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Un fonctionnaire de Pékin annonce des réformes concernant le système électoral de Hong Kong

Catégories: Asie de l'Est, Hong Kong (Chine), Droit, Élections, Gouvernance, Médias citoyens, Politique
L'image est une photographie en plan serré sur le visage d'un homme de type asiatique, Xia Baolong, sur un fond bleu. Homme politique chinois, il est dirige le bureau des affaires de Hong Kong et Macao. Légèrement souriant, il est vêtu d'un costume. L'image est une combinaison de 3 images qui se superposent. [1]

Xia Baolong. Photographie tirée du site officiel du gouvernement chinois.

Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages web en anglais.

Ce reportage signé Kelly Ho a été initialement publié [2] par le Hong Kong Free Press. Global Voices en publie ici une version remaniée dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Un responsable chinois chargé des affaires de Hong Kong a annoncé une série de réformes électorales sous la conduite de Pékin, avec pour objectif de faire barrage aux forces d'opposition « anti-chinoises » qui tenteraient d'intégrer les instances dirigeantes de la ville.

Xia Baolong, directeur du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao (HKMAO), a esquissé une sorte de code de conduite à l'intention des « patriotes » de Hong Kong, lors d'une conférence tenue par l'Association chinoise des études de Hong Kong et Macao à Pékin, le 22 février.

Xia Baolong a déclaré que le pouvoir décisionnel de la région semi-autonome devait « être confié aux patriotes », car c'est le « principe fondamental » de la concrétisation du principe « un pays, deux systèmes ». Il a ajouté que les citoyens de presque tous les pays et régions faisaient preuve de patriotisme au moment de se présenter aux élections, à l'exception de ceux de Hong Kong :

Only in Hong Kong would some people show off their rebellion against their motherland… or even use their opposition to the country, the rejection of the [Central Government] and the demonization of their own ethnic group as election slogans, and make an extremely ugly political performance when they swear into office.

Hong Kong est la seule ville où certaines personnes se permettraient d'afficher leur insoumission envers leur mère patrie… ou même de se servir de leur opposition au pays, du rejet du gouvernement central et de la diabolisation de leur propre groupe ethnique pour en faire des slogans électoraux et réaliser alors une performance politique particulièrement disgracieuse au moment de leur prestation de serment.

Le responsable du HKMAO a décrit les patriotes comme des individus respectant véritablement la souveraineté chinoise et l'ordre constitutionnel de la région administrative spéciale de Hong Kong (abrégé en français : RASHK ; acronyme anglais HKSAR, pour Hong Kong Special Administrative Region). Il a déclaré que les personnes qui « calomnient » le pays et la ville ainsi que celles qui « implorent » des sanctions étrangères ne sauraient être assimilées à des patriotes.

Les contrevenants à la loi sur la sécurité nationale seraient également à l'opposé du comportement attendu d'un patriote, a déclaré le haut responsable chinois à Hong Kong. Cette législation de grande envergure, promulguée le 30 juin dernier, criminalise les actes de sécession, de subversion, de collusion avec des forces étrangères et de terrorisme.

Xia Baolong a catalogué le camp de l'opposition politique à Hong Kong comme étant « anti-Chine » et pro-indépendance. Il a déclaré que les « forces séparatistes radicales » avaient pénétré la structure de gouvernance de la RASHK lors de différentes élections, détenant des postes au sein du Conseil législatif, du Comité électoral du chef de l'exécutif et du Conseil de district, et avaient ainsi porté préjudice au pays :

In our country that adopts socialist democracy, different political opinions are allowed. But there is a red line, that is [people] are definitely not allowed to harm the country’s fundamental system.

Dans notre pays où la démocratie socialiste a été instaurée, les différentes opinions politiques sont permises. Mais il y a un point de non-retour, à savoir que nul n'est autorisé à porter atteinte au système fondamental du pays.

En novembre, la plus haute instance législative de Pékin a voté une résolution autorisant le gouvernement de Hong Kong à évincer quatre législateurs « anti-patriotiques » [3] du camp pro-démocratique, ce qui a conduit à une démission en masse [3] des démocrates. Le Conseil législatif (LegCo) de la région administrative spéciale de Hong Kong s'est alors retrouvé avec une majorité de législateurs en faveur du pouvoir en place et dépouillé de toute opposition efficace.

Xia Baolong a expliqué que la priorité pour Hong Kong consistait à « perfectionner » le système électoral de la ville, pour s'assurer que les loyalistes de la Chine soient en mesure de « tenir fermement » le pouvoir décisionnel.

Le directeur du HKMAO a prévenu que les autorités locales ne devaient pas permettre aux indépendantistes ou aux partisans de la « destruction mutuelle » et de la « violence noire » (faisant ainsi référence aux manifestants vêtus de noir dans le mouvement contre le projet de loi d'extradition de 2019), de s'intégrer au régime de la Région administrative spéciale (RAS). Il a indiqué :

The electoral system in Hong Kong should achieve these effects: fully respect the democratic rights of the public, practically safeguard national sovereignty and security… guarantee all kinds of elections are just, fair and open and effectively prevent the proxies of anti-China members who disrupt Hong Kong and international anti-China forces to enter SAR’s organs of power.

Le système électoral de Hong Kong vise à atteindre les objectifs suivants : respecter pleinement les droits démocratiques de la population, protéger concrètement la souveraineté et la sécurité nationales… garantir que tous les scrutins sont justes, équitables et transparents, et empêcher efficacement les mandataires des éléments hostiles à la Chine qui déstabilisent Hong Kong, ainsi que les forces internationales anti-Chine, d'accéder aux instances de pouvoir de la RAS.

« Les réformes devront être mises en œuvre sous la direction de Pékin », a précisé Xia Baolong, ajoutant que les autorités devaient élaborer des politiques visant à garantir que les personnes constituant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire de la ville, ainsi que les responsables d'importantes organisations statutaires, soient bel et bien des patriotes. Et il a prévenu :

Important positions, under any circumstances, cannot be taken up by anti-China forces that disrupt Hong Kong.

En aucun cas des positions de premier plan ne peuvent être occupées par des forces anti-chinoises susceptibles de déstabiliser Hong Kong.

Le gouvernement de Hong Kong a indiqué qu'il envisageait de modifier la législation existante sur la prestation de serment des personnes assumant des fonctions publiques, pour inclure les conseillers de district. Les opposants ont dénoncé cette mesure comme une tentative d'éliminer encore davantage l'opposition dans la ville, après que le camp pro-démocratie a remporté une victoire historique retentissante contre les candidats en faveur du pouvoir en place, lors de l'élection du conseil de district de 2019.

En décembre dernier, les médias locaux ont rapporté [4] que Pékin prévoyait de démanteler les conseils de district et de réformer la procédure d'élection du chef de l'exécutif [5]. À l'heure actuelle, les conseillers de district votent entre eux pour désigner 117 des 1 200 membres siégeant au comité électoral. La prochaine élection du chef de l'exécutif se tiendra en 2022.