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Redémarrer les économies caribéennes sous la menace du COVID-19

Catégories: Caraïbe, Antigua et Barbuda, Aruba, Barbade, Bélize, Bonaire, Grenade, Iles Caïmanes, Iles Vierges Américaines, Jamaïque, Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago, Economie et entreprises, Médias citoyens, Santé, Voyages, COVID-19
Dessin numérique avec fond bleu représente cinq virus corona (3 noirs et 2 en pointillés blanc) et un avion avec sa trajectoire en pointillés blancs. Trois croix rouges illustrent les restriction de voyage là où le COVID-19 est présent. [1]

Voyager au temps du coronavirus. Photo [1] de Prachatai via Flickr, sous licence CC BY-NC-ND 2.0 [2].

L’article d'origine [3] a été publié en anglais le 3 juin 2020. Certaines informations ont été mises à jour pour refléter l'évolution de la situation.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt.]

La première partie de cette série a examiné l'état de la lutte contre le COVID-19 dans les Caraïbes au début du mois de juin 2020. Dans ce deuxième volet, nous verrons comment la région planifie la relance de ses économies, qui pour la plupart dépendent du tourisme. 

En 2019, le tourisme des Caraïbes était florissant [4]. Cependant, l'émergence du COVID-19 en fin d'année, il en a résulté une pandémie, qui a poussé l’Organisation du tourisme des Caraïbes [5] à surnommer le virus « le visiteur indésirable [6] » dans une série de podcasts.

En tant que source majeure de devises étrangères et d'emplois pour la plupart des pays des Caraïbes, l'impératif d'ouvrir les frontières en toute sécurité aux visiteurs étrangers, maintenant que certains territoires régionaux semblent avoir contenu le nombre de cas de COVID-19, est devenu de plus en plus pressant depuis le mois de mai.

Cependant, alors que quelques îles ont déclaré être prêtes et ont même fixé des dates de réouverture — provisoires ou définitives — d'autres sont loin d'avoir atteint ce stade. Certaines îles ne sont pas encore prêtes à fixer une date de réouverture de frontières.

Relancer le trafic aérien

Parmi les pays qui se sont déclarés ouverts depuis juin, on retrouve Antigua-et-Barbuda [7], qui [a accueilli] son premier vol arrivant des États-Unis le 4 juin, et Sainte-Lucie [8], qui a annoncé [9] avoir pris une « approche responsable et progressive pour la réouverture du secteur du tourisme » à la même date — bien qu'elle ait prolongé l'état d'urgence local jusqu'en septembre.

Belize, un pays des Caraïbes situé le long de la côte nord-est de l'Amérique Centrale, peut se vanter de ne pas avoir eu de cas de COVID-19 pendant plus d'un mois [Mise à jour : 4 cas actifs confirmés au 25 juin 2020 [10], ndlt] ; avec la Grenade et l'île hollandaise d’Aruba [11], semble prêt à bientôt ouvrir ses frontières. Cependant, aucun des trois pays n'a encore annoncé de dates [Mise à jour : la Grenade [12] et Bélize [13] pensent rouvrir leurs frontières à partir du 30 juin, et Aruba [12] le 1er juillet, ndlt]. Le pays voisin d'Aruba, Bonaire, avec zéro cas, mettra fin [14] à son interdiction de voyager le 15 juin [Mise à jour du 16 juin : 1er juillet 2020 [14], ndlt].

Entre-temps, les Îles vierges des États-Unis ont rouvert [15] aux touristes le 1er juin, même si l'état d'urgence restera en place jusqu'au 11 juillet.

Prendre son temps, malgré le battage médiatique

Les îles Caïmans (population : 64 000 habitants) n'ont pas fixé de date de retour à la normale. Un établissement de santé local envisage de procéder à des tests de détection d'anticorps [16] pour l'immunité au COVID.

En tant que destination de croisière très populaire, les îles Caïmans ont déjà testé près de 20 % de leur population et comptent 150 cas [Mise à jour : 196 cas confirmés au 25 juin 2020 [17], ndlt]. Les responsables du tourisme prévoient une reprise progressive [18], sans aucun calendrier établi. Cependant, il a été annoncé [19] au 3 juin qu'un enfant de neuf ans a été testé positif. Cette situation, que le médecin en chef des îles dit « consternante », illustre l'imprévisibilité du virus.

Pendant ce temps, les intérêts du voyage et les chaînes hôtelières se préparent, prennent les réservations, et proclament la région comme destination préférée. Un site de voyage, qui montre le taux d'infection relativement faible de la région, a affirmé [20] que les visiteur·se·s américain·e·s seront de retour aux Caraïbes d'ici au mois de juin [L'ouverture au tourisme a été repoussée à une date ultérieure [21] pour certaines îles caribéennes].

Cependant, dans certaines îles qui envisagent leur réouverture, le virus n'a pas encore complètement disparu, et la peur que de nombreu·x·se·s visiteur·se·s mettent en danger les populations locales a installé aux Caraïbes une atmosphère de méfiance.

La présidente actuelle de la communauté des Caraïbes [22] (CARICOM), première ministre de la Barbade Mia Mottley, l'a confirmé dans une interview [23] accordée à la BBC le 26 mai :

We are not going to be driven by dates, we are going to be driven by protocols that make us safe. […] We are trying to balance lives and livelihoods, like everyone else […] but the scale of unemployment has been crippling.

Nous n'allons pas nous laisser influencer par des dates, mais par des protocoles qui nous feront sentir en sécurité. […] Nous essayons d'équilibrer vies et moyens d'existence, comme tout le monde […] mais le niveau de chômage a été paralysant.

Mia Mottley a souligné qu'à l'avenir, « l'enjeu majeur » sera le dépistage auprès des voyageur·se·s. Elle a confirmé que les débats entre les parties prenantes, en ce qui concerne les protocoles de voyage détaillés, sont en cours. Sa propre île, qui possède une population de 287 000 habitants, n'a enregistré aucun nouveau cas de COVID-19 pendant six jours. 11 cas ont été enregistrés en mai [5 cas en juin [24], ndlt], et de nombreux tests ont été réalisés. Alors que les restrictions en ce qui concerne le shopping ont été levées et que les citoyen·ne·s ont accès aux plages de l'île, le gouvernement de la Barbade n'a pas encore annoncé de date d'ouverture de ses frontières.

En Jamaïque, le premier ministre Andrew Holness a confirmé [25] lors d'une conférence de presse que la CARICOM cherche à collaborer sur de nouveaux protocoles [26] pour les touristes arrivant sur son littoral. Évoquant une « nouvelle normalité », il a déclaré :

These protocols probably won’t be much different to what other countries will have, but as a group, I think there is a general understanding of what the future of travel will look like.

Ces protocoles ne seront probablement pas très différents de ceux des autres pays, mais en tant que groupe, je pense qu'il y a une compréhension générale de ce à quoi ressemblera le futur des voyages.

Une question d'équilibre

C'est un dilemme pour le gouvernement caribéen qui est partagé entre les préoccupations constantes en matière de santé publique et la réalité d'une économie régionale, dépendante du tourisme et qui est à présent sur une mauvaise pente. L'Institut de planification de la Jamaïque a prévu [27] une sévère contraction du produit intérieur brut (PIB) pour le trimestre d'avril-juin, principalement dû aux mesures prises pendant la pandémie.

Un facteur de plus, mentionné par le président de la CARICOM, devrait être ajouté à l'équation : le 1er juin marquait officiellement le début de la saison des ouragans 2020 de l'Atlantique [28], une période d'inquiétude grandissante pour les Caraïbes, à cause de l'aggravation des effets de la crise climatique. Au cours des dernières années, les ouragans ont gagné en intensité [29] [fr], avec des effets dévastateurs [30].

2020 se révèle être une année d'importants défis et de grande incertitude pour les Caraïbes. La région a-t-elle passé le pire avec le COVID-19 ? Il semble encore trop tôt pour le dire, mais il paraît probable qu'il y ait plus d'épreuves à venir.