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À travers le monde, les professionnel·le·s de première ligne tels que les médecins, les agriculteurs et agricultrices, les commerçant·e·s, les transporteurs, le personnel du secteur humanitaire et les volontaires remplissent un rôle significatif dans la lutte contre le COVID-19. Au Bangladesh, comme dans de nombreux autres pays, ces personnes vivent une situation dramatique sans précédent et sont la cible des critiques.
Its 1 am in Dhaka, #Bangladesh. The night after Bangla New Year, পহেলা বৈশাখ। Our lab team is still in the lab processing #COVID19 samples. So proud of this dedicated team, but also so scared. Such mixed feelings. My heart hurts, constantly. pic.twitter.com/ya6I5j3yTH
— senjutisaha (@senjutisaha) April 14, 2020
Il est 1 heure du matin à Dhaka, au Bangladesh. Le lendemain du Nouvel An bangladais, পহেলা বৈশাখ। notre labo est toujours en activité et traite les échantillons de COVID19. Tellement fière de cette équipe dévouée, mais aussi très inquiète. Tant de sentiments contradictoires. Je souffre constamment.
[Image] Un appel vidéo entre Senjuti Saha et l'équipe du laboratoire. 3 personnes travaillent sur des échantillons prélevés sur des patients. Tous sont protégés par une combinaison, un masque et des gants.
Depuis le 26 mars, le Bangladesh est en confinement et a enregistré une augmentation significative du nombre de cas suite à un renforcement de la capacité de dépistage du pays – le pays recense 2 144 personnes infectées et a enregistré 84 décès au moment de la rédaction de cet article. Toutefois, des inquiétudes subsistent sur le mode de réalisation des tests et sur la sécurité du personnel de santé. De nombreux centres de dépistage ne disposent pas des moyens de base et de nombreux soignant·e·s manquent de formation.
It was reported that Mymensingh Medical college hospital has 6 disorder ventilators. Most of the 61 medical college hospitals in Bangladesh do not have ventilators, lacking of specialized doctors and nurse. Reason is https://t.co/LjkLm1tLe5 COVID patient will be treated.
— Matilal DebRoy (@DebroyMatilal) April 9, 2020
Selon certaines informations, l'hôpital de la faculté de médecine de Mymensingh est équipé de 6 ventilateurs. La plupart des 61 hôpitaux universitaires du Bangladesh n'en disposent pas, faute de médecins et de personnel infirmier spécialisés.
La mort du premier médecin soignant les patients du COVID-19 en première ligne remonte au 15 avril dernier au Bangladesh. À ce jour, plus de 65 médecins et des centaines d'infirmières et autres professionnel·le·s de santé se trouvent en quarantaine au Bangladesh pour avoir été exposé·e·s à des patients infectés et à des personnes asymptomatiques. 40 d'entre eux se sont révélés positifs jusqu'à présent.
Un reportage de la Deutsche Welle rapporte que de nombreux médecins sont restés chez eux lors du confinement et les patients souffrant de pathologies diverses peinent à accéder aux traitements.
La surveillance des professionnel·le·s de santé sur les réseaux sociaux se développe également. Le Bangladesh compte environ un médecin pour 1 847 citoyen·ne·s, et les établissements médicaux des zones rurales y sont moins bien équipés que ceux des centres urbains.
Les professionnel·le·s de santé ont exprimé leur inquiétude depuis le 7 mars dernier, date à laquelle les trois premiers cas de COVID-19 ont été enregistrés dans le pays, quant au manque d'équipements de protection individuelle (EPI) adéquats, qui les expose à un risque plus élevé lorsqu'ils sont en contact avec des patients atteints de COVID-19, même asymptomatiques.
Hope Bangladesh Govt. will realise the importance of PPE for doctors and other health workers, recognise their role and risk, stop threatening them. Salute to all health workers those who sacrificed life and those who are fighting to safe humanity.
— Syed Sultan (@SultanUAhmed) April 10, 2020
Il faut espérer que le gouvernement du Bangladesh prendra conscience de la nécessité de l'EPI pour les médecins et les autres professionnel·le·s de santé, admettra les risques qu'ils et elles encourent et cessera de les menacer. Saluez tous les personnels de santé, ceux qui ont sacrifié leur vie et ceux qui se battent pour protéger l'humanité.
Les tests de dépistage du COVID-19 ont révélé que six employé·e·s de l'Institut d'épidémiologie, de contrôle des maladies et de recherche (Institute of Epidemiology Disease Control And Research, IEDCR) étaient positifs et tous les fonctionnaires de l'agence, y compris sa directrice, auraient été mis en quarantaine. Dans le reste du pays, on signale que des professionnel·le·s de santé sont mis en quarantaine à domicile, et on remet également en question la viabilité et l'efficacité des quarantaines à domicile dans un pays comme le Bangladesh.
Par ailleurs, le 7 avril, le premier ministre Sheikh Hasina reprochait aux médecins les manquements à leur devoir durant la pandémie, affirmant qu’« ils ont un devoir à accomplir ». Le 11 avril, la Direction générale des services de santé (DGHS) suspendait six médecins de l'hôpital Kuwait-Bangladesh Maitree, l'un des hôpitaux chargés de traiter les patients atteints de COVID-19, en invoquant une « négligence ». Certains d'entre eux ont prétendument refusé de soigner des patients contaminés, tandis que d'autres ne se sont pas présentés au travail.
Meanwhile in #Bangladesh the health directorate suspended 6 doctors, said divisional cases will be filled against them for not treating #COVID19 patients! It's a difficult time but can we really force doctors, afraid of their own safety, to treat patients?https://t.co/JvOVHpGDuK https://t.co/irTMG1f60q
— Saad Hammadi (@saadhammadi) April 13, 2020
En attendant, au Bangladesh, la direction de la santé a suspendu 6 médecins et a indiqué que des mesures disciplinaires seront prises à leur encontre pour non traitement des patients atteints de #COVID19 ! La situation est grave, mais pouvons-nous vraiment contraindre les médecins, préoccupés par leur propre protection, à soigner les patients ?
[Image] A l'entrée de l'hôpital Kuwait-Bangladesh Maitree, on distingue une barrière de protection empêchant toute entrée. Quelques personnes marchent sur le trottoir.
En outre, un médecin a également été interpellé pour avoir diffusé sur les médias sociaux un clip audio comportant des rumeurs sur le nouveau coronavirus.
La stigmatisation qui entoure le COVID-19 a accentué les difficultés rencontrées par les professionnel·le·s de santé et les patients atteints de COVID-19, en plus du manque de moyens. Les récits concernant les restrictions d'accès aux logements et les personnes chassées de leurs maisons et jetées à la rue par leurs familles ont choqué la nation. Les habitants de certaines régions du pays se sont opposés à la construction d'hôpitaux d'urgence pour les patients atteints de COVID-19 dans leur région, craignant que la pandémie ne se propage dans leur communauté.
Un internaute a partagé les propos suivants sur Facebook [bn] :
ছোট বোন করোনায় আক্রান্ত,এ ক'দিন উর্দ্ধতন কতৃপক্ষের পরামর্শে হোম কোয়ারান্টাইনে ছিল।উপজেলা কমপ্লেক্সে সাসপেক্টেড কোভিড-১৯ রোগীর স্যাম্পল কালেকশন করতে গিয়ে সম্ভবত এক্সপোজড হয়,পরবর্তীতে রোগীর পজিটিভ আসে।সকালে এ খবর পাওয়ার পর থেকে পুরো পরিবার আল্লাহর কাছে সবর দিয়ে আছি,উনিই ফয়সালার মালিক। আপাতত তেমন শারীরিক অসুবিধা বোধ করছেনা,ওর হাজবেন্ডের (চিকিৎসক) স্যাম্পল ও কালেক্ট করে নিয়ে গেছে,ডিসি স্যার,সিভিল সার্জন মহোদয়ের পরামর্শে সে বাসায় থাকতে চেয়েছিল কিন্তু সম্ভব হয়নি, পিপিই পরা লোকজনের আনাগোনা দেখে সম্মানিত এলাকাবাসী লাঠিসোঁটা নিয়ে তাদের অভুক্ত অবস্থায় বাসা থেকে বের হয়ে যেতে বাধ্য করলো। আফসোস নাই, এমনি হওয়ার কথা ছিল, তাই-না?
Ma plus jeune sœur a contracté le COVID-19 et est restée en quarantaine à domicile, conformément aux recommandations des autorités. Elle a très probablement été exposée alors qu'elle prélevait des échantillons sur un patient dans le complexe d'Upazila. Le résultat du patient était positif. Actuellement, ils ne connaissent aucune difficulté physique, un échantillon prélevé sur son mari a également été recueilli en vue de tester la présence de COVID-19. En voyant les gens en EPI, le voisinage a chassé le couple. Pas de regret, cela devait se passer ainsi, n'est-ce pas ?
Parmi les initiatives susceptibles d'encourager les professionnel·le·s de santé, citons le nouveau régime d'assurance applicable aux employé·e·s de l'État, notamment les médecins, le personnel infirmier et les représentant·e·s de la loi chargé·e·s de la lutte contre l'épidémie du COVID-19, présenté par le Premier ministre le 13 avril. En vertu de ce régime, tous les intervenants sur le terrain, notamment les professionnel·le·s de santé, bénéficieront d'une couverture comprise entre 500 000 Tk (5 432 euros) et 1 million de Tk (10 860 euros) en fonction de leur échelon, qui sera quintuplée en cas de décès.
Par ailleurs, le gouvernement a également réservé des chambres d'hôtel destinées aux médecins et au personnel infirmier exerçant en première ligne pour éviter d'exposer les membres de leur famille au virus.
Consultez le dossier spécial de Global Voices sur l’impact mondial de COVID-19 (en français).