Inde : Rahul Gandhi démissionne après sa défaite aux élections législatives

Rahul Gandhi, tête de file de l'opposition indienne, in 2017. Photographie via Wikipedia par BlakeShramster. CC BY-SA 4.0

Le 3 juillet 2019, le chef de l'opposition indienne Rahul Gandhi a annoncé sa démission de la présidence du plus vieux parti politique du pays, le Congrès national indien (INC), après avoir perdu les élections législatives de mai. Bien qu'elle ait présenté un front unifié sous la forme du Mahagathbandhan [en] (grande alliance), l'opposition a vu Narendra Modi, candidat du parti d’extrême-droite, le Bharatiya Janata Party (BJP), reprendre son poste de Premier ministre dans une victoire écrasante.

La démission de R. Gandhi a provoqué une crise de pouvoir au sein du parti vieux de 134 ans. À travers tout le spectre politique, les citoyens imaginent ce que cette décision pourrait signifier pour le futur du parti.

Rahul Gandhi, aussi surnommé “le politicien timide”, a affirmé que sa démission était cruciale pour la future croissance du Congrès et a assumé la responsabilité de la défaite électorale.

C'est un honneur pour moi que de servir le Parti du congrès, dont les valeurs et les idéaux forment la pierre angulaire de notre belle nation.
Je dois au pays et à mon organisation une formidable dette de gratitude et d'amour.
Jai Hind.

Dans une déclaration de quatre pages publiée sur Twitter, Gandhi écrit :

“I was born a Congressman, this party has always been with me and is my lifeblood and forever that way it shall remain. Rebuilding the party requires hard decisions and numerous people will have to be made accountable for the failure of 2019. It would be unjust to hold others accountable but ignore my own responsibility as President of the party.”

Je suis né homme du Congrès, ce parti a toujours été avec moi, est mon moteur, et le restera pour toujours. Reconstruire le parti exige des décisions difficiles et beaucoup de gens devront assumer la responsabilité de l'échec de 2019. Il serait injuste de tenir les autres responsables et d'ignorer ma propre responsabilité en tant que Président du parti.

Pour certains experts, R. Gandhi, l'arrière-petit-fils du premier Premier ministre indien Jawaharlal Nehru, a décrit un futur sinistre pour l'Inde, et a accusé N. Modi “d'écraser la voix du peuple indien” en sapant les institutions démocratiques et en déchirant le tissu social laïc indien par la diffusion d'une forme violente de nationalisme hindou.

Gandhi, dont les trolls des médias sociaux et les dirigeants du parti au pouvoir se moquent souvent, dit vouloir continuer de se battre pour les idéaux de l'INC et qu'il serait disponible pour avis et conseils. Il affirme plus loin que l'INC, parti libéral de gauche, doit se transformer radicalement pour combattre le BJP de Modi.

“Where they see differences, I see similarity. Where they see hatred, I see love. What they fear, I embrace,” Mr. Gandhi wrote. “The attack on our country and our cherished Constitution that is taking place is designed to destroy the fabric of our nation.”

Où ils voient des différences, je vois des similitudes. Où ils voient de la haine, je vois de l'amour. Ce qu'ils craignent, je l'adopte. L'attaque de notre pays et de notre Constitution bien-aimée, qui est en train d'avoir lieu, a pour but de détruire la fabrique de notre nation.

Les élections indiennes

Les élections législatives indiennes de 2019 ont été le plus grand processus démocratique au monde. Narendra Modi s'est servi [fr] du nationalisme et de la sécurité comme d'un bouclier pour combattre les promesses économiques de R. Gandhi aux communautés socialement marginalisées. Les attaques terroristes dans le Cachemire indien, suivies par l'attaque, diffusée par les chaînes de télévision, de Modi sur Balakot [fr], au Pakistan, ont aidé le BJP à décimer l'INC dans les urnes.

Le nombre de crimes contre les musulmans et les Dalits ont augmenté ces dernières années. De nombreux musulmans ont été lynchés pour avoir consommé du bœuf ou pour en avoir été accusé sur une rumeur. Bien que Modi ait condamné quelques incidents, d'autres cas ont été ignorés, ou bien les accusés ont été soutenus par des membres du BJP.

Rahul Gandhi a tout d'abord suggéré sa démission le 25 mai 2019, après avoir perdu son siège d’Amethi et que l'INC n'a pas réussi à rassembler le nombre de sièges minimum requis (dix pour cent) pour mener l'opposition. En revanche, le BJP de Narendra Modi a gagné 303 sièges, cimentant ainsi sa position de géant politique dans la sphère politique indienne.

En protestation à la démission de Gandhi, 130 dirigeants de l'INC ont aussi récemment démissionné en solidarité. La décision de Gandhi a divisé les médias sociaux et India Today a lancé un blog en direct des réactions publiées.

La commentatrice politique et contributrice à Global Voices Sanjukta Basu a exprimé sa consternation sur Twitter :

Ceci m'a donné la larme à l’œil. C'est le début d'une fin. Au revoir Rahul. Au revoir le Congrès. Au revoir Nehru. Au revoir la nation dans laquelle je suis née.

L'écrivain Anand Ranganathan se moque de la lettre de Gandhi :

Demandez à Rahul Gandhi de soumettre sa lettre de démission de quatre pages à JNU [Jawaharlal Nehru University, NdT] en tant que thèse de doctorat. Je suis à peu près certain qu'elle serait acceptée et qu'il aurait son diplôme. L'université a accepté pire ces derniers temps.

Rien ne me ferait plus plaisir que de voir un Dr. devant son nom.

Dr. Gandhi.

Pour la journaliste Angushukanta :

Un être humain moral est essentiellement seul dans un monde violemment immoral. La lettre de démission de Rahul Gandhi est une critique du pouvoir que notre État fasciste, nos institutions et nos médias vont masquer. L'Inde n'a aucun espoir tant qu'elle n'internalise pas le message de la lettre de RG.

La célèbre journaliste Barkha Dutt a, elle, twitté :

Une bonne chose que Rahul Gandhi se soit montré cohérent à propos de sa démission, mais sans élections au CWC [Congress Working Committee, NdT], la prochaine personne que le Comité choisira ne sera qu'une figure de proue, rendant le processus du changement complètement dénué de sens.

Anand Sharma est un dirigeant de l'INC :

La déclaration du président du Congrès Rahul Gandhi dans sa démission a fait vibrer une corde sensible chez des millions de travailleurs membres du Congrès dans tout le pays. Le CWC, tous les dirigeants seniors du Congrès et les travailleurs auraient voulu le voir continuer.

Sam Bhonsle, de Chandigarh, a écrit :

Monsieur, votre lettre de démission est la plus grande claque dans la figure du BJP, en tant que personne qui a agi justement, elle-même, plutôt que le parti ou le pays.
Je suis fier de vous Monsieur.

Le parti se trouve maintenant à la croisée des chemins : qui dirigera ce parti autrefois influent vers le futur ?

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