
L'intérieur de la gare de Kyoto conçue par Hiroshi Hara. Photo de Nevin Thompson.
L’article d'origine a été publié en anglais le 18 septembre 2019.
[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais, ndlt]
Un fil de discussion populaire sur Twitter met en valeur une architecture postmoderne remarquablement fantaisiste qui perdure au Japon.
Adam Nathaniel Furman, un artiste et infographiste basé à Londres, au Royaume-Uni, a créé un fil de discussion Twitter recensant des dizaines d'exemples d’architecture postmoderne au Japon. Les œuvres architecturales se trouvent sur l'ensemble de l'archipel, de la mégapole de Tokyo aux plus petites communautés sur l'île nord de Hokkaido, en passant par d'autres territoires dans l'entre-deux.
Probably the greatest monument to this era is also one of its last, and I believe the largest, to be completed, Hiroshi Hara’s incomparably spectacular, and overwhelmingly vast Kyoto station, begun in 1990 & finished in 1997
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Photo courtesy of Linus Yng pic.twitter.com/yFN66iLdZQ— AdamNathanielFurman (@Furmadamadam) September 11, 2019
La réalisation majeure de cette période est probablement la gigantesque gare de Kyoto, qui est incomparable et spectaculaire. C'est l'une des dernières œuvres de cette ère, et, à mon avis, la plus grande a avoir été achevée. Les travaux de construction avaient débuté en 1990 pour se terminer en 1997.
Le fil Twitter a déjà été partagé des milliers de fois. Il donne un aperçu assez complet de l'architecture postmoderne durant l'âge d'or de la bulle spéculative japonaise [fr]. Au cours de cette période particulièrement faste, allant des années 1980 jusqu'au début des années 1990, tout le monde, y compris les promoteurs immobiliers, avait beaucoup d'argent à dépenser.
Adam Nathaniel Furman débute son fil Twitter en expliquant que :
[…] Most people associate Japanese design with either cute kitsch or zen-like minimalism, but its much more diverse, & 1 of my particular fav periods was the architecture of its 80-90s boom era; wild, strange & incredibly diverse, & unique in world architectural history
[…] La majorité des personnes associent le design japonais au kitsch mignon ou au minimalisme zen, mais en réalité c'est beaucoup plus varié. Une de mes périodes préférées est l'architecture de l'ère du boom des années 1980 – 1990 : excentrique, étrange, incroyablement diversifiée, et unique dans l'histoire de l'architecture mondiale.
Le fil de discussion expose le travail de quelques-uns des architectes japonais les plus reconnus (tous ne s'identifient pas comme postmodernes), par exemple Hiroshi Hara [fr] et Toyokazu Watanabe.
Toyokazu Watanabe's battleship-like Kamo Culture Hall finished in 1994 pic.twitter.com/OP9GrSqvrP
— AdamNathanielFurman (@Furmadamadam) September 11, 2019
Le Kamo Culture Hall de Toyokazu Watanabe rappelle les formes d'un navire de guerre. Il a été achevé en 1994.
Bunka No Sato, Cultural Centre, Tsushima Island, Nagasaki Prefecture, Japan, Toyokazu Watanabe, 1990
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Image unknown source pic.twitter.com/lp9xwy0Sap— AdamNathanielFurman (@Furmadamadam) September 11, 2019
Bunka No Sato, centre culturel sur l'île de Tsushima, Préfecture de Nagasaki, Japon. Toyokazu Watanabe, 1990. La source de l'image est inconnue.
Igarashi Tarō, critique d'architecture et historien, définit le courant architectural postmoderne sur le site Internet Japan Policy Forum. Il écrit que :
In Japan, the trend for postmodern architecture coincided with the bubble economy. This was a period when strikingly bold forms and daring designs flooded Japanese cities, such as Takamatsu Shin’s Kirin Plaza Osaka and Kitagawara Atsushi’s “Rise.” Peter Eisenman, famous for a relatively small oeuvre of constructed works, was able to build several extremely bold works of deconstructivist architecture in Japan during this period, including the Nunotani Building and the Koizumi Lighting Theater.
Le courant architectural postmoderne coïncide avec la bulle économique au Japon. Au cours de cette période, les villes japonaises étaient submergées d’œuvres au design audacieux et aux formes remarquablement ambitieuses, comme par exemple la Kirin Plaza de Takamatsu Shin et le “Rise” de Kitagawara Atsushi. Peter Eisenman, qui a été rendu célèbre pour une réalisation de taille relativement modeste, a pu réaliser plusieurs œuvres architecturales déconstructivistes extrêmement osées au Japon à cette époque. Il est notamment à l'origine du Bâtiment Nunotani et du Koizumi Lighting Theater.
Shin Takamatsu a également laissé sa marque [fr] dans le paysage urbain japonais :
Shin Takamatsu‘s Imanishi Motoakasaka, Tokyo, from 1991. This one is an absolute mind bender in real life… pic.twitter.com/Q7EO8NGX36
— AdamNathanielFurman (@Furmadamadam) September 11, 2019
L'immeuble Imanishi Motoakasaka (1991) conçu par Shin Takamatsu et réalisé en 1991. Ce visuel est hallucinant et il existe dans la vie réelle …
Adam Nathaniel Furman prouve que chaque recoin du Japon recèle des œuvres d'architecture postmoderne, comme à Kushiro, un port de pêche excentré sur l'île de Hokkaido.
Fishermen's Wharf, Kushiro, Hokkaido, Kiko Mozuna pic.twitter.com/gqN0ZbCeSl
— AdamNathanielFurman (@Furmadamadam) September 11, 2019
Quai des pêcheurs, Kushiro, Hokkaido, Kiko Mozuna
Le fil Twitter d'Adam Nathaniel Furman contient des dizaines d'autres exemples d'architecture postmoderne au Japon. Par ailleurs, il a également co-écrit un livre (non traduit en français), avec Terry Ferrell, sur ce courant architectural.