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Pékin compte faire des écoliers de Hong Kong de bons patriotes, avec des enseignements sur la «sécurité nationale» dès 6 ans

Catégories: Asie de l'Est, Chine, Hong Kong (Chine), Education, Jeunesse, Manifestations, Médias citoyens, Politique
Une illustration montre deux enfants à un arrêt de bus, un hibou assis entre eux. Le décor représente les rues et les bâtiments de Hong Kong [1]

Capture d’écran d’une vidéo du Bureau de l’éducation de Hong Kong, qui explique les modalités de la loi de sécurité nationale.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt.]

Dès l'âge de 6 ans, les enfants scolarisés à Hong Kong recevront une éducation sur la législation en matière de sécurité nationale, et ce, selon les directives [2] diffusées le 5 février par le Bureau de l’éducation de la ville dans les écoles locales.

Les directives, qui instruisent les administrateurs et les conférenciers sur la mise en œuvre de l’éducation à la sécurité nationale, exigent que les enseignants de tous les niveaux enseignent les infractions criminelles énoncées par la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong, à savoir la sécession, la subversion, les actes terroristes et la collusion avec des forces étrangères.

L’article 10 de la loi sur la sécurité nationale, promulguée en juillet 2020 en réponse aux manifestations contre l’extradition [3] qui ont duré un an, oblige le gouvernement de Hong Kong à promouvoir l’éducation à la sécurité nationale dans les écoles, les universités et par l’intermédiaire de groupes civiques et de médias.

Ce document distribué le 5 février énumère également les sujets que les enseignants doivent inclure dans le programme scolaire. Par exemple, la ligne en neuf traits [4] sera enseignée en géographie, les politiques de la Chine en matière de prévention des maladies infectieuses en biologie, et la bonne façon de chanter l’hymne national de la Chine dans les cours de musique. Les instructions interdisent en outre aux enseignants d’adopter une approche argumentative lors des cours sur des sujets liés à la sécurité nationale. 

Les administrateurs ont également reçu pour instruction d'interdire la circulation des livres, du matériel de lecture et des affiches politiques qui constituent un danger pour la sécurité nationale dans les locaux de l'école. On leur a également demandé de signaler à la police s'ils soupçonnaient des membres du personnel ou du corps étudiant d'avoir enfreint la loi sur la sécurité nationale. À titre d'exemples d'actes illégaux, les directives citent « la formation de chaînes humaines » et « le chant de slogans » comme « la Révolution de notre temps [5] ».

Les règles s’appliquent également aux écoles privées et internationales de Hong Kong, bien qu’elles n’aient pas à remettre des rapports d’avancement réguliers au Bureau de l’éducation comme les écoles publiques.

Le Bureau de l’éducation a également publié une vidéo conçue sur mesure pour les élèves de l'école élémentaire au sujet des nouvelles directives :

De nombreux internautes ont qualifié le nouveau programme de « lavage de cerveau » sur les médias sociaux :

Selon la logique du PCC, se tenir la main, former une chaîne humaine, chanter des slogans, porter des accessoires, c’est « mettre en danger la sécurité nationale ».
Le PCC impose un système d’éducation de « lavage de cerveau » à Hong Kong et endoctrine les étudiants de Hong Kong.

Sur Facebook, les internautes se sont moqués de l’interdiction des messages politiques. Voici certains commentaires publiés sur un post de la page Facebook  “The Stand News”  [8]:

舉起張白紙都係顛覆國家語句

Maintenant, tenir un bout de papier vierge peut être considéré comme un acte subversif.

咁多野唔講得,你不如出返本禁語字典

Pourquoi ne pas publier un dictionnaire des mots censurés ?

以後落雨返學,學生著黄色雨靴擔把黃色雨傘或黃雨衣都可以係罪?可以記過或踢出校?

À l'avenir, si les élèves portent des imperméables jaunes ou s'ils ramènent des parapluies à l'école, seront-ils pénalisés ? Ou bien renvoyés de l'école ?

L’an dernier, le Bureau de l’éducation a retiré les études de sciences sociales et humaines des examens d’entrée à l’université et a censuré [9] des sujets comme la « séparation des pouvoirs » dans les manuels scolaires. De nombreux enseignants avaient alors soutenu que cette matière encourageait les élèves à développer une pensée critique.

Tin Fong Chak a commenté ces événements récents sur son compte Twitter :

Le Bureau de l'éducation de Hong Kong a tué les sciences sociales et humaines qui amélioraient la pensée critique mais les a remplacées par l’endoctrinement politique sur le patriotisme. Mettre davantage l’accent sur l'évolution positive de la Chine et la sécurité nationale. Mais pas sur la primauté de la loi et la question des droits humains. #LSN #HongKong #éducation

Et l’utilisateur @dc4_hk craint que la pensée indépendante ne soit réprimée :

La Chine tente de dominer totalement l’éducation des enfants. Nous ne pouvons même pas penser différemment.