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Liberia : le président George Weah entonne son combat contre le COVID-19

Catégories: Libéria, Action humanitaire, Arts et Culture, Catastrophe naturelle/attentat, Censure, Développement, Droits humains, Gouvernance, Guerre/Conflit, Idées, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Musique, Politique, Santé, COVID-19
Le président George Weah s'exprime à à l'ambassade des États-Unis devant un drapeau du Liberia.

Le président George Weah à l'ambassade des États-Unis à Monrovia, au Liberia. Photo de l'ambassade des États-Unis, domaine public [1].

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt]

Le président libérien George Weah – lauréat du Ballon d'or de football en 1995 – a misé sur son talent de chanteur pour freiner la propagation du COVID-19.

Au 22 avril, on recense 101 cas confirmés de COVID-19 [2] et 8 décès au Liberia.

En collaboration avec des artistes de gospel et des musiciens laïcs libériens prestigieux, George Weah a ainsi enregistré sa chanson dans le but de transmettre « le message d'unité nationale afin d'enrayer la propagation du virus », explique [3] Gary Connaughton :

We're all in this together. The main message being preached throughout the world is that regardless of your own health status, we can all do our bit to stop the spread of the coronavirus. That means staying at home when possible, practicing good hygiene, being able to spot potential symptoms, and staying away from high risk people. It's fairly straightforward stuff, but it can save lives.

Nous sommes tous concernés. Le principal message véhiculé dans le monde entier est que, indépendamment de notre propre état de santé, chacun d'entre nous peut contribuer à stopper la propagation du coronavirus. Cela implique de rester à la maison si possible, de respecter une bonne hygiène, de détecter les symptômes potentiels et de se tenir à distance des personnes les plus exposées. Ces mesures sont relativement simples mais elles permettent de sauver des vies.

L'optimiste de la chanson invite les citoyen·ne·s à se rassembler dans la lutte contre le coronavirus sous la bienveillance de George Weah chantant « tout est possible. [….] soyons solidaires pour affronter cette terrible maladie, maintenant ! »

Ce n'est pas la première fois que George Weah puise dans ses talents de chansonnier comme porte-parole de la nation. Fin 2019, bouleversé par la violence, les mouvements de protestation et les grèves, Weah a sorti un titre intitulé [4] Peace In Our Nation, Peace In Our Land [4], au travers duquel il préconisait des solutions pacifiques pour résoudre les conflits de la nation.

George Weah s'est adressé [5] [pdf] à la nation le 8 avril, évoquant la création du Comité sur les coronavirus (SPACOC) deux mois plus tôt. En outre, il a déclaré un état d'urgence de trois semaines sur tout le territoire libérien à partir du 10 avril 2020, reconductible jusqu'à la fin des risques liés au COVID-19.

Entre autres mesures, George Weah a imposé le confinement à domicile dans quatre comtés. Il a ajouté [5] [pdf] :

Hundreds of thousands of persons around the globe have been infected by [the coronavirus], thousands have died as a result of contracting it, and many more thousands are predicted to die. The disease has overwhelmed more advanced health care systems in many countries, and has brought the economies of several developed nations almost to a complete halt…

Throughout this period, residents may leave home only for essential journeys for reasons of health and food, which should be restricted to your local community only, and be limited to a single person per household for a maximum of one hour.

Partout dans le monde, des centaines de milliers de personnes ont été contaminées par le coronavirus, des milliers ont succombé à la maladie et des milliers d'autres sont encore appelées à mourir. L'épidémie a tenu en échec les systèmes de soins de santé les plus perfectionnés dans de nombreux pays et a quasiment paralysé les économies de plusieurs nations dites développées…

Tout au long de cette période, les habitants sont autorisés à quitter leur domicile uniquement pour des déplacements indispensables liés à la santé et pour se nourrir, lesquels doivent se limiter à votre quartier et à une seule personne par ménage pour une durée maximale d'une heure.

Les travailleurs jugés « essentiels » ont fait l'objet de dérogations.

Les membres du Sénat et de la Chambre des représentants du Libéria ont entériné la déclaration de l'état d'urgence décidée par George Weah le vendredi 17 avril 2020.

L'écrivain Jonathan Browne a évoqué [6] le fonds de secours d'urgence de George Weah destiné à aider les personnes qui sont mises en difficulté par ces nouvelles mesures :

They call for creation of a COVID 19 Emergency Relief Fund that would solicit private donations from individuals, group of individuals, local and international private organizations, business enterprises and any other person interested in assisting the most vulnerable populations of the Republic against the scourge of COVID 19.

Ils demandent la constitution d'un Fonds de secours d'urgence COVID 19 en vue de solliciter des dons privés auprès d'individus, de groupes d'individus, d'organisations privées locales et internationales, d'entreprises commerciales et de toute autre personne désireuse de venir en aide aux populations les plus vulnérables de la République contre le fléau COVID 19.

Selon [7] le journaliste Leroy M. Sonpon, III, les parlementaires ont dépassé le cadre de la demande du président en allouant 25 millions de dollars américains à un programme d'aide alimentaire qui englobera l'ensemble des 15 comtés du Liberia, sous réserve que la priorité soit donnée aux aliments produits localement – ainsi qu'aux populations vulnérables tels que les jeunes, les sans-abri, les résidents des orphelinats, les personnes âgées, les personnes handicapées et les professionnel·le·s de santé.

Combattre le COVID-19 au Liberia

Un puissant mouvement de solidarité a déferlé sur le pays, qui connaît intimement le drame des virus hautement contagieux et notamment celui du virus Ebola [9] en 2014-2016.

La population libérienne a collecté des fonds pour financer les actions menées dans le cadre de la lutte contre l'épidémie du COVID-19 et pour plusieurs campagnes d'éducation et de sensibilisation.

Par ailleurs, la Banque mondiale a immédiatement accordé [10] 7,5 millions de dollars à l'Association internationale de développement (International Development Association, IDA) pour soutenir la riposte du Liberia face à la crise du COVID-19.

Christopher C. Walker explique [11] la production de masques réutilisables, fabriqués localement au Libéria, dans le cadre de l'Initiative pour l'autonomisation du Libéria (Liberia Initiative for Empowerment, LIFE) :

The mask, which is produced in Liberia, would be distributed to hundreds of Liberians and non-Liberians who are residing in Liberia to be used to prevent the virus…

Ces masques, fabriqués au Libéria, seront distribués à des centaines de Libérien·ne·s et de non-Libérien·ne·s vivant au Libéria dans le but de se protéger contre le virus…

La bénévole irlandaise Megan Beare a choisi de rester [12] au Libéria, alors qu'elle pouvait être évacuée :

I am also young and healthy. I feel that staying here is just the right thing for me to do so that we can help as many as we can and try prevent any further spread of COVID-19. It is just four years after Liberians celebrated being free from the Ebola virus that killed 4,800 people here in the first year of that outbreak in 2014.

En outre, je suis jeune et en bonne santé. Il me semble que rester ici est la meilleure chose à faire pour aider le plus grand nombre et empêcher toute nouvelle propagation du COVID-19. Quatre ans seulement se sont écoulés depuis que les Libérien·ne·s ont célébré la victoire contre le virus Ebola, responsable de la mort de 4 800 personnes au cours de la première année de l'épidémie en 2014.

En dépit de la mobilisation, George Weah se heurte toujours à des critiques au Libéria au sujet de la crise économique. Plusieurs manifestations contre le gouvernement [13] se sont déroulées au cours du seul mois de janvier.

Interrogée par le journaliste Andrew Green dans un article [13] publié le 10 janvier, Elizabeth Donnelly, directrice adjointe du programme Afrique à Chatham House, indique que ces manifestations furent « les plus retentissantes au Libéria depuis plus de dix ans ». Elle précise [13] également la position du président : « Héritier d'une situation économique défavorable, le président George Weah est rapidement passé du statut de héros à celui de traître dans l'imaginaire populaire. »

Les manifestant·e·s avaient réclamé le renvoi de l'ensemble des conseillers économiques de George Weah.

Effectivement, tandis que George Weah a été salué pour ses talents de chanteur et les mesures économiques adoptées en réponse au COVID-19, Smart News Liberia constate [14] que les nouvelles et troublantes restrictions, imposées par les autorités libériennes aux médias indépendants, pourraient nuire à la santé publique.

« Seul le radiodiffuseur d'État, l'ELBC (Liberia Broadcasting Corporation), a un libre accès, pour couvrir ce que veut le régime », selon Smart News Liberia.

Consultez le dossier spécial de Global Voices sur l’impact mondial du COVID-19 [15][fr].