Il y a 100 ans naissait la Tchécoslovaquie : réflexions d'internautes slovaques

Photo de la page promotionnelle Facebook Czech and Slovak Century, gérée par l'agence CzechTourism, sur fonds du Ministère tchèque du Développement régional.

En octobre 2018 il y a eu cent ans depuis que la Tchécoslovaquie s'est déclarée indépendante de l'Empire austro-hongrois et est devenue formellement un État souverain. Bien que, presque 75 ans plus tard la Tchécoslovaquie se soit pacifiquement scindée en République tchèque et République de Slovaquie, les internautes de Slovaquie ont marqué le centenaire avec des conversations en ligne sur leur État autrefois unitaire.

Une date dans l'histoire

Pour bon nombre de ses citoyens et de leurs descendants devenus adultes, la Tchécoslovaquie a signifié le socle de la démocratie et de la prospérité, d'autres l'ont considérée comme une ‘Prison des peuples’ en miniature — un surnom inspiré de celui donné à l’Empire austro-hongrois.

Tandis que la République tchèque a adhéré au centenaire et le célèbre comme le “siècle tchèque et slovaque,” les opinions sont plus divisées en Slovaquie. Le premier ministre slovaque Peter Pellegrini a inauguré une célébration officielle, mais au lieu de la date traditionnelle tchécoslovaque du 28 octobre fêtée dans la capitale de la République tchèque Prague, il a déplacé les festivités de Bratislava au 30 octobre, date anniversaire de la Déclaration Martin qui met au centre le mouvement [national] slovaque.

Le député slovaque Miroslav Sopko a été de ceux qui n'ont pas apprécié cette décision. Il a écrit dans un billet de blog titré “Cent ans ont passé” :

Vôbec sme sa za tak dlhý čas nenaučili byť hrdí na spoločnú republiku, ktorá bola v medzivojnom období ostrovom demokracie v strednej Európe, nachádzala sa v prvej desiatke najvyspelejších krajín sveta, bolo v nej od začiatku uzákonené volebné právo žien, otvorili sa nám dvere do Európy, naštartoval sa vzdelanostný a kultúrny rast. … Preto sme doteraz nenašli silu pre uznanie štátneho sviatku a miesto toho sme si prijali jednorázovu nálepku pre naše svedomie na 30. októbra.

En si longtemps, nous n'avons pas appris à être fiers de la république commune, qui dans l'entre-deux guerres a été un îlot de démocratie en Europe centrale, figurait dans les dix pays les plus avancés du monde, où dès le début les femmes ont exercé le droit de vote, les portes de l'Europe nous étaient ouvertes, le développement éducatif et culturel avait commencé … Nous n'avons donc pas encore trouvé la force de reconnaître la fête nationale, au lieu de quoi nous avons adopté un auto-collant à usage unique pour notre conscience le 30 octobre.

Sentiment d'unité

Les souvenirs positifs ont nettement dominé sur les blogs affiliés aux principaux journaux. Jakub Tinak, un détenteur des deux passeports tchèque et slovaque, et qui parle tchèque, slovaque et hongrois, a résumé son sentiment sur l'ex-État et a caractérisé les différences avec la décomposition brutale de la Fédération de Yougoslavie dans les Balkans :

Som veľmi šťastný, že naše národy vedeli spoločný štát stvoriť a tiež, že sa vedeli v mieri rozísť.

Je suis très heureux que nos peuples aient su créer un État commun et qu'ils aient aussi su se séparer en paix.

Radoslav Hodor est d'avis que la Tchécoslovaquie a rempli son rôle historique de force du bien :

Preto bez ohľadu na všetko zlé bolo Československo pre oba národy dobrý projekt. Čechom umožnilo nadviazať na svoju štátnosť zo stredovekých českých kráľovstiev a Slovákom vytvoriť si vlastnú. Iný štátny útvar by im takú možnosť neposkytol.

C'est pourquoi, malgré tout ce qui a pu être mauvais, la Tchécoslovaquie a été un bon projet pour les deux pays. Elle a permis aux Tchèques de se relier à leur propre statut d’État depuis les royaumes tchèques médiévaux, et aux Slovaques de créer le leur. Une autre formation étatique ne leur aurait pas donné cette chance.

Stanislav41 souligne que les fondations de la démocratie en Slovaquie ont été posées par la déclaration de la république il y a cent ans :

storočnica bude mať aj vojenskú parádu – samozrejme v Prahe, … a ak sa budete dobre pozerať, naša účasť bude potvrdením, … že nám to samostatne ide vari ešte lepšie …

Le centenaire aura aussi un défilé militaire – bien sûr à Prague, … et, si vous regardez bien notre participation sera une confirmation que … indépendamment cela va même mieux pour nous …

Un participant aux festivités de Prague. Photo de la page promotionnelle Facebook Czech and Slovak Century, gérée par l'agence CzechTourism, sur fonds du Ministère tchèque du Développement régional.

Les deux pays conservent des liens étroits : de nombreux étudiants choisissent de poursuivre leur parcours universitaire de l'autre côté de la frontière ‘dans l'autre partie de l'ex-Tchécoslovaquie”. En 2013, le plus important groupe de Tchèques étudiant à l'étranger se trouvait en Slovaquie, tandis qu'en 2016, 8,9 % des étudiants d'université en République tchèque étaient des Slovaques.

Patrik Ölvecký a le sentiment que, même si les festivités officielles ont eu lieu des jours différents, les Slovaques et les Tchèques restent proches comme des “frères”.

Dokonca aj pre mňa, človeka, čo spoločné Československo nezažil, … ja som za posledných päť rokov štúdia v Prahe zistil, že ten náš vzťah je úžasný. Že mať tak blízko k inému národu je nesmierne krásne.

Même pour moi, qui n'ai pas connu la Tchécoslovaquie … dans les cinq dernières années de mes études à Prague j'ai découvert que notre relation est formidable. Être aussi proche d'un autre peuple est magnifique.

L'étudiant Lukáš Račko a lui aussi écrit sur les traits particuliers partagés d'un “pays où je n'ai jamais vécu, mais qui sera toujours mon chez-moi”.

Niečo, tak jedinečné, že si to málokto na svete dokáže predstaviť. Veď, len si predstavte, že by zaviala Srbská vlajka nad Kosovským národným múzeom alebo naopak.
Pretože presne toto sa práve dnes deje v Prahe, kde je pri novootvorenej historickej budove národného múzea vyvesená aj Slovenská zástava.

Quelque chose de si unique, que peu de gens sur terre peuvent imaginer. Imaginez seulement que le drapeau serbe puisse flotter sur le Musée national du Kosovo ou vice-versa.
Parce que c'est exactement ce qui se passe aujourd'hui à Prague, où sur le bâtiment historique récemment ouvert du Musée national flotte aussi le drapeau slovaque.

Écrivant en tchèque sur une plateforme de blogs slovaque, Michal Ruman a commenté que pour les gens de parents slovaques et tchèques comme lui, rien n'a changé depuis la séparation : ils ont juste à eu à porter leurs passeports pour voyager d'un bout à l'autre. Il conclut sur une note toute personnelle :

27. 10., v předvečer výročí vzniku společného státu … má naše dcera v českém kalendáři svátek. Naše Češkoslovenka. Pokračovatelka jednoho krásného spojení dvou svérázných etnik. … Všechno nejlepší, Zoe!

27 octobre, veille de l'anniversaire de la création de l’État commun … notre fille a une fête du calendrier tchèque. Notre tchécoslovaque. Le résultat de la belle union de deux ethnicités particulières. … Meilleurs vœux, Zoé !

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.