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Le Mozambique criminalise le mariage des enfants

Catégories: Mozambique, Droit, Droits humains, Education, Femmes et genre, Gouvernance, Médias citoyens
Mozambique school girls' dorm | by Mr.Fink's Finest -- Photos is licensed under CC BY-NC-SA 2.0 [1]

Écolières du Mozambique. Photographie de Mr.Fink's Finest, CC BY-NC-SA 2.0.

Le 18 juillet, l'Assemblée nationale de la République du Mozambique a adopté une loi criminalisant le mariage entre un adulte et une personne de moins de dix-huit ans.

La nouvelle loi stipule [2] qu'un adulte qui épouse un enfant ou un adolescent sera puni d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à douze ans et qu'un membre de la famille qui oblige l'enfant à accepter le mariage encourt une peine pouvant aller jusqu'à huit ans.

Avec l’approbation de la loi, les membres des organisations de la société civile, qui réclamait une telle loi pendant depuis des années, ont échangé des accolades et des sourires.

Le taux de mariages précoces du Mozambique est l'un des plus élevés au monde. Une étude réalisée par le Southern Africa Network against Child Trafficking [Réseau d'Afrique australe contre la traite des enfants, NdT] classe le Mozambique au onzième rang mondial pour le taux d'unions précoces et au second rang parmi les pays d'Afrique australe.

Les statistiques [3] officielles indiquent qu'environ 500 000 femmes mozambicaines âgées de vingt à vingt-quatre ans se sont mariées avant l'âge de dix-huit ans et environ 57 000 avant l'âge de quinze ans.

Selon plusieurs études, le mariage prématuré est un facteur décisif de l'arrêt de la scolarisation des filles. Cela les expose également à des maladies sexuellement transmissibles telles que le SIDA ou la fistule obstétricale, qui contribue à la mortalité maternelle et infantile.

Kino Fernando Caetano, président du Parlement des enfants, une organisation civique travaillant avec des enfants et des adolescents du Mozambique, a déclaré:

A lei recentimente aprovada constitui uma grande alegria e vitória para as crianças e a sociedade moçambicana no geral. A lei é resultado de um verdadeiro esforco conjunto, que envolveu o Governo de Moçambique (MGCAS), a Assembleia da República e a Sociedade Civi (CECAP).

La loi récemment adoptée est une victoire pour les enfants et la société mozambicaine en général. La loi est le résultat d'un véritable effort impliquant le gouvernement du Mozambique (MGCAS), l'Assemblée de la République et la société civile (CECAP).

Les difficultés après l'approbation de la loi

S'adressant à Global Voices, Dércio Chiemo [5], enseignant local et militant social, a souligné que si la loi est une victoire pour tous les acteurs œuvrant à l'éradication des mariages précoces, les communautés qui continuent cette pratique auront besoin de soutien :

É uma vitoria para as organizações que se uniram e lutaram para que essa proposta de lei fosse aprovada. É também uma grande vitoria para todas aquelas vozes e gritos que não se faziam ouvir: gritos de raparigas que foram obrigadas a se casar prematuramente, sem a sua vontade sem o seu consentimento, sem ser ouvidas. […]

[Mas] Não podemos pensar que [pelo] facto de existir essa lei os casamentos prematuros vão parar, isso demostra que a partir de hoje temos que começar a trabalhar para que as pessoas tenham o conhecimento da lei e com isso ajudar a diminuir ou mesmo acabarmos com os casamentos prematuros.

C'est une victoire pour les organisations qui se sont unies et qui se sont battues pour que cette loi soit adoptée. C'est aussi une grande victoire pour toutes ces voix et ces cris ignorés des jeunes filles qui ont été forcées de se marier prématurément, sans leur consentement, sans avoir été écoutées […]

[Mais] Nous ne pouvons pas penser que [seulement] parce que cette loi existe, les mariages prématurés prendront fin, cela montre qu'à partir d'aujourd'hui nous devrons commencer à travailler pour que les gens connaissent la loi et contribuent ainsi à réduire ou même à faire cesser les mariages précoces.

Pour Júlio Mutisse [6], licencié en droit de l'Université Eduardo Mondlane, le problème des mariages précoces va au-delà de la simple question juridique, car il est nécessaire de comprendre le phénomène dans son ensemble :

O desafio é grande gente. Ultrapassa a aprovação da lei.  Tal como eu vocês estão cientes que o país tem muitas e boas leis com medidas sérias sobre determinados comportamentos mas continuamos a assistir a esses comportamentos recorrentemente.

É um bom passo sim, mas há que entender este fenômeno e atacar suas causas. Por que é que o casamento estava regulado do jeito que estava antes? Como era a sociedade? Este fenômeno é novo? Temos que trabalhar nas causas e com muita acuidade.

Le défi est grand. Cela va au-delà de l'approbation de la loi. Comme nous le savons, notre pays a beaucoup de bonnes lois prévoyant des mesures sérieuses concernant certains comportements, mais nous continuons être témoins de leur violation à maintes reprises.

C'est un pas dans la bonne direction, mais nous devons comprendre le phénomène t nous attaquer à ses causes. Pourquoi le mariage a-t-il été réglementé comme avant ? Comment était la société ? Ce phénomène est-il nouveau ? Nous devons travailler sur les causes et avec une grande acuité.

Alors que Fernando Moiane [7] déclarait que le principal problème résidait dans les coutumes et les habitudes culturelles des Mozambicains :

Precisamos sim combater os casamentos prematuros mas eu acho que o parlamento fez pouco o tpc pos [sic] esta lei nao encontra suporte naquilo que é a cultura , usos e custumes dos Mocambicanos [sic]. Para me [sic] esta lei esta condenada ao fracasso pos [sic] nao [sic] reflete nada ao conjunto de usos e custumes seculares do povo africano no geral e Mocambicano [sic] em particular.

PS: preparem as cadeias para irem recolher todos os homens de Chibuto, Homuine, mutarara, macomia etc.

Oui, nous devons lutter contre les mariages précoces, mais je pense que le Parlement a fait peu et que cette loi ne soutient en rien la culture, les us et coutumes des Mozambicains. Pour moi, cette loi est vouée à l'échec car elle ne reflète pas l'ensemble des us et coutumes séculaires des peuples africains en général et mozambicain en particulier.

PS : Préparez les chaînes pour arrêter tous les hommes de Chibuto, Homuine, Mutarara, Macomia, etc.