Le COVID-19 est sans aucun doute le sujet [3] qui a dominé l'actualité de cette année. Cependant, dans les Caraïbes, la pandémie a aggravé des problèmes déjà existants, notamment les inégalités sociales et la violence sexiste, mais elle a également permis aux internautes de la région de créer et de réinventer leur avenir collectif.
Voici un récapitulatif de certaines de nos histoires les plus captivantes de l'année 2020…
COVID-19
Des interdictions de voyage [4] à la baisse du tourisme [5], les Caraïbes, comme le reste du monde, ont été forcées de se réajuster [6] afin de tenter [7] de se protéger du virus [8] [en].
Plusieurs pays des Caraïbes ont d’abord fermé leurs frontières [9] [en] (comme Trinité-et-Tobago dont les frontières sont toujours fermées [10]), et les gouvernements régionaux ont commencé à imposer des mesures de mise en quarantaine [11].
Les changements de comportement ont toutefois été appliqués de manière tardive. La Jamaïque a rencontré des problèmes de surpeuplement [12] dans les centres commerciaux et plusieurs témoignages indiquent que la police a dispersé des fêtes à maintes reprises à Trinité-et-Tobago, et cela malgré le fait que le règlement sanitaire [13] [en ; pdf] limite les rassemblements de masse. Les incohérences qui ont guidé de telles interventions policières ont contribué à la création d'un questionnaire en ligne qui demandait s’il y avait deux poids, deux mesures, dans l’application [14] [en] des protocoles relatifs au COVID-19.
Les répercussions des restrictions liées au COVID-19 — économiques [15] et autres [16] [en] — ont rapidement commencé à se faire sentir. Par exemple, Trinité-et-Tobago a connu [17] une hausse des cas de violence domestique durant le confinement, et le fossé économique s'est encore creusé davantage une fois [18] que l’enseignement est passé en ligne, laissant de nombreux élèves n’ayant pas accès à Internet [19] sur le banc de touche.
Tout comme dans une guerre, la lutte [20] contre le COVID-19 a été riche en avancées [21] [en] et en reculs [22], y compris l’annulation [23] anticipée du carnaval de Trinité-et-Tobago prévu en 2021.
La pandémie a également fait ressortir la créativité des gens, tant dans la cuisine [24] qu’à travers une initiative d'improvisation en ligne [25] dans laquelle chanteurs et musiciens ont envoyé des messages de sécurité et de solidarité.
Un internaute de la région a même appliqué la démarche design [26] à la question suivante : Comment les Caraïbes peuvent-elles se préparer à un monde post-COVID-19 ?
Black Lives Matter
Le 25 mai, après le meurtre de George Floyd, un homme Afro-Américain tué par des policiers à Minneapolis, au Minnesota, le mouvement Black Lives Matter, basé aux États-Unis, a été mis sous les feux de la rampe.
Dans les Caraïbes, la mort de George Floyd a soulevé d’importantes questions [27] sur le racisme et l’héritage colonial profondément ancrés [28] [en] dans la région.
Le mouvement #BLM a inspiré — à travers la région [29] — des appels à déboulonner les statues que beaucoup considéraient [30] comme des symboles de l'oppression qui les privaient de leur droit de raconter leur propre histoire. À la Barbade, ces efforts ont abouti au retrait officiel [31] [en] de la statue de l’officier de marine britannique Horatio Nelson en raison de son rôle dans la traite transatlantique des esclaves.
De la Jamaïque [32] au nord de l'archipel, à Trinité-et-Tobago [33] au sud, des appels ont également été lancés en faveur d’une plus grande responsabilisation de la police [34] [en] et d’une réforme du système carcéral [35].
Bien qu’il y ait eu plusieurs faux pas, notamment des entreprises qui essayaient de tirer profit de l'intérêt public suscité par le mouvement #BLM, il y a aussi eu des tentatives de discussion autour des questions raciales.
Après sa propre élection âprement contestée, Trinité-et-Tobago a vu sa face cachée raciste exposée au grand jour, selon l'analyse de nombreux utilisateurs des médias sociaux [40] du pays.
#BlackLivesMatter a également contribué à catapulter le droit de la région à des réparations pour l’esclavage au premier plan sur la scène internationale. Soutenues par le succès de l’Université des Antilles qui a signé un accord historique de réparation [41] de 20 millions de livres sterling (24 308 500 dollars des États-Unis) avec l’Université de Glasgow en 2019, les Caraïbes ont continué [42] de démontrer [43] [en] les raisons pour lesquelles les réparations sont nécessaires [44] [en].
L'environnement
Alors que la pandémie met davantage l’accent sur les préoccupations régionales, l’environnement demeure l’une des plus pressantes [45]. C’est une cause que les utilisateurs des médias sociaux de la région ont soutenue cette année, de la célébration du Jour de la Terre [46] à la reconnaissance de la Journée mondiale de l’environnement [47].
Les violences sexistes
Les violences faites aux femmes et aux enfants [58] ont continué de faire la une des médias depuis le début de 2020. [59]
Certains activistes ont fait le lien [60] entre la violence [61] et la façon dont les cultures caribéennes considèrent et traitent les femmes, qualifiant le sexisme comme « l’un des préjugés les plus dangereux ».
La comédienne trinidadienne Simmy De Trini a utilisé des plateformes en ligne [62] comme Facebook afin de renverser les préjugés sexistes, tandis que l’écrivain et conférencier universitaire Amilcar Sanatan a exploré [63] la socialisation des hommes des Caraïbes et la façon dont ils peuvent contribuer à mettre fin à la violence.
La littérature caribéenne
Le talent littéraire de la région a été un point fort en 2020, année où le Bocas Lit Fest, considéré comme le festival littéraire le plus prestigieux des Caraïbes, a célébré son dixième anniversaire. Lorsque la pandémie a frappé, Bocas a publié sa présélection [64] pour le prix OCM Bocas 2020 pour la littérature des Caraïbes, et a également occupé les internautes confinés avec la production participative [65] des « 100 livres des Caraïbes qui ont façonné notre identité ».
La fondatrice du Bocas Lit Fest, Marina Salandy-Brown, a également reçu [66] [en] une bourse honorifique de la Royal Society of Literature pour avoir contribué à faire connaître la littérature caribéenne dans le monde.
Les auteurs des Caraïbes ont également connu un grand succès [67] [en] cette année, et bon nombre d’entre eux ont été nominés [68] [en] et ont remporté [69] des prix littéraires internationaux.
Global Voices a eu le plaisir d’en présenter quelques-uns, dont Roger Robinson [69], Ingrid Persaud [70] et Brian Heap [71] [en].
Les adieux
Enfin, les Caraïbes ont fait leurs adieux à plusieurs de leurs grandes personnalités cette année.
La Barbade a perdu trois personnalités importantes, chacune dans des domaines différents : le poète Kamau Bathwaite [72], la légende du cricket Everton Weekes [73] [en] et l’ancien premier ministre Owen Arthur [74] [en].
En moins de cinq mois, Trinité-et-Tobago a perdu deux icônes culturelles, les frères Tony [75] et Dennis Hall [76] [en], et la Jamaïque a pleuré le décès [77] [en] de Toots Hibbert, chanteur et auteur-compositeur de reggae, dont le décès a été largement attribué au COVID-19.