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Russie : des journalistes recensent les « victimes invisibles » du COVID-19

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Russie, Action humanitaire, Catastrophe naturelle/attentat, Média et journalisme, Médias citoyens, COVID-19, RuNet Echo
Page d'accueil du site internet coronavictims.ru

« Nous identifions les personnes impactées indirectement par le coronavirus, puis procédons à une analyse minutieuse des indicateurs liés à leurs problématiques, ainsi qu’à un suivi rigoureux de leurs évolutions », indique la page d'accueil du site internet Coronavictims.ru.

L’article d'origine [1] a été publié en anglais le 18 mai 2020.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en russe, ndlt.]

La pénurie d'ambulances a eu des conséquences fatales pour certain·e·s malades victimes de crises cardiaques, incapables d'atteindre l'hôpital à temps. Dans le même temps, des patients qui ne peuvent accéder à leurs traitements à temps pour leurs pathologies ou greffes d'organes font face à des complications. La précarité s'accentue pour certaines personnes qui perdent leur emploi, leurs revenus et leurs épargnes, tandis que d'autres se retrouvent pris au piège d'escroqueries leur faisant miroiter du matériel de protection ou des remèdes miracles.

Les « victimes invisibles » du COVID-19 en Russie, ce sont toutes ces personnes dont la vie a basculé en raison des répercussions de la pandémie. Selon les données de la carte de l’Université Johns Hopkins [2] [en], plus de 290 000 cas de COVID-19 ont été recensés à ce jour en Russie, avec 2 722 décès répertoriés. Ces dernières semaines ont été marquées par une nette augmentatio [3]n [en] du nombre de contaminations au coronavirus, avec entre 8 000 et 11 000 nouveaux cas signalés quotidiennement.

Face au nombre croissant de victimes considérées comme « visibles », les journalistes russes sont confrontés au défi complexe d'analyser les raisons sous-jacentes des incidents qualifiés d’« invisibles ». Depuis avril 2020, de véritables drames ont touché plusieurs régions russes. Coronavictims.ru [4] est né à la suite de ces événements, initié par un groupe de journalistes et de professionnel·le·s des médias russes qui se sont engagés à se pencher sur les conséquences souvent mésestimées de la pandémie du COVID-19. Se focalisant exclusivement sur l'enregistrement des cas d'infection associés à des problématiques sociales et économiques, le projet répertorie également les situations flagrantes de négligence envers la vie d'autrui, directement corrélés à ces enjeux.

Coronavictims.ru a fait le choix délibéré de ne pas inclure les cas enregistrés dans les deux plus grandes métropoles russes, Moscou et Saint-Pétersbourg, ainsi que dans leurs banlieues. L'équipe, constituée de 20 journalistes déployés à travers tout le territoire, compte des professionnel·le·s affilié·e·s à des publications régionales. Ces derniers scrutent attentivement l'actualité locale dans les journaux et les réseaux sociaux afin de mettre en lumière ces cas invisibilisés. Le site internet offre également un formulaire de contact permettant aux citoyen·ne·s de fournir d'éventuelles informations concernant l'une de ces « victimes invisibles ».

Les instigateurs et instigatrices de ce projet espèrent que ces données alimenteront les enquêtes des journalistes, incitent les militant·e·s à mener des campagnes de sensibilisation et encouragent les responsables publics ainsi que les ONG à élaborer des solutions concrètes pour faire face à la pandémie.

Les données sont classifiées selon cinq catégories, chacune identifiable par une couleur spécifique : jaune (pour les incidents avec cinq cas ou moins), orange (pour ceux avec cinq cas ou plus), rouge (pour ceux avec dix cas ou plus), pourpre (pour ceux avec 100 cas ou plus), et noir. La dernière catégorie, réservée aux situations les plus graves, inclut des incidents qui, indépendamment du nombre de cas, génèrent des conséquences graves et irréversibles. Elle regroupe notamment les décès associés à la pandémie mais non attribuables à une contamination directe, ainsi que des catastrophes sociales ou des faillites d'entreprises. Ces événements peuvent avoir de graves conséquences sociales, allant des problèmes d’alcoolisme à des des cas de violence domestique, en passant par la perte de logement, voire même le suicide.

Soulignons que toutes les informations recueillies reposent uniquement sur des données publiques. Dans la mesure où bon nombre de ces situations sociales sont souvent dissimulées, elles sont, par conséquent, doublement passées sous silence. La violence domestique, par exemple, demeure classée dans la catégorie jaune en raison de la nature délicate de cette problématique. Il est d’ailleurs probable que le grand public ne soit jamais informé du nombre réel de cas, supposant à tort que les victimes aient la possibilité de s'exprimer librement. 

Penchons-nous sur deux situations relevant de la catégorie « zone noire », dont l'une implique un décès tragique survenu au Bachkortostan, une région située dans les montagnes de l’Oural : 

Студент из Стерлитамака Ранэль Шамсутдинов в начале апреля стал жаловаться на головные боли, родные думали, что он нервничает из-за дистанционного обучения. Позже МРТ показало злокачественную опухоль головного мозга. В больнице студента отказались принять из-за карантина по коронавирусу.

Au début du mois d'avril, Raniel Shamsutdinov, étudiant résidant à Sterlitamak [une ville de la région de Bachkirie, dans l'ouest de la Russie] a commencé à ressentir des maux de tête. Ses parents, pensant d'abord que ces symptômes étaient liés au stress de l'enseignement à distance [mis en place en raison du confinement], ont rapidement compris la gravité de la situation lorsqu'une IRM a révélé la présence d'une tumeur maligne dans le cerveau de Raniel. Mais malgré l'urgence de la situation, les services hospitaliers ont refusé de l'admettre en raison des restrictions liées au confinement.

- Enquête de Znak, le 9 mai [6], repris par Coronavictims.ru

L'exemple suivant fait référence à des événements relayés par un média local situé dans la ville de Tioumen, en Sibérie occidentale.

За указанный период [Февраль-Май 2020 г.] в Тюмени прекратили свою работу 44 магазина одежды, 27 цветочных салонов, 22 кафе, кофеен и кондитерских, 17 детских и подростковых клубов, 10 праздничных агентств

À Tioumen, la période de confinement [entre février et mai 2020] a contraint 44 magasins de vêtements, 27 fleuristes, 22 cafés et salons de thé, 17 centres de loisirs pour enfants et adolescents, ainsi que 10 agences de voyage à mettre fin à leurs activités.

- Enquête de 72.ru, le 14 mai [7], repris par Coronavictims.ru

La rédaction du journal de Tyumen est fréquemment sollicitée par des appels d'habitant·e·s exprimant leurs difficultés à payer leur loyer.

En ces régions où l'accès aux médias indépendants est restreint, ces événements passent largement inaperçus, une réalité qui contraste avec des métropoles telles que Moscou ou Saint-Pétersbourg. La dimension régionale du projet expose ces acteurs longtemps ignorés par l'écosystème médiatique russe. Une réponse à cette situation se dessine avec l'émergence croissante de nouveaux médias indépendants de qualité au cours des dernières années. La création du site coronavictims.ru découle de la collaboration entre trois acteurs majeurs : SemNaSem [8], également connu sous le pseudonyme de « Horizontal Russia », Sector Four Media [9] et Gribnica [10]. Anastasia Sechina, rédactrice en chef de Sector Four Media, estime que ces médias incarnent un « tournant vers une décentralisation indispensable dans tous les secteurs, notamment dans le domaine du journalisme, pour que la Russie puisse s'affranchir d'une vision exclusivement moscovite ».

Lors d'une entrevue avec RuNet Echo, Anastasia Sechina, chercheuse et coordinatrice de projet chez Coronavictims.ru, a détaillé les objectifs de ses collègues :

Maxim Edwards (ME) : Comment l'idée de ce projet est-elle née ?

Anastasia Sechina: С коронавирусной повесткой были трудности. С одной стороны, делать что-то, не оставаться в стороны казалось необходимым, с другой стороны – какой слой проблемы ни возьми – про это кто-то уже написал или готовился написать, просто потому что всё без исключения – и федеральные, и региональные медиа – «сидят» сейчас на коронавирусной повестке. Тогда мы стали думать так, как обычно думаем – о чём не говорится, какой слой проблемы мало исследован, какой фокус упускается? И как эти слои и фокусы обнаружить? Таким образом пришла идея мониторинга.

Да, в конечном итоге на сайте есть и пока неочевидные жертвы, и жертвы, которые уже стали очевидными, но это нормально, мы не считаем, что их нужно удалять – просто потому что любая неочевидная проблема может перекочевать из «жёлтой зоны» в любую другую зону. И за время проекта так происходило уже неоднократно. В то же время есть проблемы, по которым острота снижается, и мы это также фиксируем. Например, поначалу было много сигналов о травле заболевших, о мошенничестве на коронавирусе, о проблемах людей, застрявших за границей. Сейчас таких сигналов единицы, зато, например серьёзно увеличилось число сигналов об отсутствии обещанных президентом доплат за работу с коронавирусом и о заражении COVID-19 из-за чужой безответственности или халатности. При этом изначально было много сигналов о проблемах предпринимателей и о том, что люди теряют доходы и работу – и число этих сигналов пока не снижается, каждую неделю их много.

Anastasia Sechina (AS) : Aborder le sujet du coronavirus s'est révélé être une tâche délicate. D'un côté, il était fondamental d'aborder le sujet, l'ignorer étant tout simplement inenvisageable. D'un autre côté, peu importe l'angle que vous choisissiez d'aborder, quelqu'un avait déjà écrit ou était sur le point d'écrire sur le sujet. Les médias nationaux et régionaux étaient, sans exagérer, complètement rivés sur la question. Fidèles à notre approche habituelle, nous avons commencé à nous pencher sur les aspects insuffisamment explorés, souvent omis lors des débats. Nous nous sommes demandé comment mettre en lumière tous les autres pans de la société ? C'est ainsi qu'est née l'idée d'un projet de veille en ligne.

Notre plateforme a offert une tribune aux victimes d'injustice initialement « invisibles » et a mis en lumière celles dont les problématiques sont désormais « visibles ». Cette évolution naturelle renforce notre conviction que leurs récits méritent une pleine reconnaissance. Certaines situations, autrefois totalement invisibilisées, s’aggravent et migrent de la « zone jaune » à la « zone pourpre », un phénomène déjà constaté à plusieurs reprises. En parallèle, d’autres problématiques deviennent moins préoccupantes, et nous nous employons à les classer en temps réel. Par exemple, au début de la pandémie, les cas de harcèlement de patients, de fraudes et de personnes bloquées à l'étranger étaient fréquents. Ces cas ont significativement diminué, mais des plaintes émergent concernant le non-paiement des primes promises par le président aux professionnel·le·s de la santé travaillant en première ligne contre le coronavirus. En outre, les infections au COVID-19 causées par négligence sont en augmentation. Depuis le début de l'épidémie, nous avons enregistré de nombreuses plaintes d'entrepreneurs et d'entrepreneuses, ainsi que de salarié·e·s ayant perdu emplois et revenus. Ces cas continuent d'affluer chaque semaine, leur nombre ne montrant aucun signe de diminution.

ME : Comment les journalistes ont-ils réagi à ce projet ?

AS: Если речь про журналистов из регионов, которые захотели принять участие в проекте, то интерес был довольно высокий. Если речь о том, используют ли другие журналисты наш ресурс сейчас для освещения темы, то мне, к сожалению, ответить на этот вопрос сложно. После того, как мы запустили ресурс, то сделали рассылку по различным федеральным СМИ, межрегиональным СМИ, некоммерческим организациям. Кому-то из редакторов, кого знаю, написала лично. Они среагировали заинтересовано. Но мне пока неизвестно, пригодился ли наш ресурс в результате.

Мы прекрасно понимаем, что если благодаря нашему ресурсу кто-то из журналистов нашёл кейс(ы) или персонажа(ей) для своей публикации, то будет странно писать что-то вроде: «Как рассказала Елена (её я нашёл благодаря сайту coronavictims)…». Мы создали штуку, которая может помочь сориентироваться в повестке, но объективно понимаем, что сложно при этом ожидать цитирования и ссылок на проект.

Сейчас мы готовим инфографику по материалам проекта – возможно, она будет интересна другим журналистам и СМИ сама по себе и число ссылок на проект возрастёт.

AS : Les journalistes de province ont manifesté un intérêt considérable et ont exprimé le désir de s'impliquer. L'éventuelle utilisation de nos ressources par d'autres journalistes pour couvrir le sujet du COVID-19 est difficile à évaluer. Après le lancement [du site internet], des lettres d'information ont été adressées à divers médias nationaux et régionaux, ainsi qu'à des ONG, et plusieurs rédacteurs et rédactrices m'ont contacté personnellement pour exprimer leur sympathie. Néanmoins, l'évaluation de l'impact réel de notre projet demeure complexe.

Bien que notre plateforme ait permis à des journalistes de repérer des événements ou des concordances utiles à leurs reportages, il est peu probable qu'ils citent explicitement notre projet avec des formulations telles que : « Comme l'a rapporté Elena (dont le témoignage a été recueilli sur le site coronavictims.ru) ». Notre objectif premier est de faciliter une meilleure compréhension de cette actualité complexe, sans nécessairement attendre une mention explicite ou un renvoi vers notre site par d'autres médias. 

Actuellement, nous sommes en train de créer des infographies à partir des données que nous avons compilées. Il est possible que ces éléments suscitent l'intérêt d'autres journalistes, entraînant ainsi davantage de liens vers notre site web. 

ME : Les réseaux sociaux ont-ils joué un rôle déterminant dans la détection de ces faits, et comment se sont-ils démarqués par rapport à d'autres sources d'information ?

AS: С точки зрения технологии очень непросто вести мониторинг социальных сетей, просто потому что проект не предусматривает ресурсов на верификацию сигналов. Мы договорились, что журналисты команды мониторинга включают в результаты мониторинга публикации в соцсетях только в тех случаях, когда они лично знают автора поста и история рассказана от первого лица, а не с чьих-то слов. Но основным источником остаются всё-таки новостные сводки. Важно подчеркнуть, что часто публикации в местных СМИ появляются по мотивам постов в социальных сетях, поэтому в конечном итоге соцсети – важный поставщик сведений. Другое дело, что журналисты проводят верификацию изложенных файлов, в той или иной степени – не всегда, но многие стараются связаться с автором поста, узнать подробности, взять официальные комментарии. Получается, в наши результаты сигнал из соцсетей поступает нередко уже обросший дополнительными подробностями, которые появились благодаря местным журналистам.

При этом мы стремимся оценивать то, насколько проверен тот или иной факт, изложенный в СМИ, и иногда не берём публикацию в результаты мониторинга, если есть сомнения. Но также нередко берём, даже если считаем, что она недостаточно глубоко верифицирована. Задача проекта всё-таки не проверить все публикации, а зафиксировать сигналы о проблеме и увидеть динамику этих сигналов – насколько часто они появляются, то есть – проблема усугубляется или сглаживается. Предположим, что в некой проблеме действительно есть несколько сообщений, где ситуация гиперболизирована, приукрашена или не совсем соответствует действительности, однако в целом такого рода сигналов – десятки, из разных регионов огромной страны. Все эти десятки не могут быть ложью и преувеличением, именно в своей совокупности они говорят о том, что проблема обретает масштаб. Нам важно зафиксировать именно это, и с точки зрения такого подхода мы считаем допустимой некоторую погрешность.

AS : Techniquement, surveiller l'ensemble des réseaux sociaux pose un défi considérable. Nous ne disposons tout simplement pas des ressources logistiques nécessaires à l'examen de chaque cas que nous détectons. Nous nous sommes entendu·e·s pour que les journalistes de l'équipe de veille ne citent que les publications dont ils connaissent personnellement l'auteur et qui sont racontées à la première personne, excluant ainsi les propos relayés par des tiers. Cependant, les enquêtes demeurent la principale source de contenu. Il est important de noter que de nombreux articles de médias locaux s'appuient sur des publications issues des réseaux sociaux, ceux-ci représentent donc une source d'information majeure. La question de la vérification des sources est cruciale, les journalistes doivent régulièrement, voire systématiquement, chercher à entrer en contact avec l'auteur·e de la publication pour obtenir tous les détails nécessaires et effectuer un travail de vérification des sources. Nos études indiquent qu'une collaboration active avec des journalistes de terrain permet de renforcer la qualité des informations issues des réseaux sociaux.

Notre évaluation inclut également l'implication des médias locaux dans la vérification de leurs sources. Lorsque des doutes subsistent, nous décidons de ne pas inclure l'article dans nos résultats de recherche, parfois même lorsque des vérifications approfondies pourraient être envisagées. Notre initiative n'a pas vocation à vérifier le contenu de chaque publication, mais plutôt à répertorier les différentes problématiques et leur évolution. Nous recueillons des informations sur la fréquence des événements et analysons si la situation se détériore ou s'améliore. Nous cherchons activement à éviter que les personnes ne soient constamment confrontées à des faits exagérés, embellis ou même tronqués, une situation qui s'est répétée à maintes reprises dans diverses régions du pays. La multiplication de témoignages atteste de la montée de ce phénomène, un véritable problème que nous nous efforçons de déceler. Cependant, nous adoptons une approche réaliste et considérons qu'une certaine marge d'erreur [dans le recoupement d'informations] est acceptable.

ME : Comment la société russe réagit-elle actuellement face à ces « problématiques invisibles »?

AS: Я бы сказала, что соразмерность проблемы коронавируса как такового и проблем, которые возникают из-за борьбы с коронавирусом, осмысливается. Два главных вопроса, которые появляются на повестке: насколько правильно то, что мы так серьёзно «уронили» малый и средний бизнес и насколько правильно то, что мы так серьёзно перестраиваем систему оказания медицинской помощи на оказание помощи людям с коронавирусом, если из-за этого страдают люди с другими заболеваниями (например, онкобольные, диабетики)? Рядовые граждане, журналисты, правозащитники задаются вопросами: насколько непродуманными были принятые меры, можно ли было поступить иначе, что можно сделать сейчас, чтобы скорректировать ситуацию? Мне сложно утверждать, я лишь надеюсь, что наш проект играет какую-то роль в этом осмыслении.

AS: Tout d'abord, la dangerosité du coronavirus est largement établie, et ses répercussions à long terme s'annoncent considérables. Deux interrogations majeures préoccupent actuellement la population. Est-il légitime d'abandonner les petites et moyennes entreprises à leur sort? Et est-il acceptable de consacrer l'intégralité du système de santé aux soins de patient·e·s atteints du coronavirus, au détriment d'autres personnes malades, comme celles atteintes de cancer ou de diabète. Les citoyen·ne·s, les journalistes et les défenseur·se·s des droits humains cherchent des réponses quant à la raison de cette impréparation. Quelles alternatives auraient pu être envisagées ? Comment remédier à la situation désormais ? Ces questions complexes incitent à la réflexion, et j'espère sincèrement que notre projet contribuera à trouver des solutions à ces défis.

Anastasia Sechina et ses collègues avaient initialement prévu de recueillir des données jusqu'au 17 mai, mais disposent maintenant de ressources suffisantes pour prolonger le projet jusqu'au 18 juin. L'équipe espère maintenir [le site internet] coronavictims.ru aussi longtemps que possible. De nouveaux noms et témoignages de victimes « invisibles » viendront progressivement enrichir leur base de données dans les semaines à venir.