Les entreprises de technologie étatsuniennes devraient faire pression pour lever les sanctions contre le Soudan

Alignés sur un podium, les jeunes innovateurs soudanais applaudissent en souriant.

Des jeunes Soudanais·es célèbrent la clôture de la Semaine internationale de l'entrepreneuriat au Soudan en 2016. Photo de la Global Entrepreneurship Week, sous licence CC BY-NC-SA 2.0.

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L'année dernière, des citoyen·ne·s soudanais·es ont destitué un régime totalitaire qui régnait depuis plus de 30 ans. Pour les participant·es aux manifestations pacifiques, les plateformes de réseaux sociaux ont été des outils clés pour s'organiser et communiquer leur message au monde extérieur. Ces plateformes, produites par des entreprises étatsuniennes, ont joué un rôle crucial dans la relance de l'économie soudanaise, qui commence à s'appuyer sur Internet pour sa croissance. En effet, les entreprises de technologie étatsuniennes ont tout intérêt à faire pression sur leur gouvernement pour la levée des sanctions économiques contre le Soudan imposées depuis octobre 1997.

Le décret exécutif 13067 [pdf] interdit les transactions avec le gouvernement soudanais. Selon le Bureau du contrôle des avoirs étrangers [pdf] [en anglais Office of Foreign Assets Control, OFAC], cette décision est justifiée par le « soutien continu au terrorisme international, les efforts en cours pour déstabiliser les gouvernements voisins, et la prévalence des violations des droits humains, y compris l'esclavage et le déni de la liberté de religion, qui constituent une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis » de la part du gouvernement soudanais. Il va sans dire que la révolution invalide la plupart de ces conditions.

La société civile soudanaise s'est fortement mobilisée contre les sanctions numériques et technologiques. En 2014, à la suite de longs efforts de plaidoyer soutenus par des groupes étatsuniens de défense des droits technologiques tels que l’Electronic Frontier Foundation, certaines des sanctions ont été assouplies avec la délivrance de l’autorisation générale D [en anglais General licence D] — une étape saluée par de nombreux Soudanais, et qui a eu un impact très positif sur le secteur technologique soudanais.

L'économie numérique du Soudan

On peut envisager l'ampleur de l'économie numérique au Soudan sous des angles multiples. Selon Digital 2019 Sudan [pdf], un rapport compilé par l'agence marketing Kepios Pte. Ltd, l'agence créative We Are Social Ltd, et Hootsuite Inc., la pénétration d'Internet au Soudan est de 28 %, avec 11,82 millions d'utilisateurs en ligne. Des plateformes telles que Facebook, Google et YouTube se classent parmi les cinq sites Web les plus visités du pays, et les espaces de co-travail, les communautés d'innovation, les conférences sur l'entrepreneuriat et autres événements internationaux similaires sont devenus une réalité pour les jeunes innovateurs de la capitale soudanaise, Khartoum.

Au début décembre 2019, le Premier ministre du Soudan, Abdalla Hamdok, a effectué une visite de six jours aux États-Unis pour discuter des questions relatives aux relations soudano-américaines, parmi lesquelles figurait la levée des sanctions. L'un des résultats de cette visite officielle a été le rétablissement des relations diplomatiques, donnant lieu au premier échange d'ambassadeurs en l'espace de 23 ans.

Les sociétés de technologie étatsuniennes telles que Google, Twitter et Facebook devraient faire pression sur Washington pour la levée complète des sanctions contre le Soudan. Une telle décision ne mettra pas seulement fin à une politique injustement punitive qui frappe le pays depuis de nombreuses années, elle signera également l'ouveture d'un nouveau marché important et prometteur pour ces entreprises.

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