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Le centre culturel Fendika d'Addis-Abeba remporte un grand prix culturel

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Ethiopie, Arts et Culture, Développement, Médias citoyens, Musique

Fendika est un groupe de musique éthiopien basé à Addis-Abeba. Dirigés par le danseur / chorégraphe Melaku Belay, ils gèrent un lieu, tournent, enregistrent et se produisent sous le nom de Fendika. Photo de Ninara [1] d'Helsinki, Finlande, via Wikimedia Commons, sous licence CC BY 2.0 [2] .

Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages web en anglais.

Dans la ville animée d'Addis-Abeba, en Éthiopie, les visiteurs affluent vers le centre culturel de Fendika pour écouter de la musique éthiopienne en direct. Une fois à l'intérieur de ce pari azmari (en amharique, une maison de musique traditionnelle) niché dans le quartier de Kazanchis, l'ambiance ressemble à une réunion de famille. Ce complexe tentaculaire abrite plusieurs salles confortables, dont un espace musical, une galerie d'art, un restaurant et un café éthiopiens, accueillant les voyageurs et les habitants qui s'y délectent de prestations musicales et poétiques depuis les années 1990 – lorsque les lieux azmari étaient encore abondants.

Aujourd'hui, en raison du développement et de l'expansion rapide d'Addis-Abeba, Fendika reste l'une des seules maisons de musique traditionnelles de Kazanchis. Lorsque Melaku Belay, danseur et musicien traditionnel, a commencé à gérer Fendika en 2008, il l'a transformé en un espace plus complet pour les arts du spectacle, mettant en place des systèmes garantissant que les 33 employés et artistes interprètes de Fendika reçoivent des salaires au lieu de pourboires. Sa vision a conduit à la création du Centre culturel Fendika en 2016.

Ce mois-ci, Fendika a reçu le prestigieux prix Prince Claus du Fonds Prince Claus des Pays-Bas pour la culture et le développement, en reconnaissance de son travail révolutionnaire dans l'avancement de la culture et du développement en Éthiopie. Fendika est l'un des sept lauréats de l'édition 2020 de ce prix, annoncés lors d’une  [3]cérémonie en ligne [3] le 2 décembre.

«Être connecté à notre identité nous aide à aller de l'avant», [4]déclaré [4] Belay au prince Claus. «Ce qui rend notre travail unique, c'est que nous maintenons nos traditions vivantes à travers l'art. […] Une connexion humaine profonde ne peut être forgée que par l'art », a-t-il poursuivi.

Le prix reconnaît Fendika comme un «catalyseur» qui inspire et soutient l'expression créative – du traditionnel au contemporain – non seulement en Éthiopie, mais aussi dans le reste du monde, à travers de nombreux partenariats et collaborations.

Selon le site Web de Fendika, le groupe traditionnel Ethiocolor s'y produit un vendredi sur deux depuis 2009, «attirant des foules dans un espace où tous les spectateurs sont debout», tout en maintenant un calendrier de tournées internationales bien fourni, de la France à Israël, en passant par les États-Unis et Zanzibar.

Pendant la pandémie, Fendika a été touché, comme tant d'autres lieux de rassemblement public en Éthiopie. Son programme de tournées a été interrompu et le centre a décidé de fermer ses portes à Addis-Abeba, le 16 mars, quelques jours seulement avant que le gouvernement ne ferme toutes les salles de spectacle vivant. Les performances sont ensuite passées en ligne avec des prestations en direct engageantes sur YouTube [5] et Facebook [6]. M. Belay ne rate jamais un battement lorsqu'il s'agit de rester connecté grâce aux arts. Lui et son équipe ont réussi à réaliser des performances en direct en ligne malgré des défis sans fin, dont une connectivité irrégulière [7] et des coupures [7] d'Internet en raison de l'instabilité politique en Éthiopie [8].

Les performances de Fendika sont toujours accompagnées d'un message d'amour, de justice et d'unité, et ces valeurs imprègnent et façonnent tous ses programmes, comme on le voit ici dans cette émission en direct diffusée en ligne le 28 mai.

Président fondateur de l'Association éthiopienne de danse, M. Belay impressionne le public avec ses interprétations fascinantes et énergiques de l’eskista, la danse culturelle traditionnelle amhara qui se concentre sur un mouvement rapide des épaules. Sa maîtrise de cette forme de danse « lui a valu les surnoms de “tremblement de terre ambulant” [9] et de “roi de l’eskiste” »,  selon le site Web de Fendika [10]. M. Belay est autodidacte, ayant appris la plupart des danses traditionnelles éthiopiennes en grandissant dans la rue dans les années 1980 à Addis-Abeba.

Passionné de musique, M. Belay a remporté de nombreux prix pour sa défense des arts et son leadership tout en restant terre à terre dans sa passion pour la musique, qu'il partage notamment à travers des sessions fantastiques en tant que « DJ Melaku », mettant en vedette des légendes du jazz éthiopiennes.

Alors qu'Addis est en perpétuel changement et que les azmaris disparaissent au nom du développement, M. Belay et la communauté Fendika continuent de se battre [11] pour la préservation et le développement de la culture et du patrimoine de la performance éthiopienne – en particulier le patrimoine azmari.