Journée d'élections sans internet au Bénin

Interrupteur ON / OFF dans un ascenseur. Photo : Andrew Huff. [Creative Commons (CC BY-NC 2.0)/ Flickr, 20 janvier 2007]

En se réveillant le 28 avril, prêts à voter aux élections parlementaires béninoises, les votants n'ont pas pu recourir à WhatsApp ou Facebook pour communiquer mutuellement, ni pour rechercher des informations sur la localisation des bureaux de vote.

Ces importantes plateformes, et plusieurs autres, dont Twitter, Instagram, Telegram et Viber, se sont éteintes à l'aube. A 11 heures du matin, 99,5 pour cent des connexions internet étaient devenues inactives, plongeant ce pays d'Afrique de l'Ouest dans une coupure d'internet au niveau national qui s'est prolongée jusque tard dans la nuit.

Les mouvements de droits humains et les observateurs électoraux étaient consternés mais non choqués par la panne, qui paraît avoir été orchestrée par le gouvernement sortant.

Les nouvelles lois électorales soutenues par l'équipe en fonctions du Président Patrice Talon ont réorienté la politique au Bénin, marquée jusqu'à cette année par le multipartisme. Mais sous les nouvelles dispositions qui ont remonté le seuil de participation électorale des partis, seuls deux partis ont été en mesure de présenter des candidats à l'élection du nouveau parlement. Deux partis alignés de près sur le président.

Dans la période précédant l'élection, une série de manifestations publiques — qui ont défié une interdiction totale des rassemblements de rue — ont été dispersées par les forces de l'ordre qui ont recouru aux lacrymogènes et aux matraques pour briser la contestation. Amnesty International a rapporté que de nombreux leaders de l'opposition ont été arrêtés pendant les manifestations.

Les militants d'un internet ouvert : Media Foundation for West Africa, Internet Sans Frontieres, CIPESA, Access Now, Global Voices (Afrique sub-saharienne) et d'autres encore ont condamné la coupure dans une déclaration commune :

Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, interprète officiel du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, souligne dans l’Observation générale no. 34 que les restrictions à la liberté d’expression en ligne doivent être strictement nécessaires et proportionnées pour atteindre un objectif légitime. [7] Les coupures Internet ont un impact disproportionné sur tous les utilisateurs et limitent inutilement l’accès à l’information et aux communications des services d’urgence, à des moments cruciaux. Les coupures ne sont ni nécessaires, ni efficaces pour atteindre un objectif légitime, car elles sèment souvent la confusion et encouragent plus de gens à se joindre aux manifestations publiques.

Nous vous appelons respectueusement à

  • Veiller à ce que l’accès aux réseaux sociaux, soit rétabli
  • Re-confirmer publiquement votre engagement à maintenir l’Internet et à informer le public de toute perturbation
  • Encourager les fournisseurs de services de télécommunication et de l’Internet à respecter les droits de l’homme par le biais de la divulgation publique de politiques et de pratiques affectant les utilisateurs.

Parlant à Internet Sans Frontières,l'auteur et militante béninoise Mylène Flicka du média Irawo a relevé que :

Couper l'Internet le jour des élection ne fait que jeter plus de suspicion sur un processus électoral déjà entaché. Le Bénin a aujourd'hui une performance très médiocre en termes de démocratie.

Toutes les connexions internet ont été rétablies dans la matinée du 29 avril. Les opérations de vote étaient déjà terminées.

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