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Le réfugié kurde iranien Behrouz Boochani enfin libéré de la détention offshore australienne

Catégories: Océanie, Australie, nauruan, Nouvelle Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Droits humains, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Politique, Réfugiés, Relations internationales
Behrouz Boochani [1]

Behrouz Boochani – image Wikimedia de Hoda Afshar (CC BY-SA 4.0)

Le journaliste et écrivain primé Behrouz Boochani, qu'a fait connaître son récit de première main des conditions [2] dans les centres australiens de détention des immigrants, est enfin libre [3]. Ses sympathisants ont appris avec joie l'arrivée du réfugié kurde iranien en Nouvelle-Zélande.

Boochani avait cherché asile [4] en Australie en 2013 et a été retenu plus de six ans en détention offshore en Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG), d'abord sur l'île de Manus [5] et en dernier lieu [6] à Port Moresby [7], dans le cadre d'un marché entre les deux pays.

Invité en Nouvelle-Zélande dans le cadre d'un festival d'écrivains, Boochani a un visa d'un mois et peut y solliciter l'asile [9]. Bien qu'il ait été accepté comme élément d'un accord [10] contesté de relocalisation avec les États-Unis, il s'inquiète de la lenteur de la procédure et s'est dit [9] pas entièrement confiant.

Le tweet que Boochani a posté à son arrivée en Nouvelle-Zélande a obtenu plus de 16.000 “j'aime” du jour au lendemain :

Je viens d'arriver en Nouvelle-Zélande. C'est tellement formidable de trouver la liberté après plus de six ans. J'ai été invité par le Festival mondial de Christchurch et y participerai à un événement. Merci à tous les amis qui ont rendu cela possible.

Quelques réponses typiques de celles obtenues par son tweet :

La Nouvelle-Zélande prendra soin de vous. J'ai honte que l'Australie non seulement n'a pas pris soin de vous, mais vous a gardé en détention offshore, à l'encontre de nos obligations de droits humains. Et ça pendant six ans. Et qu'ils le font toujours à d'autres.
J'espère que vous trouverez maintenant un peu de paix.

Behrouz, c'est la meilleure nouvelle que j'ai apprise depuis des semaines.
J'ai tant d'espoir que vous trouverez paix et bonheur en Nouvelle-Zélande.
Espérons que vos amis toujours en PNG seront aussi sauvés bientôt.
Vous méritez tous un avenir en sécurité, loin de la torture que vous avez tous endurée.
Bonne chance.

Tellement contente. Profonds chagrin et honte pour la façon dont notre pays vous a traité, et merci pour votre courage et dignité. [Je] suis très impatiente de suivre votre contribution future. Maintenant, nous devons travailler pour les autres sur Manus et Nauru

Avant la fin de 2019, la plupart des réfugiés encore sur l'ïle Manus, estimés à 200 [19], ont été déplacés à Port Moresby, la capitale de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Entre temps, 46 hommes prononcés ‘non-réfugiés’ sont enfermés en rétention [20] à la prison de Bomana. Leur sort est apparemment entre les mains du gouvernement de la PNG.

Bien que leur nombre [22] exact soit difficile à déterminer, quelque 500 réfugiés — dont beaucoup s'y trouvent depuis 2013 — sont toujours dans l’État indépendant de Nauru [23] dans le cadre de la politique de traitement délocalisé de l’Australie.

Dans un entretien [24] avec Fred Petrossian pour Global Voices en août 2019, Boochani décrivait certains des effets de la détention illimitée :

Le temps est ce qu'il y a de plus important pour décrire ce système. Les gens qui sont envoyés en prison connaissent la longueur de leur peine, mais nous non, et nous ne savons pas quand nous pourrons quitter cet endroit. Ça crée une véritable torture mentale.

Le gouvernement australien rejette de façon répétitive les propositions du gouvernement néo-zélandais de prendre des réfugiés de Manus et de Nauru, sous le prétexte que cela créerait un appel d'air pour les arrivées par bateau ; les réfugiés dans ce cas sont interdits [26] d'installation en Australie.