L’article d'origine est paru sur Global Voices le 1er février.
[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt]
En décembre 2019, lorsque la Chine a été confrontée à la première épidémie du nouveau coronavirus (2019-nCoV) [fr], le gouvernement a décidé de mettre la ville de Wuhan en quarantaine avec 13 autres villes voisines de la province du Hubei.
Cette mesure a touché plus de 40 millions de personnes, des citoyens chinois comme des étrangers, dont près de 500 jeunes pakistanais qui étudient à Wuhan. Au 29 décembre, quatre d'entre eux avaient déjà testé positif pour le coronavirus. Le 30 janvier 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la pandémie était une urgence internationale de santé publique.
Le coronavirus qui survient généralement chez les animaux, a évolué au point qu'il a infecté l'homme, comme cela a été observé dans le cas d'épidémies antérieures du syndrome respiratoire aigu sévère [fr] (SRAS) et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). Il existe quatre autres souches du coronavirus parmi les sept connues qui provoquent des symptômes respiratoires bénins semblables à ceux d'un rhume.
Voyager devient un problème
Le 28 janvier, au moment où un étudiant pakistanais en provenance de Wuhan est arrivé à Karachi, il a été placé dans une unité d’isolement d’un hôpital privé. L’étudiant, identifié uniquement comme Arsalan, sera en observation pendant 14 jours.
L’ampleur croissante de l’épidémie a rendu difficile le départ d’autres personnes. Près 150 Pakistanais ont été bloqués plusieurs jours à l’aéroport d'Ürümqi, dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays. Tariq Rauf, qui étudie en Chine pour son doctorat, a mentionné dans une vidéo que la communauté pakistanaise était bloquée à Ürümqi parce que les vols vers le Pakistan ont été annulés.
Comme de nombreux autres pays, le Pakistan a annulé tous les vols à destination et en provenance de la Chine jusqu’au 2 février 2020, date à laquelle les autorités devraient réévaluer la situation et de décider comment procéder. [Mise à jour : les vols ont été rétablis le 3 février]
Les étudiants font appel à leur gouvernement
Les étudiants pakistanais bloqués dans la province de Hubei se sont tournés vers les réseaux sociaux pour demander au gouvernement du Pakistan de les évacuer ; un hashtag #EvacuatePakistaniStudents [#Evacuez les étudiants pakistanais] circule également.
Sur Twitter, Umar Bhutto, originaire de Karachi, a raconté les difficultés de son frère et de ses amis :
My elder Brother & other Pakistani students requesting to government of Pakistan to help them out from China due to corona virus. There are other several Pakistani Students who are in Stuck In China. Kindly Do Something for our Pakistani Students. :”(#coronarovirus @ImranKhanPTI pic.twitter.com/FfBI1K47BG
— Umar Bhutto ?? (@umarbhutto50) January 30, 2020
Mon frère aîné et d'autres étudiants pakistanais demandent au gouvernement pakistanais de les aider à quitter la Chine à cause du coronavirus. Il y a d'autres étudiants pakistanais bloqués en Chine. S’il vous plaît, faites quelque chose pour eux.
Dans la vidéo, Bhutto explique que lorsque les étudiants bloqués ont contacté l’ambassade du Pakistan à Pékin, les responsables leur ont conseillé de s'adresser aux autorités supérieures. Ils ont donc réalisé la vidéo pour faire appel au gouvernement pakistanais et pour informer le public de leur situation.
Partout sur les réseaux sociaux, il y a eu d'autres appels similaires :
please raise the issue of #pakistani students being stranded in #Wuhan#coronarvirus#EvacuatePakistaniStudentspic.twitter.com/CcmfwNIdHs@imrankhanPTI @SMQureshiPTI@sayedzbukhari @ForeignOfficePk@bolnetwork
— Abdullah (@Abdullah_575757) January 30, 2020
S'il vous plaît, abordez problème des étudiants pakistanais bloqués à Wuhan.
Toutefois, le ministère pakistanais des Affaires étrangères a tweeté :
#coronavirus vigilance:
Regular contact and updates being sought from Chinese authorities. Our Embassy reaching out extensively to all our students and nationals. Chinese universities have ensured free meals to all students and regular monitoring of students’ health.
1/2— Spokesperson ?? MoFA (@ForeignOfficePk) January 28, 2020
Contrôle du Coronavirus:
Nous avons des contacts réguliers et des mises à jour des autorités chinoises. Notre ambassade contacte tous nos étudiants et citoyens. Les universités chinoises garantissent des repas gratuits aux étudiants et surveillent régulièrement leur santé.
Cependant, pour certains, cela ne suffit pas. Hazrat Ali, un étudiant pakistanais vivant à Wuhan, a publié une vidéo prouvant que l'Inde était en train d’évacuer ses étudiants de la Chine :
India evacuating their students from a university in wuhan..And our politicians rejected to evacuate us and making excuses. Don’t make excuses that no one is evacuating their students and don’t make Pakistani fool @iihtishamm @ImranKhanPTI @zfrmrza @SMQureshiPTI pic.twitter.com/7fMr1lhYxL
— Hazrat Ali (@Hazrat__Ali) January 31, 2020
L’Inde évacue ses étudiants d’une université de Wuhan. Et nos politiciens refusent de nous évacuer et se trouvent des excuses. Ne nous faites pas croire qu'aucun pays n'évacue ses étudiants, ne nous prenez pas pour des idiots.
Dans la vidéo, il exprime sa frustration sur le fait que le gouvernement pakistanais n’aide pas ses étudiants bloqués, alors que d’autres pays voisins, comme le Bangladesh et l’Inde, commençaient à évacuer leurs ressortissants de la province d’Hubei.
Aucun plan d'évacuation
Il y a peu de chances que le Pakistan suive l’exemple de ces pays. Le 31 janvier, le sénateur Seemi Ezdi du Mouvement du Pakistan pour la justice (Pakistan Tehreek-e-Insaf, PTI) a reconnu que, bien que la décision du gouvernement de ne pas évacuer les étudiants « semble difficile, […] ils recevront de meilleurs soins et traitements en Chine ». Il craint que le Pakistan ne soit pas suffisamment préparé pour fournir les soins médicaux dont les patients atteints de coronavirus auraient besoin.
À l’appui de cette position, Zafar Mirza, assistant spécial du Premier ministre chargé des services de santé nationaux, a déclaré : « Nous pensons qu’il est préférable pour nos proches en Chine d’y rester. C’est pour le plus grand bien de la région, du monde et du pays que nous ne les évacuons pas maintenant ».
Pendant ce temps, le premier lot de kits de dépistage du coronavirus, donnés par le Japon, est arrivé à l'Institut national de la santé du Pakistan (NIH) à Islamabad. L’expédition de ces kits a permis aux employés du secteur de la santé d’analyser au moins 1 000 échantillons suspects pour le nouveau coronavirus.
Peur et désinformation au Pakistan
Malgré le refus du gouvernement d’évacuer les étudiants pakistanais, le fait qu’il y ait un grand nombre de citoyens chinois au Pakistan — ainsi que des voyages fréquents entre les deux pays — suscite des craintes chez les Pakistanais.
Le port de Karachi (KPT) a pris des mesures pour mettre en quarantaine le personnel des navires chinois et sud-est asiatiques afin d’enrayer la propagation du coronavirus, mais de fausses informations continuent de se répandre.
Par exemple, une rumeur selon laquelle le gouvernement du Pendjab aurait émis un avertissement contre la consommation de viande de chèvre pendant soixante jours a circulé ; les autorités l’ont démenti, mais le faux avertissement s’est quand même répandu comme un feu de forêt sur les réseaux sociaux. Dans un autre cas, une fausse annonce urgente indiquait que le ministère de la Santé du Pakistan aurait conseillé d’éviter les endroits très fréquentés.
Certains ont publié des commentaires et des mèmes faisant peu de cas des victimes du virus, allant jusqu'à suggérer que celui-ci était une vengeance d’Allah en réponse à l'interdiction du niqaab [fr] en Chine, et à la répression contre les musulmans ouïghours. Dans le même temps, ces messages sous-entendent que les Pakistanais, étant des musulmans, seront protégés. La religion officielle du Pakistan est l’islam ; plus de 96% de la population est musulmane :
#coronarovirus #كورونا
China Once Said “Niqaab Is Banned” Now #Chinese are wearing Masks same as “Niqaab”
Power Of Allah . .
#coronavirusuk #Pakistan pic.twitter.com/EyIjZhFDcy— Muhammad Osman?? (@inketweets) January 31, 2020
La Chine a déclaré une fois que «Le niqaab est interdit ». Maintenant, les Chinois portent des masques comme un niqaab.
La puissance d’Allah.
Alors que les Pakistanais bloqués dans la province d’Hubei s'efforcent de faire face à la situation, leurs familles attendent impatiemment de les retrouver sains et saufs.
Consultez le dossier spécial de Global Voices sur les répercussions du coronavirus de Wuhan [fr].