À la veille du Nouvel An lunaire, la Chine a desserré l'étau autour des “rumeurs” concernant le coronavirus de Wuhan

Le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a souligné avec une infographie que le nouveau virus n'était pas le SRAS. Capture d'écran.

L’article d'origine a été publié le 22 janvier 2020.

Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers de pages en anglais.

Alors que plus de 400 millions de Chinois se préparaient à accueillir la nouvelle année lunaire le 24 janvier [fr], l’un des plus importants déplacements saisonniers au monde, les premières rumeurs d'une nouvelle forme de coronavirus se confirmaient à l'échelle mondiale et, bien qu'à contrecœur, à Pékin.

Des rumeurs circulent en Chine depuis la mi-janvier 2020 au sujet d’une épidémie virale, initialement détectée dans la ville de Wuhan [fr], dans le centre du pays. Jusqu'à tout récemment, les médias sociaux chinois ne mentionnaient pas le virus (populairement connu sous le nom de coronavirus de Wuhan), en raison de lois strictes du gouvernement central régissant la diffusion des “fausses nouvelles”.

Cependant, alors que des millions de voyageurs se préparent à rendre visite à leurs familles dans tout le pays pendant les vacances, la crainte d’une propagation de la maladie s’accroît, après que le nombre de cas confirmés a triplé pour atteindre plus de 200.

Le coronavirus de Wuhan est une nouvelle souche virale qui provoque une pneumonie et, dans les cas les plus graves, une insuffisance respiratoire Le premier cas a été signalé le 8 décembre 2019 [zh], bien qu’un document officiel publié par les autorités sanitaires de Wuhan concernant le virus mystérieux n’ait commencé à circuler en ligne que le 30 décembre. Le 31 décembre, la Commission nationale de la santé de la République populaire de Chine s’est rendue à Wuhan pour enquêter sur la situation. Ce n’est qu’à ce moment-là que les médias chinois ont été autorisés à couvrir l’épidémie de Wuhan.

À la fin décembre, les autorités ont signalé 27 cas, dont 7 patients dans un état grave. La majorité des 27 patients déclarés infectés en décembre avaient travaillé au marché des produits frais de Wuhan Huanan, où sont vendus des animaux sauvages sont vendus. Le marché a été fermé le 1er  janvier. En outre, le 31 décembre, les autorités sanitaires de Wuhan [zh] ont déclaré qu’aucun cas de transmission humaine n’avait encore été enregistré.

Comme l’origine du virus provient très probablement d’animaux sauvages, certains internautes l’ont associé à l’épidémie de SRAS [fr] en 2003 qui avait causé 774 décès dans 37 pays. D’autres “rumeurs” ont également circulé en ligne, affirmant que les autorités sanitaires de Wuhan n’avaient pas isolé les patients présentant des symptômes mineurs et que, de ce fait, il y a eu des transmissions interhumaines.

Les autorités chinoises ont commencé à réprimer ce qu'elles considèrent comme des rumeurs “inquiétantes”. Au moins 8 internautes ont été interrogés [zh] par la police de Wuhan le 1er janvier 2020, et de nombreux autres ont vu leurs comptes bloqués pour “propagation de rumeurs”.

De nombreux internautes étaient indignés [zh] par ce qu'ils considèrent comme un camouflage par les autorités :

民眾傳謠還不是(因)官方一天了都沒有說法,這也怪大家嗎?我說話的權利沒有,連知道真相,恐慌自救的權利還沒有嗎?

Des rumeurs ont circulé parce que les autorités n’ont pas expliqué la cause de l’épidémie, comment pourriez-vous blâmer les gens pour cela ? Je n’ai pas le droit de parler, je n’ai pas le droit de connaître la vérité, n'ai-je même pas le droit d'être en sécurité ?

Le 7 janvier, des experts médicaux ont confirmé que la pneumonie de Wuhan était causée par un nouveau coronavirus qui n’avait jamais été détecté auparavant dans le corps humain. Selon un groupe de scientifiques chinois, le virus est, en fait, plus étroitement lié aux souches prélevées des chauves-souris qu’au SRAS ou au MERS.

Le 9 janvier, le virus a causé un premier décès à Wuhan. Le 13 janvier, le Japon et la Thaïlande ont confirmé des cas de patients qui s’étaient récemment rendus en Chine.

Pourtant, il semble que les autorités sanitaires chinoises se soient davantage préoccupées de contrôler la panique que la propagation de la maladie. Le 18 janvier, dans une infographie publiée par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, le gouvernement a déclaré que le nouveau virus n’était pas le SRAS et que “la transmission entre les humains était limitée”.

Les internautes chinois disent qu'ils sentent une certaine pression pour éviter d'attirer l’attention sur de nouveaux cas sur les réseaux sociaux. Un utilisateur de la plate-forme chinoise Weibo [fr] a déclaré avoir été tagué par des robots et des patriotes après avoir mentionné sur son mur sa préoccupation face à la situation.

Le 19 janvier, une autre “rumeur” affirmait que certains agents de santé d’un hôpital de Guangzhou, une province côtière du sud, avaient été contaminés par le coronavirus de Wuhan, bien que l’hôpital ait démenti cette rumeur sur son site internet. Le Global Times, le journal officiel du Parti communiste, a également confirmé que ces faits n'étaient pas avérés.

Le 20 janvier, la Télévision Centrale Chinoise a interviewé [zh] le Dr Zhong Nanshan, un éminent pneumologue qui a découvert le coronavirus du SRAS en 2003, qui a confirmé qu'il y avait 14 travailleurs des médias affectés par le virus à Wuhan, dont un dans un état critique.

Le virus de Wuhan est devenu un sujet d’actualité majeur sur diverses plateformes de réseaux sociaux. Enfin, le public chinois a eu le droit d’exprimer ses inquiétudes justifiées au sujet de ce nouveau virus.

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