Ce texte est basé sur l'article (en anglais) “Les Hongrois manifestent contre le gouvernement chaque nuit devant le Parlement” écrit par Anita Kőműves, avec des photos de Márk Tremmel et Áron Halász pour Atlatszo.hu, la première association de journalisme d'investigation en Hongrie. Il est reproduit ici en format adapté dans le cadre d'un partenariat avec Global Voices.
Les Hongrois manifestent devant le bâtiment du Parlement et à travers Budapest depuis que le parti de droite de Viktor Orbán a adopté un projet de loi autorisant les employeurs à exiger 400 heures supplémentaires annuellement de leurs salariés, ainsi qu'un autre facilitant le remplissage des tribunaux par des juges loyaux au parti d'Orbán. Bravant le froid, les contestataires sont dans les rues chaque soir jusqu'à minuit passé, et y affrontent les lacrymogènes des policiers.
Le parlement hongrois a adopté deux importants textes de lois mercredi. Passant outre aux critiques des partis d'opposition, l'assemblée dominée par le parti droitier au pouvoir Fidesz (Alliance civique hongroise) a réussi à voter la ’loi esclavagiste’ et une loi créant un nouveau système judiciaire.
December 12, 2018 — The day Hungary's opposition surprised A LOT of people. (wait for it) pic.twitter.com/pM6a1GsLPq
— Benjamin Novak (@b_novak) December 12, 2018
12 décembre 2018, le jour où l'opposition hongroise a étonné PLEIN de monde (et il y a mieux)
Les tribunaux administratifs nouvellement créés seront entièrement séparés du système judiciaire actuel. Ils seront sous l'entière supervision du ministère de la Justice, et leur réglementation permettra de remplir aisément les nouvelles juridictions de magistrats loyaux au Fidesz. Ces tribunaux administratifs pourront statuer dans des affaires politiquement sensibles, de corruption, de loi électorale et de liberté de réunion.
Ce qui a été appelé la ’loi esclavagiste’ va augmenter le plafond annuel d'heures supplémentaires de 250 à 400 heures. Mieux, les employeurs pourront prendre jusqu'à trois ans pour les indemniser.
Selon cette loi, les salariés doivent accepter par écrit les heures supplémentaires, mais les protestataires affirment que les pressions des employeurs ne laisseront pas d'autre choix aux salariés que d'accepter les nouvelles conditions.
Les trois premières nuits de manifestations
Depuis le vote de la loi, des manifestations se déroulent devant le parlement, avec des milliers de protestataires qui déambulent dans les rues de Budapest en scandant bruyamment des slogans anti-gouvernement, et barrent brièvement rues et ponts. Une partie des manifestants sont retournés devant le bâtiment du Parlement scander leurs slogans face à la police anti-émeutes.
Bravant le froid et la neige de vendredi soir, les manifestants restent dans les rues jusqu'à 1 ou 2 heures du matin chaque nuit.
Many protesters were detained during 2nd night of unrests after Orbán Administration passing #SlaveryLaw. Vice President of Momentum currently at a police station, the access to her lawyer has been denied so far, @hvg_hu reports. #Budapest #Hungary Pics: @444hu pic.twitter.com/Ax1czDgfvi
— Balazs Csekö (@balazscseko) December 14, 2018
De nombreux manifestants ont été interpellés pendant la 2e nuit d'agitation après le vote par l'administration Orban de la #LoiEsclavagiste. La vice-présidente de Momentum est en ce moment dans un commissariat, l'accès à son avocat lui est refusé jusqu'à présent.
A la différence des manifestations des années précédentes, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pendant les manifestations, attisant la colère des protestataires.
They just sprayed the crowd pic.twitter.com/KfQRD9lMGO
— Benjamin Novak (@b_novak) December 12, 2018
Ils viennent d'asperger la foule
Les manifestants ont utilisé des bombes de fumigènes, brûlé des mouchoirs en papier et des journaux. Une fenêtre du Parlement a été brisée par un jet de pierre d'un manifestant.
Les manifestations se sont poursuivies dimanche après-midi sur la place des Héros. Organisations étudiantes, partis d'opposition et syndicats ont annoncé qu'ils allaient se joindre aux manifestations.
Thousands of Hungarians are protesting at the public broadcaster because of its continuous propaganda. pic.twitter.com/TfIAUIKX4G
— Mérték Média Monitor (@MertekMonitor) December 16, 2018
Des milliers de Hongrois manifestent devant la télévision publique contre sa propagande permanente.
La police a utilisé les gaz lacrymogènes contre les manifestants devant le siège de la télévision publique. Atlatszo.hu a documenté les événements en fournissant une couverture vidéo en direct de la scène sur Facebook.