La Chine confirme l'arrestation de la journaliste sino-australienne Cheng Lei, accusée d’espionnage

Une présentatrice asiatique sourit, le regard hors champ, devant un écrant sur lequel on peut lire "Global Business".

Capture d'écran de la vidéo ABC TV 7.30: la famille de Cheng Lei s'exprime pour la première fois depuis son arrestation en Chine le 9 février 2021.

[Sauf indication contraire, tous les liens de cet article mènent à des pages en anglais, ndlt.]

Les autorités chinoises ont officiellement confirmé l'arrestation de la journaliste et présentatrice de télévision australienne Cheng Lei. Elle est accusée [fr] d'avoir divulgué ou eu l'intention de divulguer illégalement des secrets d'État ou des renseignements sensibles à l'étranger.

Cheng Lei, qui était la présentatrice d'une émission sur le monde des affaires sur la chaîne de télévision d'État China Global Television Network (CGTN), a été arrêtée en août 2020. Le gouvernement chinois a alors été pointé du doigt pour sa pratique de ce que l'on nomme communément la «diplomatie des otages».

Des membres de la famille de la journaliste se sont exprimés sur ABC 7.30, une émission d'actualités diffusée en Australie. 

Les journalistes travaillant en Chine pour des médias étrangers ont récemment rencontré de nombreuses difficultés. Bill Birtles, le journaliste australien qui a couvert cette histoire pour ABC 7.30, était le correspondant de la chaîne ABC à Pékin avant de devoir regagner précipitamment l'Australie en septembre 2020. Il a brièvement expliqué le contexte durant l'émission :

Cheng Lei was taken away six weeks after ASIO [Australian security] raided the homes of four Chinese state media journalists in Sydney.

The anti-foreign interference investigation prompted Beijing to target Australian journalists in China but it's not clear if Cheng's arrest is related to the tense diplomatic relationship, because four months after she was taken away, her close friend, Haze Fan, a Chinese journalist working for American media, was also detained on national security grounds.

Cheng Lei a été arrêtée six semaines après que l'ASIO [service de renseignement et de sécurité australien] a perquisitionné les domiciles de quatre journalistes des médias d'État chinois à Sydney.

Cette enquête menée dans le cadre de la lutte contre l'ingérence étrangère a poussé Pékin à cibler les journalistes australiens en Chine, mais nous n'avons pas d'indication quant à savoir si l'arrestation de Cheng Lei est liée aux relations diplomatiques tendues. En effet, quatre mois après son arrestation, son amie proche, Haze Fan, une journaliste chinoise travaillant pour une agence américaine a également été arrêtée pour des raisons de sécurité nationale.

Les tensions entre l'Australie et la Chine s'inscrivent dans un contexte plus large [fr] concernant le commerce, la sécurité et la diplomatie.

La ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, a rejeté les allégations de la Chine selon lesquelles l'Australie tenterait d'interférer dans son système judiciaire. Mme Payne a répondu que Cheng Lei «mérite que les principes fondamentaux de justice, d'équité procédurale et de traitement digne soient respectés en vertu des normes internationales».

Une autre affaire importante concerne le maintien en détention [fr] par les autorités chinoises de l'écrivain sino-australien et célèbre commentateur en ligne, Yang Hengjun, depuis janvier 2019. Les dernières nouvelles concernant Cheng Lei ont été accueillies avec colère et frustration par les internautes australiens. Le tweet de Laoch a capturé la réaction croissante chez le «Voisin du sud» contre le Parti communiste chinois (PCC) :

Le #PCC ne paie rien pour attendre. Il nous demande de cesser d'interférer dans les affaires de nos citoyens.

Le vent va tourner.

La Chine exhorte l'Australie à “cesser son ingérence”‘ après l'arrestation officielle de la journaliste australienne Cheng Lei.

Bob Bruce, un utilisateur de Twitter de Brisbane, a évoqué la possibilité que Cheng Lei ait été impliquée dans des violations de la sécurité nationale chinoise :

Titre de l'article partagé : “La Chine a arrêté la journaliste australienne Cheng Lei, qui encourt la prison à perpétuité, voire la peine de mort.”

L'Australie a l'habitude d'espionner ses voisins mais si Cheng Lei a été recrutée par nous, nous en sommes responsables.

Paul Barratt, ancien secrétaire des départements australiens de la défense et des industries primaires et de l'énergie, a établi des parallèles avec la manière dont le journaliste australien Julian Assange, actuellement emprisonné, a été traité par son gouvernement :

Ce matin sur @RNBreakfast, la sénatrice Payne a déclaré (à propos de Cheng Lei) que l'Australie défendrait toujours les droits de ses citoyens à une procédure légale régulière, un procès équitable, un traitement digne bla bla.

Quelqu'un devrait lui parler de Julian #Assange.

Le journaliste australien Peter Greste, qui a passé 440 jours en prison en Égypte, a continué à soutenir fermement Cheng Lei. Dans une déclaration pour l’Alliance pour la liberté des journalistes, il affirme que :

…Chinese authorities have had ample time to gather evidence, and unless they are willing to show it, they should release Cheng immediately.

China’s record on press freedom is already deeply troubling. In the absence of evidence, Cheng’s arrest only adds to the impression that Beijing does not care about the freedom of the press. Her case stands as a clear warning to other journalists to support the government or risk being imprisoned too.

… Les autorités chinoises ont eu amplement le temps de rassembler des preuves, et à moins qu'elles ne soient disposées à les produire, elles devraient libérer Cheng immédiatement.

Le bilan de la Chine en matière de liberté de la presse est déjà profondément troublant. En l’absence de preuves, l’arrestation de Cheng ne fait qu’ajouter à l’impression que Pékin ne se soucie pas de la liberté de la presse. Son cas constitue un avertissement clair adressé aux autres journalistes pour qu'ils soutiennent le gouvernement, sous peine d'être eux aussi emprisonnés.

Plusieurs articles d'actualité ont été partagés sur Reddit, où des discussions animées ont eu lieu.

Defamed Prawn a soulevé un problème avec lequel beaucoup d'autres étaient d'accord :

I don't mean to be harsh, but the lady is an anchor [for] CGTN, which is very much an arm of the regime. For instance, they're notorious for televising forced confessions and pretending they're interviews.

So should I feel sympathy for this person?

Je ne veux pas être sévère, mais la dame est présentatrice [pour] la CGTN, qui est réellement partie prenante du régime. Par exemple, cette chaîne est tristement célèbre pour les confessions forcées diffusées comme s'il s'agissait d'entretiens.

Alors devrais-je compatir avec cette personne ?

Catalyst1945 a fait preuve de cynisme quant à savoir si le gouvernement australien prendrait des mesures concrètes :

Can’t wait for our spineless prime minister to do nothing.

Impatient de constater l’inaction de notre lâche premier ministre.

Compte tenu de la nature des procès chinois, il est possible que nous ne sachions jamais ce qui a motivé sa détention :

Les experts craignent qu'après avoir survécu près de six mois dans un centre de détention secret, le périple de la journaliste australienne Cheng Lei à travers le système juridique opaque de la Chine ne commence que maintenant.

Pendant ce temps, l'Australie fait face à des accusations d'hypocrisie au vu de son propre manque de transparence judiciaire. Ann a soulevé la question controversée des procès secrets [fr] :

Les procès secrets de l'Australie [le témoin K, son avocat, le témoin J, etc.] n'aident pas à obtenir la libération de femmes comme #ChengLei

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