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Pour l'amour de la langue : le premier livre de fiction imprimé en langue Mro

Catégories: Asie du Sud, Bangladesh, Arts et Culture, Développement, Droits humains, Education, Ethnicité et racisme, Good News, Langues, Littérature, Médias citoyens, Peuples indigènes

Les membres de la communauté autochtone Mro, posant avec le premier roman dans leur langue. Reproduction autorisée

Le 21 février dernier, pour célébrer la Journée internationale de la langue maternelle [1], une fondation caritative a publié et distribué le premier ouvrage de fiction en police de caractères de la langue Mro [2] pour les tribus qui vivent dans les régions frontalières entre Birmanie, Bangladesh, et lnde.

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Répartition géographique de la population Mro au Bangladesh. Image via Wikipédia. CC: BY-SA

Le groupe autochtone Mro vit dans le district de Bandarban [4] situé dans la région montagneuse au sud-est du Bangladesh. Selon un recensement effectué en 1991, la population était seulement de 22178. Ce sont un sous-groupe du peuple Chin. Leur langue fait partie du groupe tibéto-birman de la famille sino-tibétaine.

L'ouvrage, intitulé « Contes de fées Mro », raconte des histoires liées aux croyances, images, culture et pratiques de ces groupes. Le livre a aussi été publié en bengali afin que d'autres communautés puissent lire les mêmes contes. Cet ouvrage de fiction, écrit par Yangan Mro, est le premier publié en police de caractères de la langue Mro et était distribué gratuitement [2].

Toutes les langues du monde ont besoin d'être sauvées, dit Niaz Morshed [5] sur Facebook.

ম্রো ভাষায় প্রথম ছাপানো বই !!! এটাই হচ্ছে আমাদের একুশে ফেব্রুয়ারির উদযাপন।

যে দেশের মানুষ মাতৃভাষার জন্য প্রাণ দিয়েছে, সে দেশের কিছু মানুষ মাতৃভাষা হারাচ্ছে যুগে যুগে। এগুলো সংরক্ষণের কোন কার্যকর পদক্ষেপ চোখে পড়ে না।

Le premier livre en langue Mro !!! C'est notre célébration d’Ekushe February [6] (Journée internationale de la langue maternelle [1])

Dans un pays où certains des citoyens sont devenus des martyrs pour défendre leur langue, certaines langues uniques sont en voie d'extinction. Je ne vois aucun effort pour les sauver.

Un volontaire de la fondation Bidyanando transmet un livre à un membre de la communauté Mro. Image reproduite avec autorisation.

La fondation Bidyanano [7] est une organisation de bénévoles qui soutient les différents secteurs luttant contre la pauvreté et le sans-abrisme, particulièrement des orphelins. Elle fonctionne avec 40 permanents et une centaine de bénévoles, avec 8 filiales locales. Bidyananda Publications en est l'organisation sœur.

À lire : Un Bangladais familier de la faim fournit des repas peu coûteux aux enfants dans le besoin [8] (en anglais)

Global Voices a échangé avec  Kishor Kumar Das [9], le fondateur de l'organisation :

আমাদের একাধিক আদিবাসী এতিমখানায় কয়েকশ’ শিশু থাকে। তাঁদের মাতৃভাষায় বই উপহার দিতেই কাজটি করা। আর কাজটি করতে গিয়ে প্রথম সমস্যা ছিল ম্রো ভাষায় লেখক খুঁজে বের করা। এজন্য আমরা ফেইসবুকে বিজ্ঞাপন দিই।পরে আমাদের এক স্বেচ্ছাসেবকের মাধ্যমে এই লেখককে খুঁজে পাই। আর একটা সমস্যার ছিল ফন্ট।এসব ফন্টে কাজ হয় নি কোনদিন বাংলাবাজারে(বাংলাদেশের সবচেয়ে বড় বই প্রকাশনী কেন্দ্র)।আদিবাসী শিশুদের মাতৃভাষায় বই পড়ার আনন্দ উপহার দেয়ার দৃঢ় প্রতিজ্ঞা ছিল বলেই আমরা কাজটি করতে পেরেছি।

আগামী বছর আমরা আরো কয়েকটি ভাষায় বই প্রকাশ করার পরিকল্পনা করছি।এছাড়া আমরা আদিবাসী শিশুদের জন্য ভিডিও টিউটোরিয়াল তৈরির কাজ শুরু করেছি। সেটাও মাঝপথে থেমে গেছে স্বেচ্ছাসেবকের অভাবে।

Quelques centaines d'enfants autochtones se trouvent dans nos différents orphelinats. Nous voulions leur donner des livres dans leur langue maternelle. Le premier défi pour nous était de trouver un écrivain en langue Mro. Nous avons passé une annonce sur Facebook et un de nos bénévoles l'a trouvé. L'autre défi était de travailler avec des polices de caractères qui n'étaient jamais utilisées sur le Banglabazar, le principal marché d'édition de livres du Bangladesh. Mais nous étions bien déterminés à produire des livres en langue Mro pour les enfants autochtones.

L'année prochaine nous prévoyons de publier des livres en quelques langues supplémentaires. Nous avons commencé à créer un tutoriel vidéo pour les enfants autochtones Mais ce travail a été maintenant retardé à cause d'un manque de bénévoles.

La carte des langues au Bangladesh. Image via Wikimédia Commons.

Le Bangladesh est principalement un pays de locuteurs de langue bengali [10], un groupe qui constitue 98% de la population (163 millions au Bangladesh, 261 millions dans le monde entier). Pourtant, il y a 39 langues minoritaires [11] parlées au Bangladesh et certaines sont menacées d'extinction. Le chercheur Salek Khokon, a publié des conclusions [12] qui montrent que deux langues minoritaires (Kudukh et Nagori) ont déjà disparu.

L'un des défis est que le peuple des montagnes parle dans sa langue mais écrive en bengali (certaines de ces langues sont uniquement orales). Pourtant, de jeunes activistes autochtones se servent des innovations pour conquérir le monde numérique [13] avec leur propre langue et police de caractères.

Depuis 2014, il existe une action [14] pour dispenser l'enseignement primaire en 5 langues autochtones, mais les détracteurs affirment qu'elle n'a pas été mise en œuvre correctement.

Le Bangladesh s'est maintenant doté d'un Institut international de la langue maternelle (IMLI) [15], un organisme statutaire dont la fonction est la préservation des langues. Depuis que le gouvernement porte une attention particulière sur ces problèmes et sur des organisations comme Bidyanando pour promouvoir les publications en différentes langues, il existe un espoir que des mesures soient prises pour sauver ces langues.