Le président angolais provoque l’indignation en affirmant lors d’une interview que la famine est inexistante dans son pays

Portrait du président angolais João Lourenço en costume cravate, devant un fond flouté.

Le président angolais João Lourenço. Photo tirée de Wikimedia Commons, sous licence CC BY-SA 2.0.

L’article d'origine a été publié en portugais le 18 mars 2019.

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais, ndlt.]

Une interview accordée par le président angolais, João Lourenço, à la chaîne de télévision publique portugaise RTP, dans laquelle il affirme que la population de son pays ne mourrait pas de faim, a scandalisé ses concitoyens.

Pendant l’interview d’une trentaine de minutes diffusée le 4 mars 2019, le journaliste portugais de la chaîne de télévision RTP África a mentionné un rapport de l’UNICEF affirmant que la population d’Angola mourait de faim. Le président Lourenço a alors nié l’existence de la famine dans son pays, tout en admettant qu’il y avait un problème de malnutrition. Il a déclaré :

A nossa luta é lutar para reduzir os índices de pobreza, devido aos longos anos de conflito armado. Hoje há oferta de bens alimentares em Angola, não se pode dizer que existe hoje fome em Angola, é uma questão de alguma má nutrição.

Nous luttons pour réduire le taux de pauvreté dû aux longues années de conflits armés. Aujourd’hui, il y a un approvisionnement en nourriture. Personne ne peut affirmer qu’il existe présentement un problème réel de famine en Angola. Il n’est question que de malnutrition.

Le président João Lourenço a fait cette déclaration juste avant la visite en Angola du président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, et quelques jours avant qu’un prêtre catholique actif dans la défense des droits humains ne dénonce la mort de citoyens angolais en raison d'une pénurie de nourriture dans une région où sévit la sécheresse.

L’activiste Manuel Mapanda, plus connu sous le nom de Dago Nível, a remis en cause les commentaires du président :

Como é que o senhor vai dizer que não existe fome em Angola? Não leu a Denúncia do padre Jacinto Wacussanga sobre a morte de um Angolano por fome? Será que nos Gambos e no Curoca já não há fome? Assim que Jlo assumiu a presidência a maioria dos Angolanos passou a ter a cesta básica, e a fome foi eliminada?

Comment ce monsieur peut-il dire que la famine n’existe pas en Angola ? N’a-t-il pas lu le témoignage indigné du père Jacinto Wacussanga à propos d’un Angolais qui est mort de faim ? Insinue-t-il qu’actuellement personne ne meurt de faim à Gambos et à Curoca ? Ainsi donc, depuis que Jlo [João Lourenço] est au pouvoir, la majorité des Angolais disposeraient de biens de première nécessité, et la famine aurait disparu ?

Durant cette malheureuse interview, le chef de l’État angolais a aussi mentionné son intention de lutter contre la corruption. Cette lutte s’inscrit dans le programme électoral de son parti.

Ninguém pode garantir que daqui para a frente não haverá corrupção e, que não haverá corruptos, mas que não ficarão impunes tal como sempre foi. Não haverá mais intocáveis, segundo João Lourenço. Esse tempo ficou para trás.

Personne ne peut garantir qu’il n’y aura désormais plus de corruption, qu’il n’y aura plus de personnes corrompues, mais je peux vous garantir qu’elles ne resteront plus impunies comme avant. Plus personne ne sera intouchable, a déclaré João Lourenço. Ce temps est révolu.

En 2018, le Forum régional pour le développement de l’université (FORDU), une association civique officiant dans le domaine de l’éducation et dont le siège se trouve au sud de l’Angola, a réalisé un documentaire (disponible uniquement en DVD) intitulé L’Angola, un pays à risque. Ce documentaire met principalement en lumière le nombre élevé d’individus à la recherche de nourriture dans les poubelles du centre urbain de la province de Huambo et de la capitale du pays, Luanda.

Deux personnes sont penchées sur des poubelles dans une rue ensoleillée. La capture d'écran est un peu de travers et montre les boutons de navigation.

Des Angolais fouillent dans les poubelles à la recherche de nourriture. Le bandeau en haut de l'écran indique en portugais : “La faim en Angola”. Capture d'écran du documentaire, disponible uniquement en DVD. Photo de l'auteur Simão Hossi, utilisée avec sa permission.

Sur la page Facebook JM. Notícias, dédiée au partage d’informations, on trouve une critique acerbe des remarques du président :

Precisamos reconhecer que ainda há muita gente em Angola vivendo á [sic] margem da sociedade, problema que dificilmente se resolverá se não haver uma promoção de programas de inclusão social credíveis, onde é cobrado e prestado contas. E não com este nascer de uma nova elite de gatunos tipo quem não se safou no outro tempo, que aproveite á [sic] brecha agora em que o artista principal e financeiro da nação é o J.Lourenço.

Olha que os principais desafios estão ai mesmo diante dos vossos próprios olhos, em vencer os problemas nas áreas da saúde, educação, habitação, etc, que pelo menos já deveriam dar alguns sinais mesmo que tímidos, mais [sic] nada se vê .

Nous devons admettre qu’il y a encore beaucoup de gens en Angola qui vivent en marge de la société. Ce problème sera  difficile à résoudre sans la promotion de programmes crédibles d’inclusion sociale qui tiennent les gens responsables de leurs actes. Le problème ne sera pas résolu avec l’apparition de cette nouvelle élite d’escrocs qui n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu avant et qui profite actuellement du système grâce à J.Lourenço dans le rôle du principal protagoniste et financier de la nation.

Il suffit d'ouvrir les yeux pour voir les principaux problèmes à résoudre, liés à la santé, à l’éducation, au logement, etc… On aurait déjà dû apercevoir quelques signes, aussi petits soient-ils. Malheureusement, il n’y en a aucun.

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