‘Rêves opposés : La politique du local’: pour une prise de conscience par l'art des problèmes sociaux au Népal

OppositeDreams

Une des oeuvres de l'exposition ‘Rêves opposés : La politique du local’. Photo de l'auteur, utilisée avec autorisation.

Le collectif de six artistes népalais ArTree Nepal s'est donné pour mission de faire percevoir les questions sociales aux communautés, et de promouvoir un dialogue approfondi grâce à leur pratique d'art contemporain. Ils ont ainsi soulevé des sujets pertinents, comme, entre autres, la grève de la faim du Dr. Govinda KC pour une réforme du secteur médical, l’émigration de travail de la jeunesse népalaise, les discriminations fondées sur la caste et l'ethnicité, et la traite des êtres humains.

La performance artistique convaincante de Hitman Gurung et Mekh Limbu en soutien au Dr. KC avec Artree

En mars 2019 ainsi qu'en octobre-novembre 2018, ils ont exposé leur travail sous le titre ‘Rêves opposés : La politique du local’ montrant comment l'histoire du Népal a exclu du récit les populations marginalisées, défavorisées et autochtones.

Le collectif a écrit sur Facebook :

For hundreds of years, the mainstream historical narrative of Nepal has excluded the stories and experiences of numerous marginalized, underprivileged and indigenous communities. Although there have been sporadic instances of vocal demands and protests for an equal representation of diverse identities, cultures, languages, and religions, the state has consistently and strategically oppressed them.

The exhibition, ‘Opposite Dreams: The Politics of Local’, draws attention to these problematic social hierarchies and invasive international influences. It attempts to highlight the misuse of power and state sponsored violence by focusing on acutely localized situations with an empathetic eye. By using an anthropological perspective and inquiring the socio-physical environments, the exhibition seeks to unfold these deeply entrenched unjust laws.

Depuis des siècles, le récit historique dominant du Népal exclut les histoires et le vécu de nombreuses communautés marginalisées, défavorisées et autochtones. Bien qu'il y ait eu des exemples sporadiques de revendications et protestations bruyantes pour une représentation égale des diverses identités, cultures, langues et religions, l’État les a invariablement et stratégiquement opprimées.

L'exposition “Rêves opposés : La politique du local” attire l'attention sur la problématique de ces hiérarchies sociales problématiques et des influences internationales invasives. Elle veut éclairer le mauvais usage du pouvoir et la violence sponsorisée par l’État en se focalisant sur des situations extrêmement localisées avec un regard d'empathie. A partir d'une perspective anthropologique et d'une enquête sur les environnements socio-physiques, l'exposition cherche à déplier ces lois injustes profondément enracinée.

L'exposition “Rêves opposés” met au défi l’ “histoire népalaise dominante” telle que nous la connaissons, telle qu'on nous l'enseigne, celle à laquelle on nous a fait croire. C'est remarquable de voir de tels discours critiques se produire de façon accessible ! Convaincue, l'art peut faire mieux que les mots !

Regardez quelques œuvres :

Mahendra Mala

‘Mahendra Mala’ par Subas Tamang. Photo de l'auteur, utilisée avec autorisation.

L'installation de l'artiste Subas Tamang ‘Mahendra Mala’ plonge dans les chapitres du livre népalais du même nom, qui a promu une religion unique, une langue unique et une culture unique. Il a minutieusement gravé les chapitres sur des ardoises utilisées pour les toitures à la campagne. Les ardoises sont recto-verso, avec des chapitres du livre sur une face, les autres composant le titre du livre.

L'artiste a expliqué à Global Voices que “un jour, un Danphe (l'oiseau national du Népal, le lophophore) a picoré les grains laissés à sécher au soleil par les Lamas, les Tamangs”. Détaillant un des récits du livre, il ajoute : “Les Lamas chassèrent l'oiseau vers le nord. En hiver, les Lamas descendent dans le Terai plus doux, mais le Danphe, craignant les Lamas, ne s'aventura plus jamais dans le Terai, les plaines du sud. L'information donnée dans le livre lui-même est erronée. Le Danphe est un oiseau himalayen qui vit dans les Himalayas, et les Lamas sont présentés comme cruels de nature”.

DeatthOfCivilization

‘Mort de la civilisation’ par Bikash Shrestha. Photo de l'auteur, utilisée avec autorisation.

Dans ‘Mort de la civilisation’, Bikash Shrestha a gravé la place Basantapur Durbar sur des pièces de bois et en a passé des parties au bulldozer laissant d'énormes traces de pneus.

Dans ‘Comment j'ai oublié ma langue maternelle’, Mekh Limbu présente un ensemble de livres lus par son père. L’œuvre met en exergue comment l'enseignement a promu uniquement le népalais, ce qui a fait oublier aux autres leurs langues vernaculaires.

Masinya

‘Masinya’ par Lavkant Chaudhary. Photo de l'auteur, utilisée avec autorisation.

L’œuvre ‘Masinya’ de Lavkant Chaudhary creuse la question de la caste dans laquelle le peuple des Tharus a été regroupé en Masinya Matwali (buveurs d'alcool pouvant être réduits en esclavage). Sur une suite de treize poteries d'argile gravées, l'artiste explique comment la catégorisation, la réforme agraire, la pulvérisation de DDT dans le Terai, et l'afflux de population des collines ont tout pris aux Tharus. Il a expliqué à Global Voices : “Parmi les treize poteries, j'ai gravé le contenu du rapport d'enquête de l’incident deTikapur incident sur ces trois. Les Tharus ont été pris pour cible dans l'incident et le gouvernement n'a toujours pas rendu public le rapport”.

Hit Man Gurung, dans son œuvre ‘Combien de fois je dois le brûler’, a réuni des articles d'opinion sur différentes manifestations et révolutions contre les dirigeants qui ont eu lieu au Népal, les a brûlés et photographiés. Par les caractères, toujours visibles sur les journaux brûlés, il veut véhiculer le message que tant qu'il y aura des problèmes et des inégalités dans la société, il y aura des rancœurs qui deviendront des manifestations et des révolutions.

‘Colonisation culturelle’, de Sheelasha Rajbhandari, montre les robes traditionnelles portées par les autochtones Tharus, Newars et Gurungs ornées d'étiquettes contrefaites des marques internationales célèbres. L’œuvre interroge la mentalité de la jeune génération qui se sont mortifiée de porter les tenues traditionnelles mais mais revêt sans hésiter les copies des marques authentiques.

Les œuvres de trois membres du groupe, Mekh Limbu, Sheelasha Rajbhandari et Hit Man Gurung, seront exposées au Musée d'ethnologie de Vienne du 11 avril au 6 novembre 2019.

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