Caraïbes : la Journée mondiale des limicoles célèbre la beauté des zones humides et des oiseaux qui y vivent

Un Bécasseau miniscule qui recherche de la nourriture en eau peu profonde

Un Bécasseau minuscule au plan d'eau de Great Pedro Ponds, situé à Sainte-Élisabeth en Jamaïque. Ce tout petit bécasseau passe par les Caraïbes lorsqu'il migre en Amérique du Sud pour hiverner. Photo prise par Ann Haynes Sutton, une écologiste, et utilisée avec son aimable autorisation.

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais, ndlt].

Les ornithologues amateurs du monde entier aiment non seulement épier les oiseaux, mais aussi les compter : les listes d'espèces et la collecte des données font partie intégrante de leur passe-temps. Ces « citoyen·ne·s scientifiques » jouent un rôle primordial pour répertorier la présence des oiseaux des îles des Caraïbes et suivre leurs déplacements. Plusieurs manifestations, dont la Journée mondiale des limicoles qui s'est déroulée le 6 septembre dernier, permettent à ces amateurs de faune aviaire de se mobiliser.

Entre le 3 et le 9 septembre, les participant·e·s ont compté, photographié et saisi leurs observations dans la base de données eBird Caribbean [fr].

De nombreux limicoles [fr] (oiseaux de rivage) présents dans les Caraïbes sont des espèces migratrices qui font halte dans une ou plusieurs îles avant de poursuivre leur voyage. Par exemple, le Bécasseau maubèche, reconnaissable à son allure trapue, est capable de voler sur de très longues distances. L'organisation non gouvernementale BirdsCaribbean a publié des dessins de coloriage téléchargeables en ligne, et explique aux internautes que :

Red Knots breed in the far north, the Arctic. They can spend the winter as far south as the southernmost tip of South America. This means they make some amazing migratory journeys of tens of thousands of miles overall! Red Knots gather in large groups in some places during autumn and winter; this makes them vulnerable to threats like sea-level rise and hunting.

Les Bécasseaux maubèches nichent dans le Grand Nord, et plus précisément en Arctique. En hiver, ils peuvent être observés jusqu'à l'extrême sud du continent américain. Ils effectuent donc une migration spectaculaire de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres ! En automne et en hiver, ces oiseaux forment des groupes et se rassemblent sur certains sites [de nourrissage]. Ce comportement les rend plus vulnérables à la montée du niveau de la mer et à la chasse.

BirdsCaribbean diffuse également un guide d'identification des oiseaux de rivage. Ce support est très utile pour réussir à reconnaître bon nombre de ces merveilleux petits oiseaux qui se ressemblent beaucoup.

Plaquette d'information présentant les différentes espèces d'oiseaux du rivage et leurs caractéristiques.

Guide d'identification édité par BirdsCaribbean, présentant les principaux oiseaux de rivage présents dans les Caraïbes.

En raison des restrictions liées à la Covid-19, les membres de l'organisation non gouvernementale BirdLife Jamaica ont été moins nombreux cette année à se déplacer sur leurs deux ou trois lieux d'observation favoris. Un des participants a partagé une photo de Old Harbour Bay sous la boue suite aux fortes pluies qui s'étaient abattues la veille :

Étendue de vase

L'observation des oiseaux marins et la présence de grandes quantités de vase vont très souvent de pair. Photo par Ian Gage, utilisée avec son aimable autorisation.

Les oiseaux de rivage ont souvent des aires de répartition étonnantes. Par exemple, le Bécassin roux se déplace de l'Alaska au Canada, hiverne au sud du Brésil et s'installe également quelque temps dans les Caraïbes :

Deux Bécassins roux cherchant de la nourriture dans une vasière inondée.

Un Bécassin roux à Great Bay dans la paroisse de Sainte-Élisabeth en Jamaïque. Photo prise par Ann Haynes Sutton, une écologiste, et utilisée avec son aimable autorisation.

Le Pluvier argenté est un voyageur planétaire. Il niche dans la toundra arctique avant d'hiverner dans différentes régions du monde situées au sud de son aire de reproduction. Le spécimen photographié ci-dessous a décidé de s’arrêter en Jamaïque :

Un Pluvier argent sur un estran sableux.

Un Pluvier argenté au bord de l'eau à proximité de Black River à Sainte-Élisabeth en Jamaïque. Photo d'Emma Lewis, utilisée avec son aimable autorisation.

D'autres manifestations du même type sont inscrites au calendrier. L’organisation non gouvernementale SusGren (les îles Grenadines durables, en français) a diffusé les photos d’une sortie pédagogique au lagon d’Ashton qui a été récemment restauré. Il est situé dans l’île Union.

In celebration of World Shorebirds Day 2020, SusGren in collaboration with Environmental Attackers conducted educational outreach for some students of the Stephanie Brown Primary school. The high-spirited students, who were out of their beds as early as 5:30 a.m for the session, were engaged in activities such as bird labeling, bingo, and bird identification. […]

Pour célébrer l'édition 2020 de la Journée mondiale des limicoles, SusGren a organisé en partenariat avec l'association Environmental Attackers une excursion dans la nature pour quelques élèves de l'école primaire Stephanie Brown. Ces jeunes enthousiastes étaient debout dès 5h30 du matin pour participer aux différentes activités proposées, comme par exemple, l'identification d'oiseaux, l'étiquetage des différentes parties de leur corps, le jeu de bingo nature. […]

Une grande diversité d’espèces inféodées aux milieux humides ont été observées à Trinité-et-Tobago, dont le Courlis corlieu. C'est un oiseau migrateur assez répandu à travers le monde, que l'on peut rencontrer dans les Caraïbes.

Trois Courlis corlieu sur une plage, observant au loin

Trois Courlis corlieu à Trinité-et-Tobago. Photo de Jerome Palmer, utilisée avec son aimable autorisation.

Le Bec-en-ciseaux noir est quant à lui un oiseau plutôt rare dans cette partie du globe. Une de ses particularités est de pêcher en effleurant la surface des eaux calmes avec son bec. Il est visible le long des côtes et dans les lagons.

Un Bec-en-ciseaux noir en vol effleurant la surface de l'eau avec son bec

Un Bec-en-ciseaux noir à Trinité-et-Tobago. Photo de Jerome Palmer, utilisée avec son aimable autorisation.

La Mouette atricille, joliment appelée « Mouette rieuse »  en anglais (Laughing Gull), est un autre oiseau que l'on croise assez couramment dans les Caraïbes lors de sa période de reproduction. Elle migre ensuite au nord du Brésil pour hiverner.

Des Mouettes atricille rassemblées sur la vase et un grand échassier blanc au milieu du groupe

Des Mouettes atricille à Trinité-et-Tobago. Photo de Jerome Palmer, utilisée avec son aimable autorisation.

Certains oiseaux de rivage sont bien entendu sédentaires. Le Pélican brun est régulièrement surpris le long des côtes ou en haute mer. Surnommé « Old Joe » en Jamaïque, cet oiseau peut être aisément aperçu toute l’année dans les plus grandes îles. On le voit fréquemment voler près de la surface de l'eau ou effectuer des plongeons spectaculaires pour pêcher.

Un Pélican brun en vol

Un Pélican brun, surnommé « Old Joe » en Jamaïque, survole Palisadoes dans le port de Kingston en Jamaïque. Photo de Ian Gage, utilisée avec son aimable autorisation.

L'Échasse d'Amérique est une autre résidente jamaïcaine des plus charmantes. Ses effectifs peuvent augmenter en hiver avec l'arrivée de migrateurs venant d'Amérique du Nord. Cet oiseau bruyant aux pattes rouges et fines niche au sol près des berges :

Six Échasses d'Amérique en vol

Des Échasses d'Amérique en vol au-dessus de la baie de Old Harbour en Jamaïque. Photo de Ian Gage, utilisée avec son aimable autorisation.

Chez les amateurs d'ornithologie jamaïcains, l’apparition d’une adorable famille de Dendrocygne des Antilles a sans doute été l'élément marquant de la Journée mondiale des limicoles. Cet instant a été immortalisé en vidéo par Damion Whyte, un biologiste passionné par les oiseaux, qui s'emploie également à éduquer le public sur diverses questions environnementales via les réseaux sociaux. Le petit groupe a été aperçu au niveau d'un bassin de décantation à Portmore, une ville située sur la paroisse de Sainte-Catherine. Ce site est reconnu comme étant un bon emplacement pour guetter les oiseaux, même s'il n'est pas d'une beauté exceptionnelle.

Le Dendrocygne des Antilles appartient au genre des canards siffleurs et se reproduit dans les Caraïbes. C’est une espèce protégée qu’il est donc interdit de capturer ou de chasser.

De nombreuses espèces d'oiseaux, comme le magnifique Dendrocygne des Antilles, voient actuellement leurs effectifs décliner sur l'ensemble de leur aire de répartition. La construction de grands complexes touristiques, tels que les hôtels et les ports de plaisance, se poursuit le long du littoral des différentes îles. Ces projets entraînent la destruction de mangroves et de zones humides qui constituent des haltes migratoires importantes pour l'avifaune. À Grenade, des habitats similaires sont actuellement menacés par trois projets de développement touristique. Ils abritent plusieurs espèces en danger, dont des tortues.

Dans certaines îles, et plus particulièrement aux Antilles françaises, la chasse et la pollution plastique constituent des menaces sérieuses pour l'environnement.

Dans les Caraïbes, la Journée mondiale des limicoles célèbre non seulement les oiseaux, mais également les sites splendides dans lesquels ils évoluent, bien que beaucoup d'entre eux n'y vivent que temporairement.

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