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Hong Kong : quatre jeunes activistes interpellé·e·s pour « incitation à la sécession » en raison de publications sur les médias sociaux

Catégories: Asie de l'Est, Chine, Hong Kong (Chine), Cyber-activisme, Droits humains, Jeunesse, Liberté d'expression, Médias citoyens, Politique
Plan moyen d'un jeune homme asiatique. Il porte un drapeau bleu avec des inscriptions en chinois. Il se trouve parmi des manifestants. Il est vêtu d'un t-shirt noir et porte des lunettes. Derrière lui, on distingue des manifestants, de dos, avec des parapluies. En arrière plan, on aperçoit des buildings. La scène se passe en journée. [1]

Tony Chung, dix-neuf ans, une des quatre personnes arrêtées. Photographie de Kris Chung pour Hong Kong Free Press.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt.]

Le reportage original a été publié sur le site d'actualités indépendant Hong Kong Free Press le 29 juillet 2020. La version remaniée suivante est publiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

La toute nouvelle unité de la police de sécurité nationale de Hong Kong a procédé à l'arrestation de quatre jeunes âgé·e·s de 16 à 21 ans, soupçonné·e·s d'incitation à la sécession en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale [2] [fr] entrée en vigueur le 1er juillet. Leur arrestation repose sur le contenu de comptes de médias sociaux connexes.

Tony Chung, 19 ans, ancien responsable du groupe pro-indépendance Studentlocalism [3] [zh], figure parmi les quatre personnes interpellées. L'ancien porte-parole du groupe, Ho Nok-hang, et l'ex-membre Yanni Ho ont également été embarqués par des agents de la sécurité nationale.

Dans un communiqué, le groupe pro-indépendance a annoncé [4] [zh] sa dissolution et le renvoi de tous ses membres de Hong Kong avec un effet immédiat au 30 juin, veille de la promulgation de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.

Pourtant, Studentlocalism affirmait que ses membres expatrié⸱e⸱s allaient créer des branches étrangères à Taïwan, en Australie et aux États-Unis.

Le nouveau département de la sécurité nationale de la police de Hong Kong prend, pour la première fois, des actions visant un groupe politique, et appréhende ses affiliés présumés sur la base de la législation controversée qui criminalise la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les puissances étrangères [5]. La correspondante du South China Morning Post, Jeffie Lam, l'a expliqué sur Twitter :

C'est énorme : Tony Chung, du mouvement Studentlocalism, a été arrêté par des agents de la sécurité nationale pour incitation à la sécession, selon son groupe. Les précédentes arrestations liées à la loi sur la sécurité nationale avaient eu lieu pendant des manifestations. Cette arrestation pourrait être la première effectuée à la suite d'une enquête de police. Il est âgé de 19 ans.
— Jeffie Lam (@jeffielam) July 29, 2020

[image]
On voit un jeune homme qui se tient à genoux. Il a un bandeau de couleur blanche sur les yeux. Il est menotté les mains dans le dos. À droite de cette image, il y a un texte écrit en chinois. L'image est légèrement floue.

En effet, le mois dernier, Pékin a adopté des lois pour prévenir, arrêter et sanctionner les comportements jugés comme une menace pour la sécurité nationale à Hong Kong. La législation a été intégrée dans la mini-constitution de la ville, court-circuitant le corps législatif local et conférant à la police de nouveaux pouvoirs étendus [8].

Steve Li, directeur du département de la sécurité nationale de la police, a indiqué à la presse l'arrestation de trois hommes et d'une femme âgé·e·s de 16 à 21 ans. Il a également déclaré que les interpellations étaient motivées par la nature du contenu de certains comptes de médias sociaux, associés au Studentlocalism. Les articles en question suggéraient qu'ils mettraient tout en œuvre pour établir une République de Hong Kong et fédérer tous les groupes politiques pro-indépendance.

Steve Li a invoqué l'article 21 de la loi sur la sécurité, selon lequel le fait de tenir des propos encourageant la sécession constituerait une incitation, et il n'est pas besoin de déterminer si quelqu'un a effectivement été inspiré par un tel contenu :

Our sources and investigation show that the group recently announced on social media they would set up an organisation that advocates Hong Kong independence.

Selon nos sources et notre enquête, le groupe a récemment annoncé sur les médias sociaux la création d'une organisation prônant l'indépendance de Hong Kong.

Il a souligné que le contenu avait été publié après la promulgation de la loi sur la sécurité, sans pour autant préciser quel groupe ou quels articles étaient concernés. Nathan Law, un activiste hongkongais exilé, a exprimé son indignation :

Ainsi, des étudiant·e·s sont arrêté·e·s au motif d'un ARTICLE SUR LES MEDIAS SOCIAUX. Bon sang ! Comme un pays est fragile face à la peur d'un article écrit par un groupe d'adolescent·e·s.
— Nathan Law 羅冠聰 ? (@nathanlawkc) July 29, 2020

La notion de sécession est définie par l'article 20 de la loi de sécurité dans les termes suivants : « de participer, de planifier ou d'exécuter […] des actes de sécession […] qu'il soit fait usage ou non de la force ou de la menace de la force. » La peine maximale est la réclusion à perpétuité.

Le 17 juillet, un groupe baptisé « Studentlocalism branche étatsunienne » a fait savoir [11] sa création sur les médias sociaux avec un formulaire d'adhésion.

【 Studentlocalism Division américaine, recrutement 】

Veuillez continuer à lire en cliquant sur les images ci-dessus ou en vous rendant sur notre page Facebook pour lire l'article dans son intégralité.

Formulaire de recrutement de volontaires pour les branches étrangères de Studentlocalism : https://t.co/SHyjjJlf1e [12] pic.twitter.com/cBEij51byv [13]

— 學生動源 Studentlocalism (@studentlocalism) July 20, 2020

[image]
Il s'agit du formulaire d'inscription pour devenir membre du groupe Studentlocalism, pour le recrutement à l'étranger.

La branche américaine a indiqué qu'elle allait « promouvoir notre plaidoyer en faveur de l'indépendance de Hong Kong auprès des ressortissants de Hong Kong en Amérique et des Américain·e·s qui défendent la liberté, persuader [les] États-Unis d'appuyer notre rêve d'indépendance de Hong Kong […] [et aider] les Hongkongais·es à recouvrer le droit à l'autodétermination mérité, en vue d'obtenir à terme l'indépendance de Hong Kong ».

En 2019, Tony Chung avait déjà été arrêté [15] et accusé d'avoir arraché un drapeau national chinois de son mât.