Macédoine du Nord : manifestations devant l'ambassade tchèque contre le racisme anti-Roms et les violences policières

 

Un groupe de manifestants marchent dans la rue et brandissent des drapeaux roms, diverses pancartes dont une représentant le poing du mouvement Black Lives Matter. La majorité des manifestants a un drapeau rom sur les épaules.

« Le racisme tue ! Les Roms veulent vivre ! » Manifestation contre les violences policières et le racisme systémique contre les Roms à Skopje. Photo : Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA, de l'album « Roma Lives Matter ».

Cet article est initialement paru sur le site de l'agence de presse Meta.mk [en]. Une version éditée est publiée ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu entre Global Voices et Metamorphosis Foundation.

Le 3 juillet, plus de 1 000 citoyens macédoniens ont participé à une manifestation devant l'ambassade de la République tchèque à Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord.

Les manifestants, conduits par le Mouvement citoyen AVAJA [mk], ont réclamé justice et ont demandé au gouvernement d'assumer ses responsabilités dans le cadre du meurtre de Stanislav Tomaš [en], un jeune Rom originaire de Teplice, en République tchèque. Il s'agit de l'une des dernières affaires de violences policières dues au racisme systémique qui sévit en Europe contre la population rom.

La manifestation a débuté en face de l'école primaire Kočo Racin, sur la rue Vodnjanska, aussi surnommée rue Mère Teresa, et s'est poursuivie en direction de l'ambassade tchèque, située à proximité. 

Des manifestants sont dans la rue et brandissent des pancartes, ainsi que des drapeaux roms et une pancarte représentant le poing du mouvement Black Lives Matter.

« Le racisme tue ! Les Roms veulent vivre ! » Manifestation contre les violences policières et le racisme systémique contre les Roms à Skopje. Photo : Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA, de l'album « Roma Lives Matter ».

AVAJA affirme que les autorités tchèques, menées par le Premier ministre Andrej Babiš et le président Miloš Zeman, ainsi que le ministre de l'Intérieur Jan Hamáček, non seulement n'ont pas condamné cet épisode de violence policière, mais ont même remercié les forces de l'ordre pour leur réaction et ont exprimé leur soutien aux policiers de Teplice.

Les autorités tchèques ont tenté de justifier [en] l'usage de la force, affirmant que Stanislav Tomaš était sous l'influence de substances addictives. De son côté, AVAJA soutient que la vidéo [en] de l'arrestation qui a été diffusée sur les réseaux sociaux montre un policier qui presse son genou sur la nuque de Tomaš pendant environ cinq minutes avant d'appeler l'ambulance lorsqu'il se rend compte que Tomaš ne bouge plus.

Les défenseurs des droits de l'homme et des Roms soulignent que les violences policières à l'encontre des Roms sont la manifestation la plus visible du racisme systémique en Europe. Elles se fondent sur l'usage illimité de la force de la part de la police, qui perçoit et traite toute personne d'origine rom comme un criminel.

Violences policières à l'encontre des Roms en Macédoine du Nord

Des manifestants marchent dans la rue. Ils portent sur les épaules des drapeaux roms et brandissent des pancartes.

« Quand l'injustice devient loi, la résistance devient un devoir. » Manifestation contre les violences policières et le racisme systémique contre les Roms. à Skopje. Photo : Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA, de l'album « Roma Lives Matter ».

Lors de la manifestation, AVAJA a également rappelé une affaire non résolue de violences policières en septembre 2020, en Macédoine du Nord, lorsque trois Roms ont été passés à tabac dans le district de Bitola.

Après la diffusion d'une vidéo [mk] sur les réseaux sociaux qui montre des officiers de police frapper des citoyens Roms, le ministère de l'Intérieur a immédiatement annoncé qu'une enquête interne serait menée. Le Premier ministre Zoran Zaev a qualifié [mk] l'incident de « honteux » et le Comité d'Helsinki pour les droits humains a condamné cet épisode, décrétant qu'il s'agit d'un exemple d'abus de pouvoir policier.

À l'époque, d'autres vidéos avaient été divulguées dans les médias [mk]. Toutefois, des vidéos anti-Roms avaient ensuite été diffusées sur les réseaux sociaux, dans le but de montrer « l'incident dans son entièreté ». Différentes personnalités de droite ont affirmé que les personnes brutalisées par la police « l'avaient mérité », parce que ce sont elles qui ont attaqué la police en premier.

Les policiers ont été suspendus de leurs fonctions [mk] pendant le temps de l'enquête. Aucune décision judiciaire n'a été prise à l'heure actuelle.

Au premier plan, Salija Bekir parle dans un microphone. Elle est entourée de manifestants.

Salija Bekir s'exprime lors de la manifestation du 3 juin en face de l'ambassade tchèque à Skopje. Photo : Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA, de l'album « Roma Lives Matter ».

Salija Bekir, l'une des leaders de AVAJA a déclaré lors de la manifestation :

Свежи ни се сеќавањата за полициската бруталност врз Ромите во Битола кој што е во судски процес! Свежи ни се сеќавањата за присилните евикции на ромските населби, свежи ни се сеќавањата на смртта на Роми во затворите под сомнителни околности! Свежи ни се сеќавањата на секојдневната дискриминација врз Ромите од страна на поединци и институции, како што е малтретирањето на детето од Кочани!

Nous avons des souvenirs récents de violences policières à l'encontre des Roms a Bitola, qui font d'ailleurs l'objet de procès en cours ! Nous avons des souvenirs récents d’expulsions forcées de campements de Roms [mk], nous avons des souvenirs récents de morts de Roms dans des prisons dans des circonstances douteuses ! Nous avons des souvenirs récents des discriminations quotidiennes à l'encontre des Roms de la part d'individus et d'institutions, comme l'acharnement contre le jeune de Kočani.

À racisme systémique, solutions systémiques

AVAJA a demandé aux autorités tchèques de conduire une enquête indépendante sur les violences policières dans l'affaire du meurtre de Stanislav Tomaš et de former une commission indépendante pour examiner les violations des règles et les pratiques de la police contraires au code de conduite policière dans les communautés roms.

Au premier plan, neuf manifestants sont agenouillés de dos. Ils portent des T-shirts noirs sur chacun desquels est inscrite une lettre. Mises bout à bout, elles forment le mot « assassins ». Au second plan se trouve un groupe de manifestants qui brandissent des pancartes et des drapeaux roms.

Manifestation contre les violences policières et le racisme systémique contre les Roms en face de l'ambassade tchèque à Skopje. Photo : Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA, de l'album « Roma Lives Matter ». [Au premier plan des manifestants sont de dos et portent des T-shirts qui forment les lettres du mot ASSASSINS, en  anglais]

Au cours des semaines précédentes, des manifestations présentant des demandes similaires ont eu lieu en République tchèque et en Roumanie [en].

Deux manifestantes posent des rubans noirs sur le grillage de la porte d'entrée de l'ambassade. Elles portent un drapeau rom sur les épaules. À leurs pieds se trouvent des fleurs et une photo de Stanislav Tomaš.

Manifestation contre les violences policières et le racisme systémique contre les Roms en face de l'ambassade tchèque à Skopje. Photo : Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA, de l'album « Roma Lives Matter ».

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