10 stars du football féminin dont le talent et l'activisme changent la donne

En pleine action, une footballeuse shoote dans un ballon rond sur lequel une mosaïque représent la Terre.

Collage utilisé avec l'aimable autorisation de Violeta Camarasa.

[Sauf indication contraire, tous les liens mènent vers des sites en anglais, ndt.]

Des Émirats arabes unis à la Thaïlande, en passant par le Chili et le Nigeria, le football est le sport le plus populaire de la planète, chez les hommes comme chez les femmes. 

Près de 30 ans après la première Coupe du monde féminine [fr] en Chine en 1991, les préjugés à l'égard des femmes jouant au football sont «persistants dans de nombreuses régions du monde», selon un récent rapport [pdf] du syndicat mondial des joueuses, Fifpro. Les femmes sont confrontées à des conditions de travail défavorables, à la discrimination, au harcèlement sexuel et à des inégalités de rémunération.

Malgré ces défis, le football féminin a commencé à être pris au sérieux ces dernières années, et pas seulement à cause du talent des joueuses sur le terrain. Les femmes dénoncent [es] le sexisme dans leur profession, les reportages sur le football féminin se sont multipliés et les entreprises faisant du mécénat ont commencé à y prêter attention. Le magazine de luxe Business Destinations écrit :

Women’s football has been taken to another level, with the 2019 FIFA Women’s World Cup signalling a new era of professionalisation.

Le football féminin est passé à un autre niveau, la Coupe du monde féminine de la FIFA en 2019 a marqué une nouvelle ère de professionnalisation.

Voici une courte liste de footballeuses du monde entier qui changent les règles du jeu grâce à leur talent et leur activisme :

1. Paula Dapena

En novembre dernier, alors que le monde rendait hommage à la légende du football Diego Maradona, une jeune footballeuse espagnole a fait des vagues. Paula Dapena, 24 ans, refusé [es] de rendre hommage au joueur argentin adoré des fans avant un match à Pontevedra, en Espagne, arguant que ses compétences en tant que footballeur n'étaient pas suffisantes pour effacer les multiples allégations [es] d'abus et de violence envers les femmes. Son geste a été récompensé en Espagne par le prix Cidade de Pontevedra 2020 [es], et elle est devenue un nouveau symbole du féminisme [es], mais elle a payé le prix de cet engagement : elle est devenue la cible [es] d'un violent harcèlement en ligne, dont des menaces de mort [es].

Partout dans le monde, les femmes qui se démarquent dans le sport, toutes disciplines confondues, souffrent souvent de harcèlement et de trolling.

 

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2. Khalida Popal

Malheureusement, le harcèlement en ligne n'est pas la seule forme d'abus auquel les footballeuses sont confrontées. Le harcèlement sexuel est également bien documenté. En tant que joueuse de l'équipe nationale féminine d'Afghanistan, Khalida Popal s'est fait entendre en 2019, ajoutant sa voix aux allégations anonymes d'abus sexuels portées contre le président de la fédération afghane de football, Keramuddin Karim. La FIFA [fr] avait banni M. Karim à vie du sport, mais l'équipe a dû arrêter de s'entraîner à cause du scandale.

Après une blessure mettant fin à sa carrière, Popal a fondé l’organisation Girl Power, qui utilise le sport pour motiver les minorités en Europe et les aider à s'affirmer. Elle est également directrice des événements de l’équipe nationale [fr] de football féminine afghane et ambassadrice de la Coupe du monde des enfants des rues.

 

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3. Megan Rapinoe

Megan Rapinoe, lauréate du Ballon d'or féminin [fr] et du titre de meilleure joueuse de la FIFA [fr] en 2019, a acquis une reconnaissance mondiale à la fois pour sa carrière sur le terrain de football avec l’équipe nationale [fr] de football américaine et pour son activisme antiraciste, féministe et LGBTQ + dans le sport. En 2020, elle figurait sur la liste des 100 personnes les plus influentes de l'année, constituée par le magazine Time.

Avec l'équipe américaine, Megan Rapinoe a répondu aux appels lancés en 2019 pour l'égalité de rémunération, ce qui a conduit à un procès en cours contre leur fédération. Dans une interview pour la BBC, la joueuse a adressé un message aux autres femmes : 

“Ne vous contentez de rien de moins, optez pour l'égalité, optez pour plus.”

Les disparités de rémunération entre les footballeuses et les footballeurs ont été étudiées [es ; pdf] au Chili, en Colombie, aux États-Unis et en Argentine, où de nombreuses footballeuses ne sont pas du tout rémunérées, car elles jouent en tant qu'amatrices. Dans des pays comme l'Australie et les États-Unis, les conditions de travail, qui sont sans doute meilleures que dans d'autres régions, sont le résultat de l'adhésion des joueuses à des syndicats qui représentent leurs intérêts professionnels. En septembre 2020, le Brésil a annoncé qu'il deviendrait l'un des rares pays à accorder un salaire égal à ses équipes de football féminines et masculines.

4. Yuki Nagasato

En septembre 2020, Yuki Nagasato [fr], a fait sensation dans la société japonaise en annonçant son transfert temporaire en amateur dans l’équipe masculine Hayabusa Eleven [ja]. Âgée de 33 ans, elle a auparavant gagné la Coupe du monde avec l'équipe du Japon en 2011, et s'est distinguée comme attaquante pour les Red Stars de Chicago dans la Ligue nationale de football féminin (NWSL).

Dans une interview accordée à la CBC, Nagasato a déclaré qu'elle pouvait compenser les différences physiques grâce à ses compétences décisionnelles rapides. « Je veux que les femmes soient respectées et vues d'abord pour leurs talents, pas pour leur sexe », a-t-elle ajouté.

L'Association japonaise de football s'apprête à lancer la toute première ligue professionnelle féminine au Japon à l'automne 2021, la Women Empowerment League, qui vise non seulement à développer le football féminin et à encourager la participation féminine, mais également à renforcer la diversité en général dans la société japonaise.

 

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5. Katayoun Khosrowyar

L'irano-américaine Katayoun «Kat» Khosrowyar  est la première entraîneuse de la Ligue nationale féminine iranienne. La joueuse de 33 ans a déménagé en Iran de Tulsa, Oklahoma, où elle est née, pour rejoindre l'équipe nationale de football à l'âge de 17 ans. Elle est devenue entraîneuse pour 14, puis 19 équipes.

Dans un pays où les femmes sont confrontées à des obstacles pour se déplacer, s'habiller et s'entraîner librement, Katayoun Khosrowyar a repéré des filles des zones rurales et a poussé l'équipe à participer à des compétitions internationales.

En 2011, son équipe a été suspendue à l'occasion d’un match de qualification olympique au deuxième tour en raison de l'interdiction de porter le hijab, le foulard que les femmes en Iran doivent obligatoirement porter. La FIFA avait précédemment accepté le couvre-chef, mais le hijab couvre également le cou, ce qui a été jugé dangereux, bien qu'il n'y ait aucune preuve de risque pour la santé. Après trois ans de campagne, les femmes ont été autorisées par la FIFA à porter un «couvre-chef pour des raisons religieuses», et ainsi «Kat» et son équipe ont finalement obtenu l'autorisation de concourir à nouveau au niveau international.

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6. Sabitra “Samba” Bhandari

« Je n'ai jamais eu d'équipement ou des chaussures appropriés, ni même un ballon. J'ai grandi en jouant au football avec un ballon fait de chaussettes », a déclaré Sabitra Bhandari, la meilleure footballeuse au Népal, lors d'une interview accordée au Kathmandu Post. «Mais c'est grâce aux leçons que le ballon-chaussette m'a apprises que je suis là où je suis aujourd'hui», dit-elle. «Mon père et ma mère ont essayé de me décourager de jouer avec les garçons, mais j'ai réussi à les convaincre.»

Aujourd'hui, Sabitra Bhandari est la meilleure buteuse de la Ligue féminine indienne. Elle et Anita Basnet ont été les premières femmes népalaises [ne] à jouer dans la Ligue féminine indienne.

7. Nadiya Nighat

Nadiya Nighat, 24 ans, est la première femme entraîneuse de football du Jammu-et-Cachemire. Choisir de jouer au football n'a pas été facile pour elle, qui a grandi dans une famille musulmane de la classe moyenne dans un quartier conservateur. Malgré sa détermination, le manque d'une équipe de football féminin dans l'État du Jammu-et-Cachemire l'a obligée à renoncer à son rêve de représenter l'Inde dans un tournoi majeur.

Au lieu de cela, à l'âge de 19 ans, elle a choisi de créer sa propre académie de football afin de pouvoir entraîner des jeunes filles qui auraient éventuellement eu une chance de représenter leur pays. Elle a obtenu sa licence d'entraîneuse AFC D&C et devrait demander sa licence B la prochaine fois. Une licence A la qualifiera pour être entraîneuse de l'équipe nationale de football féminin. À l'heure actuelle, Nadiya Nighat entraîne le Real Kashmir FC, première équipe de football entièrement féminine du Cachemire.

 

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8. Mara Gómez

En décembre 2020, Mara Gómez fait ses débuts [es] en tant que première joueuse trans dans un tournoi national de football féminin en Argentine. Ce n'est pas une première mondiale, car il y a eu d'autres footballeuses trans aux Samoa américaines, en Espagne, au Canada et en Angleterre, mais Mara Gómez a créé ce précédent dans un pays où le football est intimement lié à l'identité nationale.

Elle a rejoint le club Villa San Carlos [es] (VSC) en janvier 2020, mais en raison du confinement lié à la pandémie, elle a dû attendre des mois pour obtenir l'autorisation de la Fédération argentine de football, un sésame lui permettant d'exercer en tant que joueuse professionnelle. Le 28 novembre, lorsqu'elle a finalement signé son contrat avec VSC, elle a partagé sur son compte Instagram :

Ça a été un long périple, trop d'obstacles, trop de peurs et de chagrins. Ce qui m'a fait penser autrefois que je ne serais jamais quelqu'un, que je n'aurais jamais de chance, est aujourd'hui inversé, aujourd'hui je remplis l'un de mes plus grands objectifs dans la vie, celui que je pensais essentiel et qui n'arriverait jamais.
Aujourd'hui, je suis officiellement une joueuse de première division du football féminin en Argentine.

9. Asisat Oshoala

Sur son profil du FC Barcelone, Asisat Oshoala est présentée comme l'une des meilleures joueuses d'Afrique, et pour cause : entre autres distinctions, la capitaine de l'équipe nationale nigériane, les Super Falcons, a été nommée meilleure footballeuse africaine de l'année en 2014, 2016 , 2017 et 2019. Ayant grandi à Ikorodu, un quartier de Lagos, Asisat Oshoala a commencé sa carrière localement avec le FC Robo, avant de rejoindre le Rivers Angels, une équipe de football nigériane de premier plan.

En 2015, elle a signé avec Liverpool où sa carrière internationale a décollé. Elle a également joué pour Arsenal et Dalian Quanjian FC avant de rejoindre le FC Barcelona Femeni en 2019, où elle est devenue l'une des meilleures réalisatrices de l'équipe.

Les choses n'ont pas toujours été faciles pour elle. Dans plusieurs interviews, elle a parlé de ses difficultés à convaincre sa famille que le football était un choix de carrière approprié :

No, my parents never supported me at the initial stage because I was exceptionally good in my academics. I had to drop out of school to the chagrin of my parents. It was not an easy decision but with the benefit of hindsight, I think it was the right one.

Non, mes parents ne m'ont jamais soutenue au début parce que j'étais exceptionnellement bonne dans mes études. J'ai dû abandonner l'école au grand dam de mes parents. Ça n’a pas été une décision facile, mais avec le recul, je pense que c’était la bonne.

Aujourd'hui, à travers la Fondation Asisat Oshoala, elle soutient les jeunes filles de Lagos qui aspirent à suivre ses traces. Le but de la fondation est d'encourager leur confiance en elles face à de grands obstacles et de leur donner un coup de pouce pour trouver un club.

10. Delphine Cascarino

Delphine Cascarino est une ailière droite de 24 ans évoluant à l'Olympique Lyonnais en Division 1 féminine en France. Selon Foot d'Elles [fr], un projet dédié à la promotion du football pratiqué par les femmes, elle allie organisation et instinct à la technique et à l'athlétisme.

Delphine Cascarino a goûté à la gloire de la Coupe du Monde lors de la Coupe du monde féminine des moins de 17 ans [fr] en 2012. À 22 ans, elle avait déjà 10 trophées majeurs [fr] à son actif avec Lyon : 3 Champions League, 3 Coupes de France et 4 titres de Ligue en France.

Elle a été nommée Joueuse du match après le triomphe 3-1 de Lyon sur Wolfsburg en finale de la Ligue des champions féminine de l'Union des associations européennes de football (UEFA) en 2020.

À la prochaine Cascarino.
Ne joue pas juste pour montrer au monde ce que tu peux faire. Joue pour montrer aux filles qui t’entourent ce qu’elles peuvent faire.
Ce maillot est pour toi.

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