Le Mozambique aurait tenté d'expulser un journaliste étranger après avoir révoqué sa carte de presse

Des apprentis journalistes s'exercent avec des caméras au Mozambique.

Leçons de journalisme TV. Photo par Laque Francisco / IREX Mozambique via Flickr, tous droits réservés.

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais, ndlt.]

À la fin du mois de janvier, le journaliste britannique Tom Bowker a reçu des menaces verbales lui intimant de quitter le Mozambique. Cette tentative d'intimidation fait suite à la révocation de la carte de presse qui lui permettait d'exercer en tant que correspondant étranger.

Tom Bowker est le fondateur de Zitamar News [en], un site d'information anglophone qui produit des reportages sur la politique et l'économie locales. Ces dernières années, ce média s'est distingué par sa couverture du conflit armé dans la province de Cabo Delgado, à travers le projet Cabo Ligado [en].

Selon la newsletter de l'universitaire Joseph Hanlon [en], le journaliste a reçu une convocation lui demandant de comparaître le 25 janvier avec son avocat au service de l'immigration, où on lui a fait savoir qu'il devait quitter le pays dans un délai de cinq jours.

Malgré cela, le journaliste se trouvait toujours au Mozambique le 3 février. Selon le portail d'information Evidências, qui déclare avoir parlé brièvement à Tom Bowker, l'ordre d'expulsion a été délivré “seulement à l'oral” et son permis de résidence est toujours en règle.

M. Bowker vit au Mozambique avec son fils et son épouse depuis 2014 [en].

Le Service de l'information du Mozambique (GABINFO), l'organisme responsable de l'accréditation des journalistes, a indiqué que la carte de presse de M. Bowker avait été révoquée au motif qu'il exerçait illégalement son activité professionnelle dans le pays.

Voici un extrait du communiqué, reproduit intégralement par Evidências :

Diferentemente de outras agências noticiosas, que têm sede num determinado país e correspondentes em vários países do mundo, incluindo Moçambique, a Zitamar News tinha como sede o nosso país e vinha produzindo e editando os seus conteúdos informativos a partir de Maputo, o que contraria o espírito da Lei na qual assenta a qualidade correspondente de um órgão de comunicação social estrangeiro.

Diante dessas dúvidas, Bowker, quando solicitado, não conseguiu provar documentalmente a ligação entre a Zitamar News e a Zitamar LP (esta última empresa encontra-se registada na Inglaterra e desenvolve actividades de prestação de serviços, incluindo de informação), embora tenha sido por ele identificada como sendo a empresa proprietária da Zitamar News, na base da qual lhe fora atribuída a acreditação.

Perante as irregularidades verificadas, o GABINFO solicitou a devolução do cartão de acreditação como jornalista estrangeiro emitido a favor do senhor Thomas Andrew Bowker, com as suas devidas consequências legais.

Contrairement aux autres agences de presse, qui ont leur siège dans un pays donné et des correspondants dans différents pays à travers le monde, dont le Mozambique, le siège de Zitamar News se situe dans notre pays. Les informations étaient produites et éditées depuis Maputo, ce qui est en contradiction avec l'esprit de la loi, laquelle accorde le statut de correspondant aux journalistes affiliés à des organes de presse étrangers.

Face à ces doutes, Bowker a été prié de fournir des documents établissant un lien entre Zitamar News et Zitamar LP (cette dernière étant une société de services enregistrée en Angleterre, qui est active entre autres dans le domaine des médias). Il n'en a pas été capable, alors qu'il a lui-même indiqué cette entreprise comme propriétaire de Zitamar News, ce qui lui a permis d'obtenir une accréditation.

En raison des irrégularités constatées, le GABINFO a demandé la restitution de la carte de presse émise au nom de M. Thomas Andrew Bowker en qualité de journaliste étranger, avec les conséquences légales afférentes.

MISA-Mozambique, une organisation de défense des médias au niveau national, a publié un communiqué condamnant les actions des autorités :

O MISA-Moçambique manifesta sua profunda preocupação e repúdio perante a decisão do Governo de expulsar o jornalista e editor.

De particular preocupação está o facto de a decisão ter sido tomada de forma arbitrária, sem o seguimento dos procedimentos legais que, quanto ao MISA, eram pertinentes para este caso, como, por exemplo, a não fundamentação da decisão, assim como a sua transmissão por via oral, sem qualquer documento oficial escrito.

Deixa transparecer que se esteja a usar as instituições do Estado para a movimentação de expedientes políticos de manifesta ilegalidade.

MISA-Mozambique souhaite exprimer sa profonde inquiétude et son indignation à propos de la décision du Gouvernement d'expulser ce journaliste et rédacteur en chef.

Le fait que la décision ait été prise arbitrairement, sans suivre la procédure légale, nous paraît particulièrement préoccupant. MISA considère par exemple que l'absence de fondement de la décision ainsi que sa transmission à l'oral, sans aucun document officiel écrit, constituent des entorses aux procédures requises dans ce cas.

Il apparaît donc que les institutions de l'État sont utilisées afin d'assouvir des desseins politiques de façon manifestement illégale.

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