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Tour du monde de la Journée internationale des femmes de 2021

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Amérique latine, Asie Centrale et Caucase, Asie de l'Est, Asie du Sud, Europe de l'ouest, Médias citoyens

Première ligne de la manifestation. Des femmes portent une banderole et se tiennent derrière de grands portraits de femmes en noir et blanc.

« La prochaine c'est moi ». Une action performative de @vibramujer [1] [es] et de l'artiste visuelle Julia Bronstein, inspirée du projet @insideoutproject [2] [en] de Jean René [plus connu sous le pseudonyme JR, ndlt]. 8 mars 2021, manifestation à Buenos Aires, Argentine. Photo par Romina Navarro, co-auteure de cet article.

La Journée internationale des femmes, célébrée le 8 mars, est devenue un jour de manifestations pour les droits et l'égalité des femmes à travers le monde. Bien que le Covid-19 ait atténué la participation dans de nombreux pays, les femmes sont quand même descendues dans les rues de plusieurs continents, en particulier quand la pandémie a aggravé [3][en] les inégalités subies par les femmes en matière de travail, de tâches domestiques et de violence sexiste. En 2021, les femmes et les personnes LGBTQ+ ont manifesté contre les violences sexistes ou politiques et pour la santé sexuelle et reproductive. Ce qui suit est un tour d'horizon du 8 mars 2021 en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Asie et en Europe et s'appuie sur des tweets et des photos des auteurs de cet article.

Amérique latine et Caraïbes

À Trinité-et-Tobago, 15 groupes de la société civile locale, qui incluaient des associations féministes, de défense des droits humains, LGBTQ+ et pour la justice sociale, ont organisé une « Marche pour les femmes [4] » [fr] le 8 mars. Les manifestants ont réclamé des actions immédiates contre la violence de genre et ont rendu hommage [5] [en] aux victimes de féminicides récents.

À Buenos Aires, ainsi que dans d'autres villes en Argentine, les femmes et les personnes trans se sont rassemblées pour protester contre la violence de genre et l'inaptitude de l'État à empêcher les féminicides, malgré les signalements précédemment faits par les victimes.

Milieu d'une manifestation. Deux femmes brandissent leurs pancartes à la caméra.

À gauche : « Moi aussi j'aime les femmes, mais je ne les harcèle pas. » À droite : « Être en vie ne devrait pas relever d'un exploit. » Photo de Romina Navarro, co-auteure.

Au Salvador, les femmes ont marché le 7 mars pour les droits des femmes et le droit à l'avortement. Elles ont chanté et dansé sur la chanson féministe chilienne The Rapist is You [« Le violeur c'est toi », ndlt].

Et la faute ne me revenait pas
Ni là où j'étais
Ni la façon dont j'était habillée

En Équateur, Blanca Chancosa, une meneuse du mouvement autochtone de l’Équateur, a procédé à une cérémonie ancestrale [8] [es] devant le Conseil électoral national d’Équateur à Quito. Des femmes amazoniennes ont diffusé une déclaration collective et diverses communautés et associations ont manifesté dans plusieurs villes du pays.

#ReportageFeministe8M
Blanca Chancosa, meneuse du mouvement autochtone de l'#Équateur, a initié une cérémonie ancestrale à l'extérieur du @cnegobec à #Quito.
Pour le droit à la terre, à l'éducation, à la santé, à la vie, personne ne se lasse ! C'est l'appel des femmes

Au Mexique, des femmes ont transformé les barrières entourant le Palais national, placées plusieurs jours avant la Journée internationale des femmes, en un monument aux victimes de féminicides à travers le pays.

#EnCeMoment [15]
Les slogans #MexicoFeminicide, #AvortementLegalMaintenant et #UnVioleurNeSeraPasGouverneur on habillé le Palais national la nuit précédant le #8M. Les murs protégeant les immeubles étaient recouverts des noms des victimes de féminicides de tous le pays.

De jeunes féministes, qui n'ont pas pu aller dans les rues pour la Journée internationale des femmes, ont protesté et organisé un sit-in à l'Université centraméricaine (UCA) du Nicaragua. Elles ont protesté contre la violence sexiste et pour la libération de prisonniers politiques [23] [en].

Milieu d'ue manifestation de femmes. On voient plusieurs pancartes.

Photo d'Andrea Mendéz, co-auteure.

Au Vénézuéla, considérant que les droits de la femme ont été oubliés dans la révolution bolivarienne [24] [en], plusieurs groupes féministes des deux camps opposés au règne autoritaire actuel de Chavismo [25] [en] se sont unis [26] [fr] pour revendiquer un passage à l'action. Les féminicides et l'impunité associée ont augmenté [27] [es] durant l'année passée, en même temps que la pauvreté.

Un groupe de manifestants est réuni autour de pancartes posées sur le sol. En arrière-plan des manifestants portent une autre pancarte.

Au sol : « Éducation sexuelle pour décider. » « Contraceptif pour ne pas avorter. » « Avortement légal pour ne pas mourir. » Photo de Luis Carlos Díaz, co-auteur.

Moyen-Orient et Afrique du Nord

En Palestine, des expressions de soutien, de reconnaissance et de solidarité avec le combat des femmes pour la libération et pour leurs droits ont déferlé sur les réseaux sociaux [28] [fr]. Pendant ce temps, les forces d'occupation israéliennes ont fait une descente [29] [en] lors d'un événement organisé par des femmes palestiniennes pour célébrer leur identité et leur héritage le 8 mars, arrêtant deux participantes.

Les forces d'occupation israéliennes ont fait une descente pendant une exposition nommée « Notre héritage est notre identité » organisée par des Palestiniennes lors de la #JournéeInternationaleDesFemmes [33]

En Syrie du nord et de l'est, plus précisément dans la province de Hassakah, des combattantes syriennes kurdes de l'YPG, Unité de protection des femmes [34] [en] ont célébré le 8 mars en chantant, en portant des habits traditionnels et en faisant des démonstrations de force physique et d'entraînement militaire.

Les combattantes du YPJ ont célébré la Journée internationale des femmes du 8 mars dans le Al-Hasakah, province du nord et de l'est de la #Syrie.

En Algérie, un groupement de femmes protestant contre le Code de la famille [39] [en] du pays, considéré comme traitant les femmes en citoyennes de seconde classe, s'est retrouvé à Alger pour marquer la Journée internationale des femmes.

Asie du Centre et du Sud

Au Pakistan, la Aurat March (Marche des femmes) s'est déroulée dans plusieurs villes du pays en pleine troisième vague de Covid-19. Le tweet ci-dessous a été filmé à Lahore, et les chemises montrent l'âge de victimes de viols ainsi que la relation qu'elles avaient avec leurs agresseur. La Aurat March a aussi présenté cette année un manifeste de la santé féministe [43] [Google doc, en] pour sensibiliser sur la santé féminine.

Avertissement – Sujet sensible
Chaque année la #auratmarch arrive avec de très bonnes idées pour mettre en avant les problèmes, les douleurs, le sang et les pertes des femmes… Cette exposition parle de tous ce que les bébés, petites filles et femmes ont dû traverser…

À Kaboul, en Afghanistan, Rada Akbar [51] [en], une artiste et activiste afghane, a lancé son exposition de 2021 Abarzanan [52][en] pour célébrer les réussites des femmes afghanes en rendant un hommage aux victimes de la violence en Afghanistan. De plus, des Afghans se sont rassemblés [53] [en et ar] le 8 mars pour une exposition d'arts de la rue au Rebel Art Cafe.

Quand nous avons commencé @abarzanan il y a 3 ans je n'aurais jamais imaginé qu'on aurait à subir ça, monter une exposition en hommage aux défuntes, mais je pense que l'impossible est possible ici ; en l'absence de justice, en l'absence de paix.

Au Kirghizistan, le rassemblement a rendu hommage aux femmes qui se sont battues pour l'égalité des genres.

C'était incroyable. Voilà comment se sont déroulées les marches à Bishkek et Osh, à lire ici : https://t.co/EjK4JcEbtz

Photo: @LexTitova

Asie du Sud-Est

Alors que le Myanmar vit un coup d'État militaire [63] [en], des femmes ont utilisé diverses variations du hashtag #htamineResistance [64] [RésistanceDuSarong, en], faisant référence au fait que les manifestants du mouvement de désobéissance civile suspendent des sarongs de femmes pour bloquer les militaires, car on croit que les hommes perdraient leur spiritualité s'ils touchaient le sarong. Les femmes ont également été en première ligne [65] [en] des manifestations.

Resistance « HtaMain », Yangon et Mandalay, marche du 4 mars, les gens pendent des sarongs de femmes en première ligne des grévistes pour retarder et dissuader les forces militaires de la junte d'entrer. C'est une superstition largement répandue, marcher sous le HtaMain fait perdre aux hommes leur puissance/pouvoir.

À Jakarta, en Indonésie, des femmes et personnes non binaires se sont rassemblées sous la pluie pour se diriger vers le palais présidentiel. Mais elles n'ont pas pu atteindre leur destination, car la police a bloqué la route principale et quelques personnes ont été arrêtées [68] [id].

Joyeuse Journée internationale des femmes aux dames comme aux trans non binaires

Pendant ce temps, à Jayapura, en Papouasie occidentale, des femmes autochtones ont amorcé un rassemblement qui a également été stoppé par la police.

Un rassemblement pacifique du #IWD2021 est bloqué par la police, 9 autochtones ont été brièvement arrêtés.

Europe

À Istanbul, en Turquie, des milliers de femmes se sont rassemblées pour la Marche féministe de la nuit du 8 mars [73] [fr] traditionnelle. Elles ont chanté « Nous ne sommes pas silencieuses, nous n'avons pas peur, nous n'obéissons pas » et ont demandé l’application de la Convention d'Istanbul [74] [PDF en ligne, en]. Le jour suivant, 18 femmes ont été interpellées par la police chez elles, dans la nuit, et détenues [75] [turc] pour avoir participé à la marche avec des slogans anti-présidentiels ; elles ont été relâchées plus tard sous caution.

Notre marche vers Karaköy a commencé. Que personne ne nous en empêche !

En Italie, des féministes et transféministes ont organisé des grèves sur les grandes places des villes principales avec piquets de grèves, lectures de poèmes, chants, flash mobs et banderoles.

Des manifestantes au premier plan se regroupent autour de deux femmes qui chantent et jouent de la guitare. Derrière elles, un slogan sur un mur.

« Du côté des femmes qui luttent ». Photo prise à Venise, Italie, par Ardita Osmani, co-auteure.

À Saragosse, en Espagne, la manifestation a strictement respecté les règles de distanciation sociale. Le 8 mars 2020, les manifestations avaient été sévèrement critiquées [79] [es] pour favoriser la transmission du Covid-19, et certaines ont été interdites  [80][es] à Madrid en 2021.

? [81]

Si nos quieren hacer callar, sólo conseguirán que hagamos más ruido ???#Todohasalidofeminista ♀️#8MZgz #8M2021 ? @Dune Solanot

Posted by 8M Zaragoza [82] on Monday, March 8, 2021

À Paris, en France, il n'y a pas eu de manifestation en tant que telle. Cependant, une œuvre d'art géante représentant un clitoris [83] [fr] a été installée en face de la Tour Eiffel par des activistes féministes, le « Gang du Clito ».