Un ancien universitaire vietnamien emprisonné pour avoir tenu des propos à caractère politique sur Internet

M. Ngo Xuan Hao, face caméra, l'expression neute, vêtu d'un costume-cravate.

M. Ngo Xuan Hao. Photo tirée du site Vietnamnet.

Cet article est initialement paru le 1er novembre 2019 sur The 88 Project, un site Internet couvrant l'actualité vietnamienne, et a été republié sur Global Voices le 13 novembre 2019, dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt.]

Les autorités vietnamiennes continuent de restreindre la liberté d'expression de leurs citoyen·ne·s, même lorsqu'elles ou ils ne sont impliqué·e·s dans aucun forme de militantisme ou de mouvement politique. Le 31 octobre 2019, la Cour populaire de la localité de Ninh Kieu, dans la ville de Can Tho, a condamné M. Pham Xuan Hao (54 ans) à 12 mois de prison pour « violation des droits et libertés démocratiques portant atteinte aux intérêts de l'État » en vertu de l'article 331 du Code pénal de 2015. Cet article est fréquemment invoqué pour museler des contestations légitimes et pacifiques au Viêt Nam.

M. Pham est un intellectuel présentant d'excellentes références ainsi qu'une carrière stable. Architecte et titulaire d'un master, il a presque toujours exercé le métier de conférencier à la faculté de technologies de l'université de Can Tho, l'un des principaux campus du sud du Viêt Nam.

Lors du procès, la Cour l'a dépeint comme un expert doté d'une grande conscience sociale tout en l'accusant de se servir de Facebook pour « publier des informations pessimistes à propos du Viêt Nam, celles-ci ayant un impact néfaste sur les citoyen·ne·s et le grand public ». Les juges ont également affirmé qu'il avait tenté de discréditer la politique du parti majoritaire, le Parti communiste vietnamien, et celle de l'État.

Il ne s'agit pas du premier procès intenté par la Cour populaire de Ninh Kieu à l'un·e de ses administré·e·s, sur le terrain de la liberté d'expression. Le 24 septembre 2018, la Cour a condamné M. Doan Khanh Vinh Quang à deux ans et trois mois de prison pour des accusations identiques à celles portées contre M. Pham. Le 13 juin 2019, M. Quach Nguyen Anh Khoa a également été emprisonné pour une durée de six mois, suite à une décision du même tribunal. D'après notre enquête, leurs messages soulèvent de simples interrogations, formulées sans aucune agressivité, concernant des questions socio-politiques. La majorité d'entre eux n'a fait que remettre en question les politiques publiques comme, par exemple, la proposition de loi sur les zones économiques spéciales, le coûteux aménagement de l'aéroport de Long Thanh ou encore le manque d'investissement dans les infrastructures du sud-ouest du Viêt Nam.

Selon les informations compilées par The 88 Project, il y avait au moment où se déroulait le procès de M. Pham, 53 cas de harcèlement et 21 arrestations, dont 12 affaires concernant des propos tenus en ligne. M. Pham, qui a vraisemblablement été arrêté [l'an dernier], était le 13e individu incarcéré au cours de l'année 2019 en raison d'opinions politiques pacifiques émises sur la Toile.

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