@DigiAfricanLang: Kọ́lá Túbọ̀sún, déjà une décennie au service du yorùbá et de ses locuteurs, du 20 au 26 mars 2019

Photographie fournie par Kọ́lá Túbọ̀sún.

En 2019, dans le cadre d'une campagne de célébration de la diversité linguistique sur les réseaux sociaux, nous avons décidé d'inviter des militants linguistiques africains à piloter le compte Twitter @DigiAfricanLang et à partager leur expérience sur la revitalisation et la promotion des langues africaines. Kọ́lá Túbọ̀sún (@kolatubosun) nous explique ce qu'il a l'intention de discuter pendant sa semaine.

Rising Voices (RV) : Pouvez-vous nous parler de vous ?

My name is Kọ́lá Túbọ̀sún (I began to put diacritics on my name as a permanent feature in 2015 after we released the free tonemarking software for Yorùbá/Igbo for Mac and Windows). I am a linguist and creative writer (with interest in travel writing, journalism, and poetry). I’m currently a Miles Morland Scholar, working on a nonfiction book, while leading a team at YorubaName.com working on a couple of language, lexicography, and documentation tools, and another at Google working on Natural Language Processing.

Je m'appelle Kọ́lá Túbọ̀sún (j'ai commencé à mettre les accents sur mon nom de façon systématique en 2015, quand nous avons lancé un logiciel gratuit pour marquer la tonalité [fr] du yorùbá et de l'igbo sur Mac et Windows). Je suis linguiste et écrivain avec un intérêt pour les récits de voyage, le journalisme et la poésie. J'ai reçu la bourse Miles Morland, je suis en train d'écrire un livre tout en dirigeant une équipe à YorubaName.com sur des outils linguistiques de lexicographie et de documentation, et une autre chez Google sur le traitement automatique du langage naturel.

RV : Quel est l'état actuel de votre langue sur et en dehors d'Internet ?

Yorùbá, like most Nigerian languages suffered a setback with the economic downturn of the early eighties to late nineties. Publications ceased in the language, and most parents bought into the idea that exclusive English language education was the path to success, so they stopped speaking their languages at home.All of this, along with other forms of neglect by policy makers subsisted until the internet came to add insult to injury, so to speak. Not much was published online in the language until recently, with the arrival of the BBC Nigerian language services, and before then YorubaName.com, and a few other platforms. Online, it was hard to write the language because there were no (free) tools to apply diacritics to Yorùbá, which are important for disambiguation, but also because millennials who grew up with the deficiency in their knowledge of the language found no reason to use it. So we’re at a stage where I and many others believe that all our indigenous languages are threatened or endangered. I mean, we don’t even know how many people speak any of the languages we have.

Comme la plupart des langues nigérianes, le yorùbá a souffert de la crise économique des années 80 et 90. Les publications dans cette langue ont cessé. Beaucoup de parents ont adhéré à l'idée qu'une éducation exclusivement anglophone ouvrirait la voie vers le succès et ont arrêté de parler leurs langues natales à la maison. Tout ceci, couplé à d'autres formes de négligence par les décideurs, a subsisté jusqu'à ce qu'Internet vienne retourner le couteau dans la plaie, pour ainsi dire. Très peu de contenu a été publié sur Internet en yorùbá jusqu'à récemment, avec l'arrivée de la BBC en langues nigérianes et avant ça, avec YorubaName.com et quelques autres plates-formes. C'était difficile d'écrire pour Internet en yorùbá parce qu'il n'y avait aucun outil (gratuit) pour mettre les accents, qui sont important pour éviter toute ambiguïté, mais aussi parce que la génération Y, qui a grandi avec un faible niveau dans sa langue, n'a vu aucune raison de l'utiliser. Et donc aujourd'hui, nous sommes à un stade où moi et beaucoup d'autres croyons que nos langues autochtones sont menacées d'extinction. Je veux dire, nous ne savons même pas combien de gens parlent les langues que nous avons.

RV : Sur quels sujets allez-vous communiquer sur le compte @DigiAfricanLang ?

I plan to talk and think through some current challenges we have in language use, attitudes, and documentation on the continent; and share some progress in our work, and plans for the future. I also hope to meet people in other parts of the continent doing similar things, and engage in relevant conversations on our work and directions.

Je veux réfléchir et parler de certains des défis actuels en ce qui concerne l'utilisation de la langue, les attitudes, et la documentation sur le continent. Je veux partager certains progrès faits dans nos travaux et nos projets pour le futur. J'espère aussi rencontrer des gens d'autres régions du continent qui font des choses similaires et nous engager dans des conversations pertinentes sur notre travail et la direction que nous prenons.

RV : Qu'est-ce qui motive votre militantisme linguistique pour le yorùbá ?

It started as being personal: I couldn’t put tone marks on words and on my name. And the more I probed, the more I realized that the people in charge of the web and other software applications never cared, because the innovations they worked with always needed to have commercial impetus. But now, having been in it for over a decade, I’m motivated for the community. There are thousands of people, and thousands of languages, that can be helped by the creation of digital tools and solutions. It has economic implications for us as a people. If you can use an ATM in a local language, then people who speak that language can put their money in the bank, and become part of the digital economic universe. If we can create tools for disabled people, which can speak to them in their local languages — or to which they can speak in the local language — then they feel more integrated in modern life, in society. So I’m motivated because language is life. Empowering our languages empowers us all. But most of all, I’m motivated by the pleasure I get from the work I do.

Ça a commencé de façon personnelle : je ne pouvais pas mettre les accents sur les mots ni sur mon nom. Et plus j'ai cherché, plus j'ai réalisé que ceux qui sont responsables du web et de logiciels s'en moquaient complètement : les innovations avec lesquelles ils travaillaient devaient toujours avoir une impulsion commerciale. Mais aujourd'hui, après plus d'une décennie, je suis motivé pour ma communauté. Des milliers de gens et des milliers de langues  peuvent bénéficier de la création d'outils et de solutions numériques. Il y a des implications économiques pour tout un chacun. Si vous pouvez utiliser un distributeur de billets dans une langue locale, alors les gens qui la parlent peuvent mettre leur argent à la banque et faire partie de l'univers économique numérique. Si nous pouvons créer des outils pour les personnes en situation de handicap et qui peuvent leur parler dans leurs langues natales (ou à qui ils peuvent parler dans leur langue natale) alors ils se sentiront plus intégrés dans la vie moderne, dans la société. Donc je suis motivé parce que la langue, c'est la vie. Donner du pouvoir à nos langues nous donne du pouvoir à nous tous. Mais avant tout, je suis motivé par le plaisir que je ressens dans le travail que je fais.

RV : Qu'espérez-vous pour votre langue ?

I hope it not only survives, but that it thrives — in as many domains as English and other world languages currently do.

J'espère qu'elle ne fasse pas que survive, mais qu'elle prospère, dans autant de domaines que l'anglais et d'autres langues du monde le font actuellement.

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