L’équipe d’Al Jazeera Balkans agressée lors d'une manifestation du parti d'opposition de droite à Skopje

La journaliste Milka Smilevska s'exprime sur la chaîne Al Jazeera, avec la ville de Skopje en arrière-plan.

La journaliste Milka Smilevska, correspondante d’Al Jazeera Balkans à Skopje, en Macédoine du Nord. Photo reproduite avec son aimable autorisation.

Cet article a été rédigé à partir d'un reportage réalisé par notre partenaire Meta.mk News Agency, un projet de la Fondation Metamorphosis

Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Lors d'une manifestation organisée par le parti d'opposition de droite VMRO-DPMNE, le 9 septembre dans le centre de Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord, deux journalistes d’Al Jazeera Balkans ont été attaqué·e·s et entravé·e·s dans l'exercice de leurs fonctions.

Alors que la journaliste Milka Smilevska et le cameraman Jorde Angelovik prenaient une déclaration de l'un des manifestants, l'agresseur (un autre participant à la manifestation) s'est approché d'eux et a d'abord demandé à Milka Smilevska si elle faisait un reportage pour Al Jazeera Balkans, puis il l'a poussée, l’obligeant à laisser tomber son micro.

La journaliste a immédiatement rapporté l'incident à un officier de police qui se tenait à proximité, puis elle a conduit la police à son agresseur qui se trouvait dans la foule des manifestants. La police a ensuite procédé à l’arrestation de l'auteur de l'agression.

Milka Smilevska a décrit l'incident violent dans un post publié sur Facebook [mk], qui contenait deux enregistrements vidéo montrant le déroulement des événements.

Capture d'écran montrant un homme en gros plan, de profil, lors d'une manifestation à Skpoje.

Capture d'écran de la vidéo postée sur Facebook par la journaliste, sur laquelle figure son agresseur. Usage loyal.

Dečkoto na prvoto video što go prijaviv na policaecot, ne napadna so kolegata Jorde i mi go butna mikrofonot dodeka snimav izjava, prethodno me praša dali sum od Al Jazeera i toa beše povod za napadot. Policijata go privede i kje mu podnese prijava. Jas nema da go tužam. Na vtoroto video se sluša koga mikrofonot pagja. Koga go privede policaecot ne sakaše da se legitimira.

Nema potreba od agresija, borbata treba da e so argumenti i dela. Demokratijata znači i različni mediumi, ako nekoj ne vi se dopagja ne go gledajte ili čitate, ne go napagjajte fizički.

J'ai dénoncé le type qui apparaît dans la première vidéo au policier parce qu'il nous a attaqué·e·s, mon collègue Jorde et moi, il a fait tomber mon micro pendant que je prenais une déclaration. Il m'a d’abord demandé si j'étais une journaliste d’Al Jazeera et ça a été l'excuse pour m’attaquer. La police a arrêté l'auteur de l'agression et va engager des poursuites pénales. Je ne le poursuivrai pas pour dommages et intérêts. Dans la deuxième vidéo, vous pouvez entendre le son du micro qui tombe au sol. Lorsque la police s'est approchée de lui, il a refusé de s'identifier avec une pièce d'identité.

Il n'est pas nécessaire de commettre des agressions, la lutte [politique] doit se faire avec des arguments et des actes. La démocratie c’est aussi [la présence de] différents médias, et si vous n'aimez pas certains d'entre eux, alors ne les regardez pas ou ne les lisez pas, ne les attaquez pas non plus physiquement

L'Association des journalistes de Macédoine (AJM) et le Syndicat des journalistes et des travailleurs de la presse ont condamné l'attaque perpétrée contre l’équipe d’Al Jazeera et ont demandé au ministère de l'Intérieur de sanctionner l'agresseur, dont la photo est accessible au public. Ils ont publié un communiqué de presse commun qui stipule ce qui suit :

Ваквиот однос кон новинарите кои се на работна задача на терен е неприфатлив и потребно е да биде строго казнет од страна на Министерството за внатрешни работи затоа што насилството кон новинарите не е дозволив во демократски земји. Доколку ваквите инциденти се толерираат во иднина има ризик да се охрабрат нови посериозни насилства кон новинарите, а со тоа дополнително да се загрози нивната безбедност, правото на слобода на изразување како и правото на информирање на граѓаните.

Ce comportement envers les journalistes en service est inacceptable et devrait être sanctionné par le ministère de l'Intérieur, car la violence envers les journalistes n'est pas autorisée dans les pays démocratiques. Si ces incidents sont tolérés, il y a de fortes chances que cela incite à de nouvelles violences plus graves à l'encontre des journalistes dans un avenir proche, et cela compromet en outre leur sécurité, leur liberté d'expression et le droit d'informer les citoyens.

Le parti politique VMRO-DPMNE, responsable de la manifestation, a également publié un communiqué de presse [mk] condamnant tout type de violence et d'obstruction au travail des journalistes. Le parti demande aux autorités d’éclaircir les circonstances de l'incident qui a eu lieu lors de la manifestation.

Le parti au pouvoir, le SDSM, a également publié un communiqué de presse condamnant l'agression [mk]. Il accuse le parti d’opposition « d’intimider et de dégrader les relations à l’égard des journalistes », affirmant également que le VMRO-DPMN ne se serait pas excusé pour cet incident auprès de la journaliste qui a été victime d’agression.

Dans une chronique du journal d'investigation Prisma Media, publiée le 11 septembre, la journaliste Milka Smilevska a décrit l'incident de manière détaillée et a ajouté que les responsables de la manifestation l'avaient directement contactée par téléphone pour s'excuser. Elle a souligné d'autres difficultés auxquelles les journalistes sont confrontés lorsqu'ils doivent faire face à des manipulations politiques ultérieures liées à de tels incidents.

Токму поради ваквата ситуација и ваквите реакции, новинарите се обесхрабруваат да реагираат бидејќи не сакаме етикети, кои секако ни ги лепат. Не сакаме да нè ставате ни во едни, ни во други табори, ние сме само новинари повеќето од нас во нашата работа сме водени од јавниот интерес.

Се надевам дека ова ќе биде добар пример за сите новинари и медиумски работници, дека без оглед на сѐтреба да реагираме и да не молчиме кога некој ќе нѐ нападне на терен.

C'est précisément ce genre de situation et de telles réactions qui découragent les journalistes de réagir à de tels incidents, car nous ne voulons pas être étiquetés comme partisans, même si c'est souvent le cas. Nous ne voulons faire parti d'aucun camp, nous sommes juste des journalistes et la plupart d'entre nous sommes guidés par l'intérêt public pour notre travail.

J'espère que cette affaire servira d'exemple pour tous les journalistes et professionels des médias, montrant que quelles que soient les circonstances, nous devons réagir et ne pas garder le silence lorsque nous sommes agressés sur le terrain dans l'exercice de notre métier.

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