulant l'interdiction des vingt-cinq dernières années de commercialiser des os de tigres et des cornes de rhinocéros. Il est désormais légal d'utiliser ces parties “obtenues sur des animaux en captivité, pour des raisons scientifiques, médicales ou culturelles.”

Le Conseil des affaires de l'État affirme que des cornes de rhinocéros et des os de tigres morts pourront être utilisés sous forme de poudre dans “des hôpitaux qualifiés par des médecins qualifiés”. Les produits animaux doivent être obtenus dans des fermes agréées, et les parties animales classifiées comme des “objets d'antiquité” qui peuvent faire partie “d'échanges culturels si approuvés par les autorités culturelles”.

L'annonce inquiète les écologistes qui prédisent une recrudescence de la demande en cornes de rhinocéros, dans un marché noir déjà actif et marqué par le braconnage.

Les écologistes affirment que cette décision est un revers significatif pour les efforts de protection des animaux contre l'extinction, et qu'elle menacera davantage les quelques 30.000 rhinocéros et 3.900 tigres qui vivent encore dans la nature.

Il a été rapporté qu'en seulement deux mois, jusqu'en octobre 2018, des braconneurs ont abattu quatre rhinocéros noirs. L'Autorité de gestion des parcs et de la nature du Zimbabwe soupçonne le même groupe d'avoir conduit les quatre tueries, mais aucune arrestation n'a eu lieu. Le braconnage a mis les ressources insuffisantes des parcs nationaux du Zimbabwe a rude épreuve et a rendu ces parcs vulnérables aux attaques.

Sur Twitter, la protectrice des animaux Sharon Hoole a publié une photographie sanglante d'un rhinocéros mutilé et se lamente :

So sad! Our wildlife soldiers must remain vigilant. The country is burning. Lawlessness is high. Wildlife crimes with impunity on the rise. Greedy wildlife ranchers and rangers selling out. Who will stand for life?

C'est tellement triste ! Nos soldats de la nature doivent rester vigilants. Le pays est en feu. Le non-droit règne. Les crimes contre les animaux sauvages augmentent en toute impunité. Des éleveurs et des gardes forestiers rapaces trahissent. Qui défendra la vie ?

L'annonce de la Chine a porté un coup dur aux défenseurs de l'environnement au Zimbabwe : ceux-ci doivent déjà faire face à un sévère manque de fonds à cause de la crise économique de la nation, qui s'aggrave.

Alors que le président récemment élu Emmerson Mnangagwa peine à mettre en place des réformes structurelles, le pays se remet tout juste d'une autre nouvelle : l'ancienne première dame Grace Mugabe (l'épouse du président déposé Robert Mugabe) est soupçonnée d'être impliquée dans un réseau de commerce illégal d'ivoire aux plus hauts échelons du gouvernement. Dès ses premiers mois au pouvoir, M. Mnangagwa a publiquement insisté sur les efforts de son gouvernement pour protéger l'environnement, en opposition à la “trafiquante d'ivoire corrompue” Grace Mugabe.

Malgré cela, les écologistes affirment toujours manquer des ressources nécessaires pour améliorer la sécurité et augmenter la capacité de surveiller et de poursuivre les braconneurs dans les parcs nationaux du pays. Ils craignent que l'annulation partielle de l'interdiction chinoise ne fasse qu'empirer la situation.

Le Zimbabwe abrite la quatrième population de rhinocéros du monde en nombre. Des groupes de braconneurs organisés sont connus pour mutiler les rhinocéros en les amputant de leurs cornes et en les laissant mourir d'une mort lente et douloureuse.

Pour certains défenseurs de l'environnement, c'est une guerre qui est menée contre les rhinocéros noirs. Pas seulement au Zimbabwe, mais dans les quatre pays où les rhinocéros noirs vivent, en danger critique d'extinction selon WWF [fr]. Sans intervention urgente, ils pourraient disparaître.

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