Les festivités de Noël à Trinité-et-Tobago sont une combinaison magique de famille, d'amis, de nourriture et d'amusement, tout ceci soudé par un seul ingrédient : la musique ! Oubliez Mon beau sapin et autres Petit papa Noël ; les chansons de Noël préférées des lieux, des ballades locales au soca parang, ont toute la saveur de la Caraïbe.
Voici notre sélection (sans ordre particulier) de quelques-uns des airs les plus originaux de cette saison. Sans lesquels… ce ne serait tout simplement pas un Noël de Trinidad !
1. Drink a Rum — Lord Kitchener
(Bois un rhum) Voici peut-être le plus emblématique des chants de Noël trinbagoniens de tous les temps. Dès que le grand-maître du calypso chante à tue-tête “Mooma, mooma…” nous avons tous envie de rejoindre son “fiston” dans la mère-patrie, et au diable le rude hiver ! Kitchener, largement considéré comme le plus grand chanteur de calypso de l'après-guerre, rend parfaitement l'aliénation qu'ont dû ressentir ceux de la génération Windrush —surtout au moment de Noël — et leur permet adroitement de la surmonter en s'accrochant aux traditions culturelles aimées: “Drink a rum and a punch a crema, drink a rum … no time for shivering! [Buvez un rhum et un punch crémeux… pas le temps de grelotter!] ” Même sur fond d'un Noël londonien froid et gris, cette chanson vous réchauffera le coeur.
2. Oh How I Wish I Were a Child Again — Kelwyn Hutcheon
(Oh que je voudrais redevenir un enfant) Version trinidadienne de Frank Sinatra, la chanson de charme de Hutcheon évoque tout ce qu'a d'unique la célébration de Noël dans notre partie du monde : entre poinsettias rouges et bidons de kérosène, la chanson fleure bon la nostalgie de la Trinité d'autrefois, et restitue la magie de la fête vue par des yeux d'enfant. C'est un merveilleux produit sentimental de base qui vous fera chalouper en commençant vos préparatifs de Noël.
3. La Gaita — Lara Brothers
Ce groupe haut en couleurs est à la musique parang ce que The Beatles ont été au genre pop/rock. Le titre espagnol de la chanson signifie “cornemuses”, mais rien à voir avec le son des cornemuses écossaises. Ici, ce sont les instruments à cordes (cuatro et guitare) pleins d'entrain qui entraînent l'auditeur, tandis que les claves (appelés le “toc toc”) et la caisse basse autochtone propre au parang tiennent avec constance le rythme rustique de cet hybride amérindien-latino-américain-africain.Même si vous ne comprenez pas un mot d'espagnol, la virtuosité de l'instrumentation vous subjuguera.
4. Hurray, Hurrah — Singing Francine
Le riff de guitare distinctif qui introduit cette chanson rendrait joyeux même le Grinch. Francine touche à la raison d'être même des fêtes de fin d'année : “Hurray, hurray, hurrah, hurrah, hurrah they say, our Saviour is born today” (Hourra… disent-ils, notre Sauveur est né ce jour”). Indépendamment de la voix sucrée de Francine, le génie de cet air est que son message religieux est présenté dans un rythme qui vous invite à danser, ce qui le rend typiquement trinbagonien.
5. Hooray, Hoorah — Daisy Voisin
À ne pas confondre avec le cadeau de Singing Francine, voici la Reine du parang au mieux de sa forme. La voix sirupeuse et pourtant autoritaire de Voisin prend les commandes et pilote la chanson exactement là où elle doit aller. Son espagnol est impeccable, sa joie palpable. Lorsqu'elle intervient avec son caractéristique “Ohhhhhhhhhhh…”, une note perçante qui s'attarde au-dessus des battements imperturbables des percussions et des ululements musicaux en arrière-plan, vous vous demandez si Noël a jamais pu exister sans l'exubérance de la musique parang.
6. Around My Christmas Tree — Lennox Grey
(Autour de mon arbre de Noël) Accords mineurs entêtants et cloches carillonnantes, voix opulente de Grey, ou imagerie d'un Noël des Caraïbes, ceci est sans conteste un favori. C'est une mélodie dans laquelle le message de Noël scintille à travers les rites quotidiens de la période de Noël : enfants rieurs tirant “M. Père Noël” par son manteau, odeurs émanant de la cuisine, cadeaux et présence : c'est tout cela qui fait de ce chant l'un des plus demandés de la période des fêtes.
7. Ah Want a Piece ah Pork — Scrunter
(J'veux un bout de porc) L'attente de Noël chez de nombreux Trinis est ce qui nourrit ce refrain entraînant de Scrunter, un calypsonien qui excelle dans l'hybridation soca/parang. Qu'est-ce qu'il se souhaite pour Noël ? “A piece ah pork” (un bout de porc), purement et simplement. Ni manicou, ni callalou, ce qu'il faut à un homme c'est son jambon. L'intéressant est que cette chanson, malgré son sujet précis, parle en réalité de la camaraderie, du partage et de la bienveillance propres au temps de Noël.
8. Christmas on Sesame Street — Relator
(Noël sur Sesame Street) Ce petit numéro dansant et décalé accroche immédiatement les petits – et les grands eux non plus ne peuvent pas retenir quelques gloussements. Raconté du point de vue d’Oscar the Grouch, il combat l'esprit de Noël becs et ongles : “Il n'y a pas de bon vieux Père Noël, parole d'Oscar, il n'y a pas de Noël sur Sesame Street.” Après tout, il n'y a pas que des fans de Noël, et ceci est une des rares chansons qui légitiment d'être grognon (même si à la fin Oscar change d'avis).
Les autres contributions notables de Noël de Relator sont “Christmas is Yours, Christmas is Mine” (Noël est à toi, Noël est à moi), et “Bottle and Spoon” (Bouteille et cuiller), une ode aux modestes “instruments” qui donnent au parang (et aux autres formes de musique caribéenne) son accessibilité et par extension, son cœur.
9. It’s Christmas — Baron
(C'est Noël) “Le gentil de la soca”, comme est appelé Baron, fusionne à la perfection soca et parang dans cette chansonnette très aimée. L'invitation du voisin, la constitution du “lime” (repas simple partagé entre amis, complet avec les quantités requises d'alcool), et le refrain exubérant “Oy yo yo, ay yay yay” : impossible de ne pas être entraîné dans l'esprit de Noël. Après tout, “c'est Noël … Joyeux Noël !”
Baron rend aussi hommage au parang dans un autre favori de la période, “Come Go”, dans laquelle il essaie de partager son amour de la musique avec sa tendre moitié jusqu'à ce que tous deux soient emportés.
10. Christmas on the Hill — Johnny Gonsalves and Friends, featuring Nigel Ferreira
(Noël sur la colline) Cette chanson déconstruit l'image du “Noël blanc” qui imprègne le narratif de la culture populaire sur la saison des fêtes. “Il n'y a pas de neige qui tombe, pas de marrons qui rôtissent, pas de feu qui rougeoie dans la cheminée”, commence la chanson, avant d'expliquer que Noël est partout où on “se sent chez soi”. Le message est que l'amour et le sentiment d'appartenance sont au cœur de cette fête. Ode aux souvenirs de Noël de l'enfance du parolier, la chanson déborde d'amour, de joie et de gratitude … et c'est bien de cela qu'il s'agit à Noël, non ?