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“À chaque maison, son heurtoir”. Ce que racontent les portes de Carthagène des Indes en Colombie

Catégories: Amérique latine, Caraïbe, Colombie, Arts et Culture, Histoire, Médias citoyens, Voyages

Fort de San Felipe de Barajas [fr] [1], Carthagène des Indes, Colombie. Photo de l'auteure.

Carthagène des Indes [fr] [2] en Colombie est connue pour ses vues à couper le souffle notamment ses fortifications historiques, construites à l'époque coloniale espagnole pour la protéger des nombreuses attaques de pirates et de corsaires venus d'Europe. La ville est la forteresse la plus infranchissable d'Amérique du sud et des Caraîbes.

Porte du quartier historique de Carthagène des Indes.  Photo de l'auteure.

On peut presque dire que Carthagène des Indes est un “musée à ciel ouvert rempli de secrets”, comme ceux qui cachent un autre détail caractéristique de la ville : ses heurtoirs, “ces vieux marteaux en métal qui ornaient de nombreuses portes […] avant que n'existent les sonnettes”, d'après le blog de voyages El rincón de Sele (Le coin de Sele) [3]. Qui ajoute plus avant dans le même billet :

Durante siglos fue, sin duda, un símbolo de distinción de tal forma que existía un refrán en español que decía «A tal casa tal aldaba» refiriéndose por completo a términos de clase social y poder. […] Durante la época colonial en América hubo ciudades ricas en la diversidad y laboriosidad de dichas aldabas, siendo una de las más destacadas Cartagena de Indias, en la actual Colombia, la cual formó parte en principio del Virreynato de Perú y a partir del Siglo XVIII del Virreynato de Nueva Granada.

Pendant des siècles ce fut sans aucun doute un symbole de distinction à tel point qu'il existait un proverbe qui disait “A tal casa, tal aldaba” (À chaque maison, son heurtoir) en référence à la classe sociale et au pouvoir. […] À l'époque coloniale en Amérique il y eut de nombreuses villes riches en diversité et qualité d'ouvrage de ces heurtoirs, l'une des plus remarquables étant Carthagène des Indes, dans l'actuelle Colombie, qui faisait partie initialement de la vice-royauté du Pérou et à partir du XVIII° siècle de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade.

Chaque modèle a sa propre signification, expliquée ici sur le site web Fuscia [4] :

La lagartija significaba que era parte o descendiente de la familia real. El león significaba que era parte del mando militar o de la iglesia, casi siempre fueron destinadas para las puertas de las iglesias.

El pescado o figura marina significaba que era un comerciante, la mano se decía que era la mano de la Virgen de Fátima, por ende, era una familia religiosa.

Le lézard signifiait que l'on faisait partie ou que l'on descendait de la famille royale. Le lion signifiait que l'on faisait partie de l'armée ou de l'Église, et était presque toujours destiné aux portes des églises. Le poisson ou les figures marines signifiaient que l'on était commerçant. De la main, on disait que c'était la main de la Vierge de Fátima, par conséquent, c'était une famille religieuse.

Porte du quartier historique de Carthagène des Indes. Photo de l'auteure.Les clous d'ornement métalliques témoignent de la position sociale élevée des propriétaires.  

Ces représentations étaient l'oeuvre de maîtres forgerons qui leur donnaient des formes différentes en fonction de la demande des propriétaires des maisons qui les leur commandaient. Aujourd'hui, les descendants de ces forgerons pratiquent toujours l'activité, comme Jesús Acevedo Pombo, du quartier Getsemaní [5] à Carthagène, qui raconte [6] :

[…] al principio sólo le mandaban a hacer leones, anillos y manos, que eran las figuras clásicas que había en la época de la Colonia.

Ahora, las personas están menos interesadas en seguir con la tradición y se les ha dado por innovar mandando a hacer sirenas, caballitos de mar y hasta cabezas de diablos.

[…] au début, les gens me demandaient seulement de faire des lions, des anneaux et des mains, qui étaient les figures classiques à l'époque de la Colonie. Maintenant, ils sont moins intéressés par la tradition et ils ont décidé d'innover en demandant des sirènes, des hippocampe et même des têtes de diables.

Grâce aux usagers de Twitter, on trouve de nombreuses images de cette symbolique caractéristique de Carthagène des Indes :

Heurtoirs de Carthagène. La beauté des petites choses.

La ville avec les meilleurs heurtoirs d'Amérique du sud : Carthagène des Indes (Photos Instagram)

Les heurtoirs de Carthagène.
L'histoire sociale de la ville coloniale se reflète dans ses élégants heurtoirs. 

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Un proverbe populaire en Espagne dit “A chaque maison, un heurtoir”. Il s'agissait de la pratique consistant à afficher le statut social ou la profession du propriétaire sur sa porte d'entrée grâce au style de son heurtoir.

Voilà une bonne raison d'aller visiter Carthagène des Indes.