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Des photographes chiliens reprennent le flambeau pour témoigner des violations des Droits de l'homme dans leur pays

Catégories: Chili, Droits humains, Manifestations, Médias citoyens, Photographie

Photo de l'album “Mesada”, en commémoration du premier mois de révolte en 2019 au Chili. Avec l'autorisation de l'auteur.

Au Chili en 1981, sous la dictature de Augusto Pinochet, soutenue par les États-Unis [fr] [1], un groupe de photographes, dont Paz Errázuriz [fr], [2] avait créé l'Association des photographes indépendants [fr] [3] (AFI) pour documenter visuellement les violations des Droits de l'homme dans les rues de la capitale, Santiago.

Près de 30 ans plus tard, lors des manifestations étudiantes [4] de 2011 à 2013 dans tout le Chili, un nouveau groupe de photographes professionnels et amateurs a fait revivre ce nom et a créé AFI Santiago avec les mêmes objectifs. Le groupe dispose d'une vaste galerie de photos publiées dans les médias sociaux et sur leur page Facebook [5] qui témoignent des divers conflits en cours. Dans une interview par mail avec Rodrigo Segovia, membre du groupe, AFI Santiago déclare que son objectif est de “créer des médias indépendants, cohérents et véridiques avec la communauté nationale et internationale, en semant dans les esprits des générations futures la graine qui éveillera en eux une plus grande conscience et un plus grand respect envers les droits fondamentaux des hommes”.

AFI Santiago a récemment publié un album [6] intitulé “Mesada” pour commémorer le premier mois du soulèvement actuel, provoqué par les inégalités économiques. La répression policière a fait 23 morts et des milliers de blessés [7] dans tout le Chili jusqu'à présent.

Nous publions ci-dessous ces photos de AFI Santiago (avec leur autorisation) qui couvrent la période allant de leurs débuts à nos jours.

Photo de 2012 d'un jeune “weichafe” (guerrier) affrontant la police militaire avec un lance-pierres lors d'une récupération de terres mapuche. Publiée avec autorisation.

Joven mapuche se enfrenta con un carro policial de las Fuerzas Especiales en el Ex Fundo La Romana. El pueblo mapuche lleva más de quinientos años resistiendo. Progresivamente desde la llamada “Pacificación de la Araucanía” del siglo XIX, se los fue despojando de sus tierras. Latifundistas extranjeros, grandes empresas forestales y termoeléctricas han usurpado su territorio y destruido su ecosistema. Hoy, las comunidades en resistencia mantienen una gran lucha reivindicativa que los lleva a enfrentarse a sangre y fuego contra el estado chileno y los capitales extranjeros para defender su cosmogonía, su cultura y sus tierras ancestrales.

Un jeune Mapuche [fr] [8] affronte un véhicule des forces spéciales de l'armée sur l'ancienne hacienda La Romana. Le peuple mapuche résiste depuis plus de cinq cents ans. Depuis la soi-disant “Pacification de l'Araucanie [fr] [9]” au XIX° siècle, il a été dépouillé de toutes ses terres. Des latifundistes (propriétaires terriens possédant d'immenses exploitations agricoles) étrangers, de grandes entreprises forestières et thermoélectriques ont usurpé leur territoire et détruit leur écosystème. Aujourd'hui, les communautés en résistance mènent un combat revendicatif qui les oblige à lutter par le feu et par le sang contre le gouvernement chilien et les capitaux étrangers pour défendre leur cosmogonie, leur culture et les terres de leurs ancêtres.

Arrestation d'un étudiant pendant les manifestations des écoles secondaires en 2013. Publié avec autorisation.

Manifestation de l'Association des familles de détenus-disparus (AFDD) devant le palais présidentiel chilien, demandant que le gouvernement publie davantage d'informations sur les détenus et les personnes disparues sous la dictature de Pinochet (2016). Publié avec autorisation.

El compromiso de verdad, justicia y reparación parecen esconderse tras los muros de una administración que no avanza en poner fin a la impunidad y a las garantías que hoy tienen los violadores a los Derechos Humanos en Chile.

Les engagements en faveur de la vérité, la justice et les réparations semblent s'abriter derrière les murs d'une administration qui se décide pas à mettre fin à l'impunité et aux garanties accordés aujourd'hui aux auteurs de violations des Droits de l'homme au Chili.

Des familles font la cuisine en commun pour partager avec ceux qui manifestent pour le droit à la terre. Publié avec autorisation.

Photo d'une manifestation en 2019 à Osorno, Chili, tirée de l'album “Mesada” (2019). Publiée avec autorisation.

Al cumplirse un poco más 30 días del levantamiento social en Chile, son miles las imágenes que han dado la vuelta al mundo mostrando como un pueblo fue capaz de despertar al sonido de los estudiantes que nos enseñaron que “Evadir” es una forma válida de lucha y que al compás de las cacerolas, más de 1 millón de personas pueden marchar libremente a la sombra de nuevas banderas.

La frase: “Porque nos robaron todo, incluso el miedo”, se establece como única estrategia de enfrentamiento civil hacia las balas de un sistema represivo que se niega a oír los sonidos de la calle. Elegir nuestro propio destino es la base de cambio estructural que la primera línea no esta dispuesta a tranzar.

Chile cambió en un mes y lo hizo para siempre.

Este es un homenaje a quienes murieron, fueron torturados, abusados, desaparecidos y perdieron su vista en esta lucha de transformación social. A todos ellos, sus familias y un país entero, nuestro respeto y compromiso a través de estas imágenes.

Un peu plus de 30 jours après le début de la révolte sociale au Chili, des milliers d'images ont fait le tour du monde en montrant comment le peuple s'est soulevé aux cris de ses étudiants, qui nous ont appris que “l'évasion massive” [passer sous les portiques du métro sans payer] est une manière efficace de se battre et qu'au rythme des casseroles, plus d'un million de personnes peuvent défiler librement sous de nouvelles banderoles. La phrase : “Parce qu'ils nous ont tout volé, même la peur”, devient l'unique stratégie d'affrontement civil contre les balles d'un système répressif qui refuse d'entendre ce qui vient de la rue. Choisir notre propre destin est la base du changement structurel que ceux qui sont en première ligne ne sont pas disposés à négocier. En un mois, le Chili a changé et il a changé pour toujours. Ceci est un hommage à ceux qui sont morts, qui ont été torturés, maltraités, qui ont disparu et ont perdu la vue dans ce combat pour le changement social. Pour tous ceux-là, pour leurs familles et pour le pays tout entier, ces images sont la marque de notre respect et de notre engagement.