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L'Organisation mondiale de la santé décriée pour la lenteur de sa réaction face au COVID-19

Catégories: Asie de l'Est, Chine, Censure, Droits humains, Liberté d'expression, Médias citoyens, Santé, Voyages
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Extrait du rapport de l'Organisation mondiale de la santé du 29 février 2020 sur l'épidémie de COVID-19.

L’article d'origine [2] a été publié le 1er mars 2020.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt]

Depuis l'apparition de l'épidémie de COVID-19 en Chine, les représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'ont cessé de louer les efforts du pays pour contenir la propagation du virus. Mais, alors que le virus s'est étendu à 53 pays avec plus de 6 000 cas confirmés et 86 décès hors de Chine au 29 février 2019 [3] [pdf], les internautes ont pointé du doigt le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour sa prise de position pro-Chine au stade initial de l'épidémie.

À ce jour, près de 500 000 personnes ont signé une pétition en ligne [4] exigeant sa démission.

La Chine encensée

Alors que le nombre de cas de COVID-19 confirmés était en progression, passant de 45 le 17 janvier à plus de 500 le 23 janvier [5] [zh], la Chine a décidé de mettre la ville de Wuhan en quarantaine. À cette date, de nombreux experts de la santé ont tiré la sonnette d'alarme quant à une possible épidémie mondiale mais les membres du comité d'urgence de l'OMS étaient partagés [6] sur la question. Lors d'une conférence de presse, Tedros Adhanom Ghebreyesus a jugé qu'il n'était pas nécessaire de déclencher une urgence de santé publique de portée internationale [7] (USPPI).

Le 28 janvier, Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est rendu en Chine, où il a rencontré le président chinois Xi Jinping [8]. Après ce voyage, il a félicité la Chine pour son « engagement en faveur de la transparence ». Cette attitude contraste avec le rapport des observateurs des droits humains qui ont fustigé la Chine pour ses mesures de censure [9] ayant empêché la diffusion d'informations critiques concernant l'épidémie. En date du 21 février, 416 internautes ont été sanctionnés pour avoir « répandu des rumeurs” sur le nouveau coronavirus ».

Le directeur de l'OMS a repoussé la déclaration d'urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) au 30 janvier [10], tout en insistant sur le fait qu'il n'était pas nécessaire « d'interférer inutilement avec les voyages et le commerce international [11] ».

Le 26 janvier, le maire de Wuhan a reconnu que plus de cinq millions d'habitants avaient quitté la ville [12] avant qu'elle ne soit verrouillée. On redoutait que ceux qui avaient quitté la ville n'aient propagé le virus dans le reste du pays. En moins d'une semaine, le nombre de cas confirmés en Chine est passé [13] à près de 10 000. Alors que de plus en plus de villes annonçaient des mesures drastiques pour contenir le virus, ceux qui pouvaient se le permettre avaient quitté la Chine pour des vacances prolongées dans d'autres pays.

Bien que Xi Jinping ait garanti à Tedros Adhanom Ghebreyesus que la Chine encouragerait l'enquête d'une équipe internationale d'experts constituée de 10 à 15 membres pour faciliter l'étude des origines du virus, le processus a été freiné et la Chine a finalement ouvert ses portes uniquement à une [14]« [11]équipe préliminaire d'experts » [14] constituée de trois fonctionnaires de l'OMS. Les médias sous contrôle de l'État et les plateformes de médias sociaux chinois, comme Weibo et Tiktok, ont largement relayé les extraits sonores [15] dans lesquels l'expert principal de l'OMS, Bruce Aylward, faisant l'éloge [16] de la Chine avec des déclarations telles que « au peuple de Wuhan, il est entendu que le monde entier vous est reconnaissant » et « si j'avais le COVID-19, je demanderais à être soigné en Chine ».

Bruce Aylward a souligné [17] que les stratégies de réactivité immédiate de la Chine se sont révélées efficaces pour endiguer l'épidémie. En même temps, il a reproché à d'autres pays de ne pas avoir pris des mesures similaires. Bruce Aylward a ensuite avoué, lors de la conférence de presse, qu'il n'avait pas été placé en quarantaine après son voyage en Chine au motif qu'il n'avait pas fréquenté de « zone contaminée [18] » à Wuhan.

Le 25 février, un jour après que l'« équipe préliminaire d'experts » a achevé sa mission en Chine, le nombre total de cas de contamination nouvellement confirmés hors de Chine a pour la première fois dépassé le nombre de cas en Chine [19]. Au 27 février, on recensait 4 351 cas confirmés et 67 décès [20] hors de Chine dans 48 pays. En Corée du Sud, le nombre de cas confirmés a dépassé les 3 000 dont 17 décès [21]. L'Italie a signalé plus de 1 000 cas de COVID-19 [22] et 29 décès. La BBC a indiqué que le COVID-19 avait coûté la vie à 210 personnes [23] en Iran.

On se demande pourquoi Tedros Adhanom Ghebreyesus a été peu enclin à déclarer une pandémie.

La « réaction tardive et insuffisante » de l'OMS

Les internautes reprochent à l'OMS son inertie et l'ont transposée en une parodie comme celle-ci :

La légende veut que si vous murmurez le mot « pandémie » 3 fois devant le miroir, Tedros Adhanom y apparaît…

Certains reprochent à Tedros Adhanom Ghebreyesus de prendre position en faveur de Pékin :

Le nombre de morts est en hausse quand on fait confiance à la #Chine_terroriste. Le nombre de morts s'alourdit lorsque l'on se fie au directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Agissent-ils de concert ? C'est à vous de voir.

OMS, cessez les mensonges sur le Parti communiste chinois, vous contribuez à la propagation du virus dans le monde entier. Il est vivement souhaitable de limoger Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.

D'autres ont relevé son discours contradictoire :

Je pense maintenant comprendre ce que Tedros Adhanom Ghebreyesus voulait dire concernant la « conjoncture favorable ».

L'activiste hongkongais Joshua Wong a souligné la lenteur et la piètre réaction de l'OMS sous la direction de Tedros Adhanom Ghebreyesus :

L'ennemi public n°1 n'est pas seulement le virus mais également la réactivité faible et tardive du directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Consultez le dossier spécial de Global Voices sur l’impact mondial du COVID-19 [39].