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L'oiseau endémique du Népal qui fascine les ornithologues et les passionné·e·s

Catégories: Asie du Sud, Népal, Environnement, Médias citoyens
Un Cratérope du Népal dans les broussailles qui constituent son habitat. [1]

Un Cratérope du Népal. Photo de Sagar Giri, reproduite avec autorisation.

L’article d'origine [2] a été publié en anglais le 30 janvier 2019.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt]

Parmi plus de 800 espèces d'oiseaux présentes au Népal, une seule d'entre elles est endémique : le Cratérope du Népal [3] (Turdoides nipalensis). Cet oiseau brun-grisâtre, appelé « Kaande Bhyakur » en népali, vit dans les broussailles denses et s'observe plus facilement entre 500 et 2 135 mètres d'altitude. Cette espèce unique, et très populaire, fascine depuis des années les ornithologues du monde entier. Toutefois, elle est aujourd'hui menacée par la dégradation de son milieu naturel.

876 espèces d'oiseaux sont connues au Népal, une seule est endémique : le Cratérope du Népal.

Plutôt farouche, cet oiseau, de la taille d'une grive, reste difficile à voir sauf au début de la saison de reproduction lorsque les mâles sortent de la végétation pour chanter.

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Finally, a sight of the Spiny Babbler – a bird that occurs only in Nepal! Though they are Babblers, they sing a variety of rather loud & melodic songs from their hideouts amongst thick bushes, which resounds across the hills nearby – waking you up the possibility of seeing them. However, the amount of activity seems quite subdued in Winter. Spring & Summer season is probably the best time to catch a glimpse of this special bird which is recorded only in a few spots in Nepal. Makes one wonder what came to be that these birds have restricted themselves to only this geographical & political region. Thanks to @tharu_hunk & @nikitakhamparia for this. #spinybabbler #endemic #endemicbirds #nepal #chitwan #birdsofnepal #birdsoftheindiansubcontinent #birdsoftheworld #uperdangadi #nepaltourism #nuts_about_birds #birdingenthusiast #natureinfocus #nepalphotography #nepalphotoproject @insta.nepal #nepalnature [6]

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Et enfin, voici un Cratérope du Népal qui ne s'observe que dans ce pays ! Bien que faisant partie de la famille des Cratéropes, il émet depuis son repaire dans d'épais buissons un chant puissant et plutôt mélodieux, qui a tendance à résonner sur les hauteurs avoisinantes. Cela peut alors réveiller l'espoir de le voir, bien que cet oiseau soit relativement discret pendant la période hivernale.

Le printemps et l'été sont probablement les deux meilleures saisons pour apercevoir cet oiseau particulier. Il n'a été recensé que sur quelques sites au Népal. Je me demande quelles sont les raisons qui ont amené cette espèce à ne coloniser que ce territoire géographique et politique. Merci à @tharu_hunk et à @nikitakhamparia.

Chant du Cratérope du Népal (Turdoides nipalensis). C'est la seule espèce d'oiseau endémique connue à ce jour au Népal.

[vidéo] Enregistrement du chant du Cratérope du Népal (Turdoides nipalensis), monté sur une image fixe de l'oiseau. Le chant est aigu et mélodieux.

Dans l'inventaire The Status of Nepal’s Birds: The National Red List Series [15] [pdf] (« Le statut de conservation des oiseaux du Népal : la Liste rouge nationale » en français), il est expliqué que :

It seeks insects almost entirely on the ground among low bushes, appearing only occasionally. Spiny Babbler mounts branches of bushes or small trees to sing, bill pointed upward and tail down. It is a good mimic, with squeaks, chuckles and chirps. It is most easily located by its song and occasionally sings as late as September and October. The species is subject to seasonal altitudinal movements.

Le Cratérope du Népal se nourrit d'insectes qu'il trouve presque exclusivement sur le sol, au pied des buissons bas. Cet oiseau ne s'observe donc qu'occasionnellement. Pour chanter, il dresse son bec en tout baissant sa queue et se place sur les branches supérieures des buissons ou des arbustes. Le Cratérope du Népal est capable d'imiter d'autres espèces en poussant des cris aigus, des gloussements et des gazouillis. La façon la plus facile de le repérer est par son chant, qui peut parfois se faire entendre jusqu'aux mois de septembre ou d'octobre. Cette espèce effectue des migrations altitudinales saisonnières.

Cet oiseau, qui est uniquement observé au Népal, a toujours fasciné les spécialistes, ainsi que les amoureuses et les amoureux de l'avifaune à travers le monde. Dans un article paru dans le magazine ECS NEPAL, Don Messerschmidt fait référence [16] aux descriptions de l'ornithologue S. Dillon Ripley, publiées dans son ouvrage intitulé Search for the Spiny Babbler [17](À la recherche du Cratérope du Népal) :

“It was a species that had defied scientists for years, since 1843 or 1844. At that time Brian Hodgson’s Nepali collectors working for him in the unknown vastnesses of Nepal had secured several specimens,” he writes. The Spiny Babbler “had remained a mystery ever since, one of the five species of Indian birds, which, along with the Mountain Quail, had apparently vanished from the face of the earth. But not quite, for if my guess was right, here it was hopping about large as life on the wooded slopes above Rekcha.”

S.Dillon Ripley avait alors écrit : « C'est une espèce qui a défié les scientifiques durant des années. Sa dernière observation date de 1843 ou 1844. À cette époque, les collecteurs népalais qui travaillaient pour Brian Hodgson avaient pu réunir plusieurs spécimens. Le Népal était alors un territoire inconnu et immense. » « Suite à cela, [le Cratérope du Népal] est resté pendant longtemps un mystère. Tout comme l’Ophrysie de l'Himalaya, il faisait partie des cinq espèces d'oiseaux indiens qui avaient manifestement disparu de la surface de la Terre. Mais c'était faux, sauf erreur de ma part, j'ai vu le Cratérope du Népal plus vrai que nature. Il sautillait devant moi sur les pentes boisées qui surplombent Rekcha. »

Scott DeLisi, un ancien ambassadeur américain au Népal, a également passé des années [18] à tenter de repérer cette espèce de Cratérope et de le photographier.

Par ailleurs, David Walsh, un passionné d'oiseaux, témoigne sur Twitter :

Un groupe en séjour ornithologique a effectué hier un long trajet de Kathmandou à Chitawan. Le clou du déplacement était de pouvoir observer le Cratérope du Népal, la seule espèce d'oiseau endémique du Népal.

[vidéo] Juché sur une branche d'arbre, un Cratérope du Népal regarde aux alentours et chante, le bec levé.

Cet oiseau est menacé [15] [pdf] par le défrichement des broussailles au profit de l'agriculture et par l'expansion des zones urbaines. Par ailleurs, en dehors des zones protégées, il est parfois chassé par les êtres humains, ce qui constitue également une pression sur l'espèce. La population de Cratérope du Népal a diminué dans les collines qui entourent la vallée de Kathmandou. Cependant, la destruction de certains milieux naturels pourrait lui être favorable, car elle entraîne la création de zones qui lui sont propices. Par exemple, la réduction des espaces boisés dans tout le pays, du fait de la déforestation, favorise le developpement d'une végétation constituée essentiellement de broussailles, qui est l'habitat naturel de cette espèce. Toutefois, seul le temps nous dira ce qu'il adviendra du seul oiseau endémique du Népal.