Aux petites heures du matin le 12 mars, il a été confirmé que le journaliste vénézuélien Luis Carlos Díaz était entre les mains du Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional (SEBIN), le service de renseignements du Venezuela.
Sa femme, Naky Soto, commentatrice politique elle aussi bien connue, avait signalé sa disparition plusieurs heures auparavant.
Le mot-clic #DondeEstaLuisCarlos (Où est Luis Carlos ?) a laissé place à #LiberenaLuisCarlos (Libérez Luis Carlos) devenu très rapidement le sujet en tête de tendance sur la twittosphère vénézuélienne, et au rang des top tweets au niveau mondial.
Luis Carlos est de longue date un membre apprécié de la communauté de Global Voices. Depuis plus d'une décennie, il œuvre à défendre la liberté d'expression et l'usage des réseaux numériques pour maintenir l'accès public à l'information au milieu de l'actuelle crise du Venezuela. Soto et lui animent aussi un programme vidéo immensément populaire (d'abord sur YouTube, à présent sur Patreon) où ils proposent leurs commentaires et leur humour politiques.
Luis Carlos est célèbre à Global Voices pour son esprit, ses qualités de collaborateur et de pédagogue, et sa capacité unique à comprendre et expliquer l'environnement complexe de la communication numérique au Venezuela.
Selon Marco Ruiz, un membre du SNTP (le Syndicat national des travailleurs de la presse) qui était présent à un rassemblement devant les bureaux du procureur public dans la matinée du 12 mars, des agents du SEBIN ont fouillé l'appartement de Diaz et Soto et confisqué plusieurs appareils électroniques :
#URGENTE | Comisión del Sebin allanó la residencia del Luis Carlos Diaz. Se llevaron computadoras, pen drive, celulares, dinero, entre otros. A Diaz le permitieron estar en el allanamiento esposado. Relató en esos minutos que fue golpeado en su detención, a las 5:30 pm #12Mar
— SNTP (@sntpvenezuela) March 12, 2019
URGENT ! Une commission du SEBIN a fouillé le logement de Luis Carlos Diaz. Ils ont emporté des ordinateurs, des clés USB, des téléphones portables et de l'argent, entre autres choses. Ils ont permis à Diaz d'être présent, menotté. Il a relaté avoir été frappé pendant son arrestation, à 17h30 le 12 mars.
Après que les policiers ont perquisitionné leur appartement et sont repartis en emmenant Díaz avec eux, Soto a lancé un appel sur Twitter, demandant aux gens de l'accompagner au bureau du procureur le 12 mars et demander la remise en liberté de son mari.
Naky Soto a indiqué à Global Voices par WhatsApp que Diaz avait été menacé des jours avant son arrestation. Selon le média en ligne Clases de Periodismo, Diaz était menacé par des comptes Twitter pro-gouvernementaux depuis que les responsables politiques prétendaient publiquement que Díaz avait un rôle dans l'orchestration de la coupure de courant qui a privé une grande partie du Venezuela d'électricité pendant des jours. Des affirmations dépourvues de preuves.
Des représentants de Provea (Programme d'éducation-action pour les droits humains) étaient aussi présents pendant la perquisition du SEBIN et ont recueilli le témoignage de Naky Soto :
Soto pudo conversar brevemente con Díaz, quien le relató que habría sido detenido cuando se desplazaba […] cuando se desplazaba en bicicleta a su domicilio. Asimismo, le confirmó que habría sido víctima de tratos crueles y degradantes durante su detención. La información suministrada por los funcionarios durante el allanamiento es que Díaz, supuestamente, habría cometido “delitos informáticos”.
Soto a pu converser brièvement avec Díaz, qui lui a dit qu'il avait été arrêté pendant qu'il rentrait chez lui à bicyclette. De la même manière, il lui a confirmé qu'il avait été victime de traitements cruels et dégradants pendant sa détention. L'information fournie par les agents pendant la perquisition était que Díaz avait, prétendument, commis des “délits informatiques”.
Le rapport ajoutait que Soto, qui se remet d'un cancer du sein, était également recherchée par les autorités :
Según el testimonio, los funcionarios habrían informado que Soto también se encontraba en la orden de aprehensión, pero que debido a su condición (paciente oncológico) no iban a proceder en los momentos. Sin embargo, “si denunciaba, la vendrían a buscar”.
Selon le témoignage, les agents ont informé Soto qu'elle faisait aussi l'objet d'un ordre d'arrestation, mais qu'à cause de sa maladie (patiente oncologique) ils n'y procéderaient pas pour le moment ; mais “si elle dénonçait, ils viendraient la chercher”.
La journaliste Luz Mely Reyes a relaté les événements et partagé la vidéo avec le témoignage de Soto :
#LiberenaLuisCarlos Ella es @Naky. Es paciente oncológica. Su esposo,, el periodista y activista de DDHH fue detenido este #11Mar por el Sebin. Naky estará en unas horas en la sede de la Fiscalia exigiendo libertad plena para LC. ( Hilo con la historia) pic.twitter.com/M3m6p0c7A2
— Luz Mely Reyes (@LuzMelyReyes) March 12, 2019
#LibérezLuisCarlos Elle, c'est Naky. Elle est une malade du cancer. Son mari, le journaliste et militant des droits humains [Luis Carlos Díaz] a été arrêté le 11 mars par le SEBIN. Naky sera dans quelques heures au siège de la Fiscalia (les bureaux du procureur) pour exiger la totale liberté pour Luis Carlos. (Fil détaillé)”
Quelques heures plus tard, Soto était accompagnée par les membres de Provea, le SNTP et d'autres soutiens. Dans son témoignage public, elle a dénoncé la ‘détention arbitraire” de Díaz, ajoutant :
“Nous exigeons sa complète remise en liberté et nous voulons demander à la Commission des droits humains à Caracas de nous aider à savoir comment il va physiquement et psychologiquement.”
Naky Soto, esposa del periodista Luis Carlos Díaz, asegura que el activista fue detenido usando como prueba un video alterado de una publicación hecha por él. “El acta dice que lo capturaron en flagrancia y el iba en su bicicleta. No hay manera de acusarlo de lo que intentan”. pic.twitter.com/exbHZygFTC
— SNTP (@sntpvenezuela) March 12, 2019
Naky Soto, l'épouse de Luis Carlos Díaz, a assuré que le militant a été arrêté avec pour preuve une vidéo retouchée fabriquée à partir d'une autre qui avait été partagée par lui [sur les médias sociaux)]. “Le procès-verbal dit qu'il a été pris en flagrant délit, alors qu'il circulait sur sa bicyclette. Ils ont beau essayer, il n'y a aucun moyen de l'accuser.”
A 15h heure locale le 12 mars, Díaz était toujours en garde à vue et n'était officiellement inculpé de rien.
La communauté Global Voices continuera à suivre les développements de l'affaire et à rester solidaire de Luis Carlos et de sa famille.