Des voitures de luxe du flamboyant vice-président Tindorin Obiang vendues aux enchères pour financer le développement en Guinée équatoriale

Capture d'écran d'un reportage France 24 consacré à Obiang disponible sur YouTube

Connu pour son train de vie fastueux, le vice-président équatoguinéen Teodoro Nguema Obiang Mangue vient d'essuyer un revers juridique et politique suite à la saisie et la vente aux enchères par les autorités suisses de 25 de ses voitures de luxe. Les produits de cette vente seront destinés à financer des programmes de développement dans un pays où la majorité de la population survit avec moins d'un dollar par jour.

Également connu sous le nom de Tindorin, l'homme politique a longtemps bénéficié d'une solide protection qui lui a permis d'échapper à la justice suite à de nombreuses accusations de détournement de fonds publics. Il est en effet fils du Président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui gouverne le pays d'une main de fer depuis plus de 40 ans.

Toutefois, après des années d'impunité, la justice internationale a fini par entamer des procédures dans plusieurs pays comme le rapporte l'organisation non-gouvernementale de défense des droits humains, Human Rights Watch (HRW) dans son rapport 2019.

Une des conséquences de cette enquête mondiale a été, le 29 septembre la vente aux enchères à Genève de vingt-cinq voitures de luxe qui ont généré plus de 18 millions de dollars.

Le site coupsfrancs.com donne les détails de cette vente aux enchères:

Sept Ferrari, cinq Bentley, une Maserati et une Aston Martin figurent au catalogue de cette vente aux enchères qui a lieu le 29 septembre à Genève. Ce trésor est estimé à plus de 17 millions d’euros avec quelques pépites : les lots les plus chers sont deux hypercars, une Lamborghini Veneno Roadster blanc cassé, vendue autour de 5 millions d’euros, et une Ferrari hybride jaune d’une valeur de 2,5 millions d’euros…

On ne compte pas le parc automobile des autres pays européens et de la Guinée Équatoriale où Teodorin collectionne tous types de véhicules et motos de luxe.

Pour ce qui est de l'utilisation de ces fonds, le site africanews.com explique la procédure:

Geneva prosecutors said in February that they had closed an inquiry into Teodoro Nguema Obiang for money laundering and misappropriation of public assets with an arrangement to sell the cars to fund social programmes in the west African state.

Les procureurs de Genève ont annoncé en février qu'ils avaient clôturé une enquête sur Teodoro Nguema Obiang pour blanchiment d'argent et détournement de biens publics, avec un accord prévoyant la vente des voitures pour financer des programmes sociaux dans cet état d'Afrique de l'Ouest.

Cascade d'ennuis internationaux

L'étau s'est resserré sur Obiang en 2017. En France, il a été condamné en octobre 2017 pour blanchiment d'argent principalement à une peine de 3 ans de prison et une amende de 30 millions d’euros avec sursis, ainsi qu'à la confiscation intégrale de ses biens saisis sur le territoire français, d’une valeur estimée à plus de 150 millions d’euros, comme l'indique le site transparency-france.org. Le procès pour l'appel de ce jugement aura lieu en décembre 2019.

Lire aussi: Teodorín N. O. Mangue, fils du président équato-guinéen face à la justice à Paris

La même année, il a été appréhendé à son arrivée au Brésil pour ne pas avoir déclaré une somme importante en liquide. Comme le signale le blogueur Hippolyte Gourmantier sur confidentielafrique.com tout ne s'est pas déroulé comme il l'escompait:

La police fédérale brésilienne a saisi près de 1,5 million de dollars en espèces dans une valise et des montres de luxe d’une valeur estimée à 15 millions de dollars dans une autre appartenant au Vice-Président.

Un pays aux larges ressources rongé par la corruption

La Guinée équatoriale est troisième producteur d'Afrique subsaharienne de pétrole pour une population de 1.2 million d'habitants. Mais ce potentiel économique ne profite pas à sa population: selon la Banque africaine de développement pendant la période 2015-2018, “le PIB réel de la Guinée Équatoriale a baissé de près de 29 %, après quatre années consécutives de récession due à la chute des prix pétroliers et à l’absence de diversification de son économie. En 2017, son économie dépendait des hydrocarbures pour 56 % de son PIB, pour 95 % de ses exportations et 80 % de ses recettes fiscales”.
Le principal problème est la corruption: dans l'indice de perception de la corruption pour l'année 2019 de Transparency International, la Guinée équatoriale occupe la 172ème place sur 180 pays pris en considération. Théoriquement, le revenu par habitant devrait être de 7,050 dollars américains, d'après une étude de la Banque mondiale. Pourtant, la majeur partie de la population vivant dans une pauvreté extrême. L'espérance de vie à la naissance qui était de 57,65 ans en 2014, est en dessous de la moyenne africaine qui est environ de 59,60 ans. Le journaliste environnementaliste sénégalais Moctar Ficou signale sur vivafrik.com que Bata, la plus grande ville de Guinée équatoriale est privée d’eau courante depuis plus de trois semaines.

Une telle situation explique pourquoi de nombreux citoyens équatoguinéens quittent leur pays. Dans un billet l'opposant équatoguinéen Abeso Ndong Salomon dénonce la dictature impitoyable, la corruption et la mauvaise gestion des biens publics, qui ont fait fuir 250 000 équato-guinéens de leur pays:

Rappelons pour rafraîchir la mémoire du Président OBIANG, que la migration des 250.000 équato-guinéens est due à la dictature, à la chasse aux opposants pratiquée par le régime depuis 39 ans qui les ont conduit à s'exiler pour ne pas se faire assassiner ou voler tous leurs biens…
La corruption pratiquée par le régime du président OGIANG a vidé et dilapidé les ressources du pays qui ne peut profiter au peuple en raison du fait que cette richesse est aspirée par la famille présidentielle pour son seul profit.
C'est dans dans ce contexte que Teodorin Obiang serait pressenti pour succéder à son père. Fin novembre 2018, il aurait déjà présidé son premier Conseil des ministres, d'après un billet de Rodrigue Loué publié sur fr.africanews.com. Et comme le note le blogueur ivoirien Stéphane Blankson:
ll se trouvera des personnes pour défendre ce type de personnes au nom du panafricanisme et de la lutte contre l'impérialisme et du néocolonialisme ainsi qu'au nom de la souveraineté des pays africains.

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