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Le nord-est de l'île de Tobago rejoint le Réseau mondial des réserves de biosphère de l'UNESCO

Catégories: Caraïbe, Trinité-et-Tobago, Environnement, Good News, Médias citoyens
Des marcheurs de dos sur un sentier de la réserve forestière de Tobago Main Ridge [1]

Des randonneurs sur le sentier de Gilpin Trace dans la réserve forestière de Tobago Main Ridge. Ce site a été créé en 1776. Photo [1] d’Aivar Ruukel [2] partagée sur Flickr sous licence CC BY-SA 2.0 [3].

L’article d'origine [4] a été publié en anglais le 05 novembre 2020.

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais, ndlt].

Cet article signé Sean McCoon a été initialement publié sur le site Internet du réseau Cari-Bois News [5]. Une version modifiée est republiée ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

La région nord-est de Tobago a été désignée réserve de biosphère par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) dans le cadre de son programme sur l'Homme et la biosphère [6] [fr] (MAB). L'obtention de ce titre convoité a été acclamée par les défenseurs du développement durable [7]. Pour eux, l'île va pouvoir bénéficier de retombées énormes grâce à cette reconnaissance.

Cette classification a été annoncée le 28 octobre dernier [8] [fr] par le Conseil international de coordination du programme sur l'Homme et la biosphère. La région nord-est de Tobago devient ainsi le 714ᵉ site ajouté à la liste mondiale de réserves de biosphère de l'UNESCO [9] [fr], dans laquelle on retrouve également des lieux réputés tels que le Mont Olympe [10] [fr] en Grèce ou le Parc national de Komodo [11] [fr] en Indonésie.

Quelles sont les particularités d'une réserve de biosphère de l'UNESCO ?

Une réserve de biosphère est un territoire reconnu pour sa biodiversité exceptionnelle, la valeur de son environnement naturel et le mode de vie écologiquement viable de ses habitants. L'UNESCO décerne ce titre pour encourager les relations plus harmonieuses entre l'Homme et la nature. Pour cela, on s'attache à réconcilier l'activité humaine avec la protection de la biodiversité et à mettre en place les fondements scientifiques pour une gestion durable des ressources naturelles de la réserve de biosphère.

Le site de Main Ridge [12] [fr], au nord-est de l'île de Tobago, est connu pour être la plus ancienne réserve de forêt tropicale pluviale du continent américain. [13] C'est notamment sa présence qui a permis à la région d'être classée par l'UNESCO.

L'épine dorsale de Tobago

Main Ridge [14] est une longue crête étroite aux versants escarpés, considérée comme l'épine dorsale de l'île. La forêt tropicale qui s'étend du haut de la crête à l'océan constitue un écosystème largement préservé et propre aux Caraïbes.

La réserve de biosphère de l'UNESCO située au nord-est de l'île de Tobago couvre 83 488 hectares et comprend une zone marine de 68 384 ha. Ce site grouille de vie puisqu'un panel de 1 774 espèces animales et végétales évoluant dans 19 types d'habitats différents ont été recensées. 10 000 personnes vivent également dans la réserve et nombre d'entre elles sont tributaires de la préservation de la biodiversité pour pouvoir subvenir à leurs besoins.

83 des espèces présentes dans la réserve sont inscrites sur la Liste rouge des espèces menacées [15] éditée par l’Union internationale pour la conservation de la nature [16] [fr] et 41 sont considérées comme endémiques. Selon l'UNESCO, la plus remarquable est un oiseau communément appelé Campyloptère à queue blanche [17] [fr] (Campylopterus Ensipennis). Cette magnifique espèce, peu commune, reste endémique à l'île de Tobago. Elle avait été considérée un temps comme éteinte suite au passage de l’ouragan Flora [18] [fr] qui avait détruit une grande partie des habitats forestiers en 1963.

Un Campyloptère à queue blanche posé sur une branche [19]

Un Campyloptère à queue blanche (Campylopterus ensipennis) à Gilpin Trace dans la réserve forestière tropicale de Main Ridge Rainforest à Tobago. Photo [19] de Steve Garvie [20] partagée sur Flickr sous licence CC BY-SA 2.0 [3].

Depuis, le site s'est remarquablement rétabli. La réserve de biosphère de l'UNESCO à Tobago est maintenant considérée comme la plus grande des Caraïbes anglophones. Son périmètre englobe 15 villages et s'étend de Belle Garden à l'est jusqu'à Moriah dans la partie nord. Dans cette région du monde, seule la réserve de l'UNESCO de l’Archipel de la Guadeloupe [21] [fr] dans les Antilles françaises a une superficie supérieure.

Une grande victoire pour le développement durable

Sur son site Internet, l'UNESCO explique [22] que les biosphères sont des laboratoires du développement durable destinés à proposer des solutions locales à des problèmes globaux. L'objectif est d'encourager les champs de recherche qui conjuguent les sciences naturelles et sociales. On va ainsi chercher à améliorer les conditions de vie des populations locales tout en gérant les écosystèmes naturels ou contrôlés. Tous les dix ans, l'UNESCO effectuera un examen périodique pour évaluer le fonctionnement de la réserve et l'implication des habitants.

À Trinité-et-Tobago, les défenseurs de l'environnement espèrent que l'obtention du titre de réserve de biosphère va encourager la population locale à diversifier l'économie vers des activités plus respectueuses de l'environnement afin de conserver ce label pour les générations futures.

Aljoscha Wothke, la directrice générale de l'institut de recherche Environmental Research Institute Charlotteville [23] (ERIC), définit le programme comme un outil dont les Tobagoniens doivent s'emparer et faire usage. Les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile seront appelés à travailler ensemble pour garantir le succès de ce projet.

L'engagement des pouvoirs publics, du privé et de la société civile

Ancil Dennis, le secrétaire en chef de l'Assemblée de Tobago (THA), se réjouit [24] que la région nord-est de Tobago ait obtenu le titre de réserve de biosphère de l'UNESCO. Selon lui, cette reconnaissance atteste de l'importance cruciale du développement durable à Tobago.

This man and biosphere designation is only an opportunity for us to improve the management and protection of our natural and cultural heritage — two areas that have always been extremely important to us here in Tobago.

L'obtention de ce statut n'est qu'une occasion d'améliorer la gestion et la protection de notre patrimoine naturel et culturel. Ce sont deux questions qui ont toujours été majeures pour nous.

Ojani Walker, un chasseur sous-marin, commente l'obtention de ce statut [25] dans une vidéo réalisée par l'Assemblée de Tobago pour célébrer cet événement marquant. Pour lui, cette reconnaissance de l'UNESCO va inciter à réhabiliter les plages, les récifs de corail et l'environnement. Darlington Chance, un guide touristique accrédité, estime [26] quant à lui, que l'île de Tobago va gagner en attractivité, ce qui pourrait contribuer à augmenter les revenus du tourisme. Dans la vidéo, il s'exprime sur sa vision d'un avenir embrassant les principes du développement durable. Il ajoute que « si nous ne protégeons pas [la nature], nous ne pourrons pas bénéficier des retombées [économiques] ».

Patricia Turpin, vice-présidente de l'organisation non gouvernementale, Environment Tobago [27], intervient [7] également dans la série de vidéos. Elle vit au nord-est de Tobago depuis 45 ans et lance un appel aux autres résidents afin qu'ils « collaborent avec les personnes en charge de ce programme » pour préserver la beauté et la biodiversité de la région, bien que l'île subisse les effets [28] [fr] du changement climatique.

Pour les défenseurs de l'environnement, la reconnaissance de l'UNESCO au titre du programme de l'Homme et de la biosphère devrait inciter à protéger rapidement les milieux naturels et susciter une certaine fierté nationale chez les citoyens de Trinité-et-Tobago.