Des jeunes de seize à vingt-deux ans suivent une formation technique de deux à trois ans, avec diverses spécialisations possibles comme les techniques de refroidissement, un cours très demandé dans ce climat tropical. Ce département de l’école a acheté une machine à glace et vend de la glace aux pêcheurs locaux. Ces revenus sont essentiels à la survie de cette formation.

Religion, raison et affection

Bruno Ratsimanohatra explique le principe pédagogique des écoles Don Bosco, « le système préventif » basé sur trois piliers cruciaux : religion, raison et affection. « Ici, enseignants et élèves vivent ensemble ». Ces valeurs fondamentales ne font pas obstacle à la discipline, et les élèves montrent un grand respect envers leurs professeurs. Le sport et le jeu ont également toute leur place, contribuant certainement à canaliser l’énergie des élèves.

Le directeur parle avec mépris du système répressif des écoles publiques, mais voit une évolution encourageante. Maintenant que plus de 2 500 anciens élèves travaillent désormais dans l’enseignement public, le système tout entier est en train de changer.

© Jago Kosolosky

Actuellement, il en coûte aux élèves 18 000 ariary par mois (moins de 5 euros) pour se rendre à l’école. « Environ 80.000 francs malgaches », dit M. Ratsimanohatra. L’ariary malgache, mis en circulation un an après l’indépendance du pays en 1960, a définitivement remplacé le franc en 2005.

La plupart des prix à Madagascar sont exprimés sur une base mensuelle, même pour les frais d’inscription scolaire. Dans un pays frappé par la pauvreté (en 2012, plus de soixante-dix pour cent de la population vivait sous le seuil de pauvreté), la vision à long terme est un luxe. Madagascar est l’un des dix pays les plus pauvres du monde, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant d’environ 400 euros en 2017. En comparaison, le PIB par habitant de la Belgique était de 38 700 euros la même année.

Ces frais d’inscription relativement bas ne sont possibles qu’avec l’aide d’une assistance étrangère. Les écoles Don Bosco à Madagascar reçoivent un soutien de la Belgique grâce à VIA Don Bosco, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui, en 2017, a ainsi investi plus de 445 000 euros dans des projets à travers le pays. Cet argent provient du gouvernement belge et de ses ressources propres tels que les dons et les legs. L’école s’adapte et ceux qui ne peuvent payer font parfois des petits boulots pour compenser les sommes manquantes, bien que l’école doive parfois renvoyer certains élèves. Son directeur envisage de mettre en place une formation plus courte, qui ne durerait que quelques mois, « car la majorité des élèves veulent gagner de l’argent et souhaitent donc travailler rapidement ».

“J'étudie pour pouvoir être avec mes enfants”

Bahadouraly Christiana Haingonirina suit déjà une formation plus rapide à l’école mixte Don Bosco, gérée par les Sœurs de Don Bosco à Mahajanga et également soutenue par VIA Don Bosco. Elle étudie la pâtisserie afin de pouvoir vendre des pâtes.

Mme Haingonirina est une étudiante atypique. Âgée de 35 ans, elle élève seule ses trois enfants. La formation dure trois mois, au cours desquels elle suit deux jours de cours par semaine. « Chaque jour comprend deux heures de théorie et quatre heures de pratique. J’étudie afin de pouvoir travailler chez moi, avec mes enfants ». La formation lui coûte 25 000 ariary, soit un peu plus de 6.50 euros par mois.

Bahadouraly Christiana Haingonirina avec ses enfants. © Jago Kosolosky

Que s’est-il passé entre Mme Haingonirina et son mari ? Elle hausse les épaules et rit comme si cette question paraissait insolite. N’a-t-elle pourtant pas affirmé qu’elle élevait seule ses enfants ? « Il a décidé de partir, je ne pouvais pas l’en empêcher ». Là où règne la pauvreté, les hommes fuient leurs responsabilités familiales, comme s’il s’agissait d’une loi naturelle. Elle a obtenu du tribunal que son mari contribue financièrement à la vie de leurs enfants. Les 65 euros versés chaque mois aident la famille à survivre tant bien que mal. « Je vais aussi à l’école pour pouvoir éduquer mes enfants moi-même par la suite ».

Football et piano

Derrière l’un des grands hangars dans lequel les élèves de Bruno Ratsimanohatra suivent les cours, se trouvent Amsine (vingt ans) et Elersene (vingt-et-un ans). Les deux amis sont originaires du même village, à environ une journée de bateau de Mahajanga, et suivent la même formation en techniques de refroidissement. Les élèves se disent ravis de leurs cours, et commencent à se détendre. « Vous ne pouvez pas nous aider à trouver du travail en Europe ? Je suis un bon joueur de football et lui, il joue du piano. »

Le déséquilibre des pouvoirs entre eux et moi, qui n’ai que quelques années de plus qu’eux, me préoccupe. En tant que journaliste étranger, je me distingue en parlant français mais aussi par mon apparence physique. Quelques jours plus tard, des orphelins s’enfuient à ma vue. Les habitants de Madagascar sont très petits et maigres, et je fais clairement peur à certaines personnes. « Pouvez-vous nous aider ? ». J’explique à Amsine et Elersene qu’aller à l’université est une bonne idée. Je ne me souviens même plus lequel est footballeur et lequel, pianiste.

© Jago Kosolosky

Het bezoek aan Madagaskar werd mogelijk gemaakt door VIA Don Bosco, een Belgische ngo die in het land projecten steunt om kansarme jongeren te begeleiden naar waardig werk en een beter leven.

La visite à Madagascar a été rendue possible par l’ONG belge VIA Don Bosco, qui soutient des projets visant à aider les jeunes défavorisés à trouver un travail décent et à avoir une meilleure qualité de vie.